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Annales gratuites Bac S : Situation Internationale de 1945 à 1985

Le sujet  2010 - Bac S - Histoire - Composition Imprimer le sujet
Avis du professeur :
Le sujet porte sur un texte de François Mitterrand sur les relations Est/Ouest au lendemain de la seconde guerre mondiale.

Ce sujet est relativement facile, il présente l'intérêt de s'appuyer sur un texte original.
LE SUJET

Une analyse de la situation internationale de 1945 à 1985



Nous vivons depuis quarante ans, en Europe, dans l’étau des blocs militaires, l’un autour de Washington, l’autre autour de Moscou. Chacun organise la puissance de ses armes en l’adossant à un système de valeurs idéologiques, politiques, économiques, sociales, plus élevé que le mur de Berlin. On peut souhaiter la fin des blocs, et c’est mon cas, mais on ne peut en faire fi. Notre appartenance à l’Alliance atlantique, alliance défensive qui s’exerce à l’intérieur d’une aire géographique délimitée : Atlantique nord, Europe, Méditerranée occidentale, découle de la situation créée en 1945 par la percée de l’armée soviétique en Europe. Ceux qui ont vécu la guerre et l’immédiat après-guerre ont éprouvé cruellement la rupture puis l’affrontement qui ont opposé, sur notre continent, deux mondes, rejetant, de part et d’autre de la ligne de partage, des civilisations-sœurs, déchirant des affinités séculaires.

À l’heure du choix, où se trouvait la liberté ? À l’Est ou à l’Ouest ? Des millions de Français, qui avaient soif d’une justice sociale trop longtemps refusée par les classes dirigeantes, l’attendaient de Moscou. Des millions de Français, pour qui la liberté était avant toute chose celle d’aller, de venir, de s’exprimer, d’écrire, de se réunir, de s’associer, de voter, de pratiquer sa foi, tous principes élémentaires de droit public, sentaient, savaient, fussent-ils également prêts à lutter pour que notre société complétât ses conquêtes du Front populaire et de la Libération, qu’elle ne leur viendrait pas d’un système qui, par essence, les niait. J’étais de ceux-là. (…)

Après leur victoire commune de 1945, Américains et Russes, désormais rivaux et lancés dans la course à l’armement au surarmement, grimpèrent tour à tour l’échelle de perroquet dont le dernier barreau se situe dans l’espace.



François MITTERRAND, Réflexions sur la politique extérieure de la France, introduction à
vingt-cinq discours (1981-1985),
Fayard, 1986.



Questions

  1. Quelles constantes de la situation internationale de 1945 à 1985 François Mitterrand présente-t-il dans ce texte ?

  2. À partir du document, caractérisez la position de la France dans ce contexte international. Que ne dit pas le texte sur l’évolution de cette position ?

  3. En quoi et pourquoi cette situation personnelle a-t-elle divisé l’opinion française ?

  4. Face à ces divisions, quelle position personnelle François Mitterrand exprime-t-il ?

  5. Quels événements postérieurs à ce texte mirent fin à la situation internationale décrite par François Mitterrand ?

LE CORRIGÉ



L’analyse et les difficultés du sujet

Le texte proposé ne présente pas de difficulté particulière en termes de compréhension. Il s’inscrit dans la partie du programme consacrée aux relations internationales, plus précisément la Guerre froide (1947-1991). Il est tout de même quelque peu original car il croise des données sur la Guerre froide, et donc la situation internationale, pendant la période 1945-1985 et les conséquences de cet affrontement idéologique pour l’opinion publique et la société française.

Son intérêt est donc de mêler politique étrangère et débats politiques internes à la France, François Mitterrand en profitant pour confier son opinion personnelle.





La problématique

Le questionnaire ne propose pas de présentation du document. Pour avoir les idées claires, ayez en tête qu’il s’agit en quelque sorte de mémoires d’un grand homme politique français, François Mitterrand, mais limités à des « réflexions sur la politique extérieure de la France ». Son témoignage est particulièrement instructif puisqu’il a été le Président de la République de 1981 à 1995, soit deux septennats. C’est la fonction qu’il occupe en 1986, au moment où paraît le texte. Il est donc au cœur des événements, ce qui rend ce texte précieux pour un historien, mais il n’a pu encore prendre du recul face à une période, la Guerre froide, qui ne prendra fin qu’entre 1989 et 1991.





Réponses aux questions

  1. Dans ce texte, Mitterrand fait le bilan de quarante années de Guerre froide. Il fait donc remonter cette situation internationale à 1945, fin de la 2e Guerre mondiale, et en fait la genèse à la fin du texte : URSS et Etats-Unis, qui ont vaincu ensemble le nazisme deviennent « rivaux », en même temps qu’ils accèdent au rang de superpuissance. Ils se lancent alors dans une « course à l’armement ». Le principe de cette guerre d’un genre nouveau réside en effet dans la dissuasion nucléaire et l’ « équilibre de la terreur ». Le résultat est, d’après le Président français, un surarmement et il mentionne également une concurrence qui s’étend jusqu'au domaine spatial (1er satellite Spoutnik en 1957 et 1er homme dans l’espace avec Gagarine en 1961 pour l’URSS, 1er homme sur la lune en 1969 avec Armstrong pour les Etats-Unis).

Au début du texte, Mitterrand définit le passage à un monde bipolaire : il montre qu’il existe à partir de 1945 une logique de « blocs militaires » (OTAN en 1949 contre Pacte de Varsovie en 1955), mais que les deux camps en présence, l’un pro-américain, l’autre pro-soviétique, ont aussi une cohérence idéologico-politique et socio-économique. On peut penser aux doctrines Truman et Jdanov et à l’enjeu du plan Marshall de 1947, ou encore aux deux modèles opposés qui sont proposés par les Supergrands : communisme contre libéralisme. Mitterrand fait une référence au mur de Berlin, construit en 1961, et en fait le symbole de cet antagonisme Est-Ouest, un peu à la manière de Kennedy dans son discours « Ich bin ein Berliner » de 1963.

  1. Mitterrand parle de « notre appartenance à l’Alliance atlantique », qu’il définit comme une alliance défensive face à l’expansionnisme de l’Armée Rouge en 1945, laquelle occupait tous les PECO qu’elle avait en grande partie libérée du nazisme avant d’en faire des « pays-satellites ».

Autrement dit, la France est clairement dans le camp des Etats-Unis, dans le bloc occidental, afin d’être protégée contre l’URSS.

Le texte ne parle pas de l’évolution de la position française, en particulier sous la présidence de de Gaulle qui, par souci d’indépendance et après l’acquisition de l’arme nucléaire en 1960, a multiplié les provocations vis-à-vis de l’allié américain, la plus notable étant le retrait de la France du commandement intégré de l’OTAN en 1966, ce qui a par exemple conduit à la fermeture des bases militaires américaines de l’Hexagone . Cela étant, la France n’a pas opéré de changement d’alliance : de Gaulle s’est borné à reconnaître la Chine communiste avant les autres Occidentaux ou à faire des voyages en Europe de l’Est mais lors de la crise la plus sérieuse, celle des fusées de Cuba en 1962, il s’est comporté en fidèle allié des Etats-Unis.

  1. L’opinion française, comme le monde, était partagée en deux selon Mitterrand :

    • d’un côté, ceux qui « avaient soif de justice sociale », qui étaient frustrés des inégalités de la société française et plaçaient leurs espoirs dans le communisme (donc les militants et électeurs du PCF notamment), donc pour qui l’URSS représentait un espoir.

    • de l’autre, ceux qui privilégiaient la liberté, ou plutôt les libertés dont Mitterrand fait l’énumération (de circulation, d’expression, d’opinion, de réunion, de vote, de conscience), et pour qui le système soviétique « niait » ces libertés, donc la démocratie.

  2. Entre les tenants de l’égalité et ceux de la liberté, Mitterrand dit avoir fait le choix des seconds. Il parle de compléter les acquis du Front Populaire de 1936 (40h, congés payés) mais aussi ceux de la Libération de 1944, qui avait permis la restauration de la démocratie républicaine en France, après le régime de Vichy. Lorsqu’il évoque la génération de la guerre, il parle de lui-même et indique que la division Est-Ouest de l’Europe a été difficile à vivre et à accepter (« sur notre continent, deux mondes rejetant des civilisations-sœurs »). A titre personnel, il dit ne pas souhaiter la Guerre froide, qui prend l’Europe en otage, mais il faut faire avec car la France n’a pas le choix, sauf celui de défendre le camp de la liberté, le « monde libre » comme l’appelait le Président américain Truman en 1947.

  3. Mitterrand écrit alors que la Guerre froide se poursuit. Son texte paraît après la crise des euromissiles de 1983, mais aussi juste après la nomination de Gorbatchev à la tête de l’URSS en 1985. La volonté de réforme de cet homme, associé à la soif de liberté des peuples des « démocraties populaires » d’Europe de l’Est aboutit à la fin rapide de l’opposition Est-Ouest, symbolisée par deux événements historiques majeurs : la chute du mur de Berlin dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989 (suivie de la réunification de l’Allemagne le 3 octobre 1990) et l’implosion de l’URSS le 25 décembre 1991.









Les outils : savoirs et savoir-faire

Mots clés

Principaux acteurs

Dates

Guerre froide, monde bipolaire, logique des blocs, Est, Ouest, mur de Berlin

Etats-Unis, URSS, PECO (Pays d’Europe Centrale et Orientale)= « démocraties populaires »=pays satellites

1945 (fin de la 2e Guerre mondiale),

1947(début de la Guerre froide : doctrines Truman et Jdanov, plan Marshall)

Communisme, libéralisme, capitalisme, démocratie, « monde libre »

Truman, Jdanov, Gorbatchev, de Gaulle, Kennedy

1985 (arrivée au pouvoir de Gorbatchev)

Alliance atlantique, OTAN, Pacte de Varsovie


1949 (OTAN), 1955 (Pacte de Varsovie), crise de Cuba (1962), 1966 (retrait partiel de la France de l’OTAN), crise des euromissiles (1977-1983)

Dissuasion nucléaire, course à l’armement, surarmement, équilibre de la terreur


1989 (chute du mur de Berlin), 1990 (réunification de l’Allemagne), chute de l’URSS (1991)





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