Annales gratuites Brevet Série Collège : Japon : puissance incomplète

D'après Gérard Dorel, La puissance des Etats, La Documentation photographique,
La Documentation française, n° 8006, 1998.

Si le Japon n'est que le deuxième ou troisième pays du monde pour la valeur de son commerce extérieur, il est de très loin le premier pour le tonnage de son commerce maritime. On ne recense pas moins de six ports japonais dans la liste des douze ports qui, dans le monde, ont manipulé au moins cent millions de tonnes de marchandises en 1996.
Les énormes importations de pondéreux(1) par voie maritime signalent la dépendance du pays vis-à-vis de l'extérieur pour l'énergie, les matières premières, et les produits alimentaires. Le Japon est le deuxième importateur mondial de produits agricoles derrière l'Allemagne, le premier de produits forestiers et de papier. Il est surtout dépendant à 100% pour son pétrole dont il achète les trois quarts dans les pays du golfe Persique : 260 millions de tonnes de brut entrent ainsi dans les ports japonais, plus le gaz naturel liquéfié en provenance d'Indonésie et de Malaysia. La sidérurgie japonaise qui reste la première du monde, importe 120 millions de tonnes de minerai de fer.
Le Japon est aussi le troisième pays du monde pour la pêche (6,7 millions de tonnes en 1997).

D'après Gérard Dorel, La puissance des Etats, La Documentation photographique,
la Documentation française, n° 8006, 1998.

(1) Marchandises encombrantes et pesantes.

Question 1 :
Document 1 : nommez et localisez les aménagements de la baie de Nagoya, et montrez leur évolution.

Question 2 :
Document 2 : dans quel domaine se manifeste la puissance japonaise ? Justifier la réponse.

Question 3 :
Documents 1, 2 et 3 : quelles sont les limites de la puissance japonaise évoquées dans les documents ?

Rédigez un paragraphe argumenté d'une vingtaine de lignes répondant au sujet suivant :
"Le Japon, une grande puissance incomplète".
Vous utiliserez en priorité vos connaissances ainsi que les informations prélevées dans les documents.

Sujet classique sur le Japon, puisque le candidat retrouve dans les documents des thèmes liés au délicat aménagement de l'espace, à la puissance commerciale du Japon et, thème de transition, à la force de ses ports - en effet pour le FOOT il faudra attendre encore un petit peu...
La rédaction un peu cavalière de l'énoncé ("incomplète") ne résumait pas moins la problématique du sujet : Comment l'une des plus grandes puissances économiques de la planète peut-elle être dépourvue de tout crédit diplomatique ?

Question 1 :
Nagoya est l'un des trois principaux pôles de la métropole japonaise qui s'étend sur le littoral méridional de l'île d'Honshu, de Tokyo à Hiroshima.
Cette ville bénéficie de sa situation portuaire qui est aussi une zone protégée puisqu'elle se trouve dans une baie. C'est autour de celle-ci que s'est développée l'urbanisation de Nagoya, gagnant sur la mer les espaces qui lui faisaient défauts dans l'intérieur.
Les espaces consacrés à l'industrie y sont dominants, suivis de ceux dédiés aux entrepôts et au tertiaire (activités liées aux services).

Question 2 :
Le Japon arrive au 2^ème rang mondial pour le PNB, derrière les Etats-Unis. Il faut mettre ce résultat en relation avec celui du nombre de grandes entreprises. On peut dès lors facilement déduire que l'importance des richesses produites par le Japon repose sur le dynamisme de ses firmes multinationales (FMN).
Son 3ème rang pour l'investissement direct à l'étranger confirme bien sûr cette tendance.

Question 3 :
Les limites de sa puissance :
- Pour le document 1 :
L'extension dans l'espace.
- Pour le document 2 :
L'"inexistence" diplomatique.
- Pour le document 3 :
L'absence de matières premières sur son territoire.
(Vous pouviez évoquer sa dépendance énergétique pour le pétrole ou son choix de développer la sidérurgie sans posséder de mines de charbon rentables).

On pouvait aborder ce sujet de plusieurs manières, mais il fallait malgré tout l'introduire en insistant sur le paradoxe japonais : défait et occupé en 1945, dépourvu de toutes matières premières, subissant les humeurs d'un territoire "hostile" (séisme, volcanisme, nombreuses montagnes, etc...), le Japon n'en est pas moins la 2^ème puissance économique mondiale.
Pour le développement, les documents vous permettaient de traiter le sujet en 2 parties classiques :
- la puissance
- les limites de la puissance.
Un plan plus thématique dans lequel forces et faiblesses étaient reprises dans chaque partie permettait d'être plus nuancé.

Il fallait rappeler ici la position stratégique occupée par ses industries automobile (au 2^ème rang mondial), électronique (en citant des groupes emblématiques comme Sony ou Mitsubishi), ou encore sidérurgique (modèle d'un secteur appartenant aux origines de l'industrialisation mais rénové avec l'invention de la sidérurgie sur l'eau).
Ce dernier exemple constituait une parfaite transition pour le thème suivant.

"L'import-export link" constitue l'un des fondements de la philosophie commerciale japonaise et développe l'idée d'une littoralisation systématique des activités.
Le développement et l'omnipotence des ports japonais (6 dans les 12 premiers du globe) en est la meilleure illustration. Néanmoins cette évolution n'est pas sans contraintes : l'aménagement de polders industriels et de plates-formes est à la fois coûteux et incertain dans un espace sismiquement sensible.

- une puissance mondiale

On pouvait commenter ici ses performances à l'échelle du globe, rappelant au passage que le Japon demeure la première banque de la planète.
Il fallait aussi insister sur le décalage qui existe entre sa puissance économique et son absence au niveau des instances internationales, même si promesse lui a été faite de l'intégrer, un jour, au Conseil de Sécurité de l'ONU aux côtés des 5 membres permanents (la date n'est pas fixée, espérons seulement qu'elle ne dépend pas de la victoire du Japon en coupe du monde de football !).