La mégalopole japonaise.

L’analyse et les difficultés du sujet

C’est un sujet très classique, formulé selon l’intitulé même du programme et assez attendu. Il ne pose donc pas de problème particulier. Il s’agit de dépasser la simple description pour montrer en quoi la mégalopole japonaise est une région motrice de l’Asie orientale et du monde. Il convient de mettre en évidence le lien entre la structure urbaine particulière et la puissance économique de la mégalopole. La réalisation d’un croquis, avec sa légende, de l’organisation de la façade sera très valorisée.

la problematique

Le Japon est la deuxième puissance économique mondiale, pôle de la Triade. Or, ses activités sont concentrées dans un espace limité, la mégalopole, longue de 1200 km mais large seulement de 20 km à un peu plus de 100 km, concentrant 85 % de la population du pays. Celle-ci est une région motrice exceptionnelle.

A partir de ce constat, vous pouviez arriver à la problématique suivante : comment l’organisation de la mégalopole japonaise lui permet d’être un centre d’impulsion majeur en Asie orientale et dans le monde ?

un plan possible

Le plus le plus classique est le suivant :

La mégalopole japonaise, une structure urbaine originale

La mégalopole japonaise, un centre d’impulsion majeur

La mégalopole, un espace fragile toutefois (le contenu de cette troisième partie pouvait être intégré dans les deux précédentes, dans un plan en 2 parties)

Quatre impératifs sont attendus en introduction :

Définir mégalopole, notion qui relève de la géographie urbaine : espace regroupant de nombreuses métropoles reliées entre elles par des flux intenses de personnes, de marchandises et d’informations que permet un réseau dense de communications (transport et communications).

Localiser la mégalopole, sur la façade sud-est de l’archipel nippon

Formuler la problématique (voir ci-dessus)

Annoncer le plan

A/ La mégalopole est un espace urbain original, fortement intégré

1/ Elle est le plus long ensemble urbain linéaire du monde

- Sa disposition s’explique par les contraintes naturelles du pays. Le Japon est un archipel de 3400 îles dont 4 principales qui s’étendent sur 2 000 km du Nord au Sud avec une largeur maximale de 300 km seulement pour Honshu. Le pays est essentiellement montagneux, les plaines sont rares et réduites : 16 % environ du territoire - Kantô (Tokyo) ; Tokai (Nagoya) ; Kansai (Osaka-Kobé). Enfin, il y a opposition entre le « Japon de l’endroit » et le « Japon de l’envers » (rigueur de l’hiver et absence de sites portuaires). Tout pousse à la concentration des hommes et des activités dans le « Japon de l’endroit » (28 % du territoire)

- La concentration humaine est exceptionnelle : 105 sur 128 millions de Japonais. Les densités sont supérieures à 1000 hab/km2, localement à 3000 : 11 métropoles ou conurbations de plus d’un million d’habitants.

- La mégalopole est un espace urbanisé polynucléaire et hiérarchisé. 3 mégapoles (larges conurbations) regroupent 45% de la population : Tokyo (33 millions d’habitants), Nagoya (8,5 millions) et Osaka-Kobé-Kyoto (18 millions). Ensuite, plusieurs métropoles comptent plus d’1 million de personnes (Hiroshima et Fukuoka) et d’autres plus de 500 000 (Nagasaki). C’est un espace fragmenté par le relief (collines, promontoires) et les espaces de campagnes « rurbanisées » à forte densité de population (espaces de loisirs, horticulture et agriculture de pointe).

- La mégalopole est un espace en expansion. Il y a historiquement deux axes d’expansion : à partir de la mégalopole originelle du Tokaido, un axe vers l’Ouest le long des rivages de la mer intérieure en direction de Kyushu au cours des années 65-75, années de « haute croissance », et le Nord, en cours, en direction de Sendai. La croissance se fait aussi aux dépens de la mer puis de basses pentes intérieures avec un aménagement du littoral, en grande partie artificialisé par la construction de terre-pleins aménagés, pour activités industrialo-portuaires, mais aussi les bureaux, les logements, les espaces récréatifs.

2/ La mégalopole est structurée par des voies de communication

- L’axe majeur de communication est le Shinkansen, ligne pour trains à grande vitesse (littéralement « nouvelle ligne principale) : c’est la colonne vertébrale de la mégalopole, créée en 1964 entre Tokyo et Osaka, étendue depuis jusqu’à Fukuoka vers l’Ouest (1975) et Sendai vers le Nord (1982). Elle relie aujourd’hui Tokyo à Osaka (515 Kms) en 2h 30.

- Elle est doublée par un axe autoroutier, lui-même organisé selon un axe littoral et un autre à l’intérieur des terres. Les autoroutes permettent aussi le lien entre les ports de chaque baie. Elles souffrent de la saturation du trafic. Elles ont nécessité l’aménagement de ponts et de tunnels pour relier les îles  et les rives opposées des baies (ex. Aqualine dans la baie de Tokyo).

- La mégalopole est une interface qui dispose d’un riche équipement portuaire : les grands ports japonais sont ceux de la baie de Tokyo (Tokyo, Yokohama, Kawasaki, Chiba), de la baie d’Osaka (Osaka Kobe- Sakai Izumi), enfin celui de Nagoya). Ils sont adaptés à la conteneurisation et au transport des produits en vrac de toute sorte. Le Japon grâce à ses ports a une large ouverture sur le Pacifique. La mégalopole contient environ 1000 ports, ouverts au cabotage très actif, et particulièrement adapté pour l’archipel.

- La mégalopole dispose aussi d’aéroports internationaux pour les personnes et le fret : à Tokyo, Haneda surtout et Narita, deux autres à Osaka-Kobé et un dernier à Nagoya. Les aéroports ont aussi une grande importance pour les relations entre les métropoles de la mégalopole.

B/ La mégalopole qui concentre la puissance japonaise est un centre d’impulsion majeur

1/ La Mégalopole concentre l’essentiel des activités industrielles

- Elle concentre 4/5 de la production industrielle du Japon, dans trois grandes régions industrielles : le Kanto, région de Tokyo (30 %), le Kansai, région d'Osaka-Kobé (20 %) et le Tokai, région de Nagoya (20 %). D’autres régions sortent également du lot : les pourtours de la mer intérieure, le Pôle de Kita-Kyushu, vieux pays noir en déclin et en reconversion, et la « Sunbelt japonaise » ou « Silicon Island » à Kyushu (technopôles).

- L’organisation de la mégalopole est profondément liée aux évolutions industrielles du pays. La 1^ère vague industrielle (industrie lourde sur l’eau) qui correspond à la période de la haute croissance (1955-1973) a vu l’implantation de vastes combinats intégrés (sidérurgie, raffinage et pétrochimie, construction navale) et l’édification des premiers terre-pleins aux dépens de la mer. Aujourd’hui, la sidérurgie japonaise est reconcentrée dans la baie de Tokyo et la construction automobile et l’électronique sont redéployées en direction des régions de province et des couronnes extérieures des mégapoles, même si les principales usines d’assemblage automobile et les sous-traitants se situent toujours dans les 3 grandes mégapoles.

2/ La mégalopole est au cœur des échanges commerciaux et financiers

- Le Japon est grâce à la mégalopole le 4^ème exportateur mondial et le 4^e importateur mondial. Sa balance commerciale est largement positive.

- Le pays exporte à 97 % des produits manufacturés, à très haute valeur ajoutée pour l’essentiel. Il importe des matières premières, des sources d'énergie, des produits agro-alimentaires mais aussi des produits industriels fabriqués à moindre coût dans l’aire asiatique, son économie étant de plus externalisée. Le pays est le leader pour l’exportation des produits de très haute technologie (ordinateurs de bord pour automobile, caméras digitales, écrans à cristaux liquides).

- Ses principaux partenaires sont les pays d’Asie (60 % des importations et 50 des exportations), surtout la Chine, 1^er partenaire commercial, puis les pays de l’ALENA et de l’UE.

- La mégalopole constitue le 1^er espace de créances et d’investissements dans le monde à destination de l’UE, des Etats-Unis et de l’Asie orientale. Elle est aussi le 1^er fournisseur d’aide publique au développement, notamment vers les pays asiatiques.

- Les principaux acteurs de cette puissance financière sont la bourse de Tokyo, 2^e place boursière au monde et les grandes banques des Kereitsu.

3/ Tokyo est l’hypercentre de la mégalopole

- Si la mégalopole est un « concentré » du Japon, Tokyo est un concentré de la mégalopole. Le PUB de Tokyo représente environ 1/3 du PIB japonais, soit environ le PIB d’un pays comme l’Italie.

- Elle est une agglomération gigantesque. Au cœur de tous les moyens de communication, elle attire des flux humains impressionnants (son CBD attire 2,5 M de personnes par jour pour une population nocturne de seulement 270 000 personnes).

- Elle dispose de fonctions de commandement de premier plan : politique (capitale du pays), industrielle (la moitié des industries de pointe du pays), économique et financière (2/3 des sièges sociaux des grandes entreprises et des transactions financières , 85% des établissements financiers étrangers, bourse - le Kabuto-chô- , puissant CBD), commerciale (gigantesque ensemble portuaire avec un trafic 500 M t. pour la baie), culturelle (universités prestigieuses, mode), technologique (cité scientifique de Tsukuba à 60 Kms au nord de Tokyo).

C/ La mégalopole est un espace fragile en raison des risques naturels et technologiques

1/ La mégalopole est sujette à de nombreux risques naturels

- Les risques sont nombreux. Les risques climatiques : typhons (cyclone tropicaux), 28/an en moyenne dans tout le pays. Les risques telluriques, le Japon étant au carrefour de 4 plaques tectoniques, sur la « ceinture de feu du Pacifique ». La probabilité d’un fort séisme sur Tokyo d’ici 10 ans est estimée à 30 %. Le pays connaît plus de 5 000 secousses sismiques / an et la population vit sous la menace du Big One. Le volcanisme est également actif (70 volcans actifs sur 200 environ).

- La vulnérabilité est forte. Il n’existe aucune région volcanique et sismique au monde où la population soit si dense (sauf Indonésie) et la richesse si importante. Pour les assureurs, Tokyo la ville la plus risquée au monde, très loin devant San Francisco (indice 167).

- La mégalopole a connu dans le passé des catastrophes tragiques : Tokyo  1923 (143 000 victimes) et plus récemment Kobe 1995 (6308 morts ; 200 Mds de $ de dégâts - 17 % du PIB du Japon) : magnitude 7 sur échelle de Richter, hypocentre sous le port de Kobe, ampleur verticale des secousses (déplacements jusqu’à 1 m dans certaines parties de la ville).

- Ces risques entrainent en conséquence des risques technologiques (présence de centrales nucléaires et de barrages) et un risque majeur pour l’économie mondiale.

- Depuis le début des années 60, les autorités ont pris de nombreuses lois et mesures pour la prévention des risques (cartes d’évaluation des risques, construction parasismiques et normes strictes, digues contre les tsunamis, alertes tsunami, plans d'évacuations…). Mais la catastrophe de Kobé a montré les limites des dispositifs : négligences sur les règles antisismiques, couloirs d’évacuation trop peu nombreux, problème de la congestion…).

2/ La mégalopole souffre également d’un environnement urbain dégradé

- Le cadre de vie est saturé et congestionné. Pendant longtemps la construction a été menée de manière anarchique, les villes ont été étendues dans toutes les directions, faute de législation en la matière. Pour réduire le déficit en étendue utilisable, ont été entrepris la construction de terre-pleins gagnés sur la mer, l’urbanisme vertical (souterrain et aérien) et la destruction des versants montagnards. Le réseau routier est insuffisant et saturé : système autoroutier entre Tokyo et Nagoya congestionné plus de 15h/jour.

- Les densités d’occupation humaine sont très élevées et fragilisent l’espace de vie des habitants en aggravant les risques : pompage excessif des nappes phréatiques sous les grandes agglomérations et bétonnage.

- La mégalopole est un espace pollué : pollution atmosphérique (voiture, usine, centrales thermiques) au point que les Japonais ont développé des bars à oxygène, bruit (train, voiture), ordures ménagères (50 M t / an dans la mégalopole) qui servent parfois comme à Tokyo de remblais pour les terres pleins, pollution de l’eau douce (engrais de l’agriculture et des golfs), pollution des mers (eaux rouges de la mer intérieure).

- Cette pollution a eu des conséquences sanitaires : asthme, allergies diverses, pathologies liées à l’absorption de métaux lourds près des centres industriels (ex. Chiba près de Tokyo), sans parler de la maladie de Minamata, maladie neurologique grave liée à l’absorption de mercure dans les années 50 et 60, stress enfin.

- Sous la pression de l’opinion publique, attachée aux valeurs environnementales (qui sont aussi nationales) et soutenue par certains industriels dans une perspective de nouveau marché, l’Etat a mené une politique visant à lutter contre les pollutions et à améliorer le cadre de vie. La tenue de la Conférence de Kyoto en 1997 symbolise cette évolution.

- L’Etat a aussi entrepris une politique d’aménagement du territoire : plan Technopolis (1983-1999) pour le développement de technopôles hors mégalopole notamment.

En conclusion, il faut insister sur le lien étroit entre puissance et organisation urbaine originale. Il faut aussi poser la question du risque pour l’économie mondiale de sa présence dans une zone sismique d’une telle importance.

Autre plan possible :

A/ Les espaces productifs d’une mégalopole en expansion

1/ Les espaces aujourd’hui traditionnels de la mégalopole, fruit des dynamiques du passé

2/ Une mégalopole en expansion

B/ Un réseau urbain fortement intégré

1/ Les métropoles

2/ Le réseau de communication structure la mégalopole

C/ Un espace ouvert sur l’Asie orientale et le monde

1/ Les ports et les flux de marchandises majeurs

2/ Les aménagements liés aux interfaces

les outils : savoirs et savoir-faire