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Annales gratuites Bac L : J.B. Clamence, comédien

Le sujet  1999 - Bac L - Littérature - Question Imprimer le sujet
LE SUJET

Clamence, imaginant la carte de visite qui rendrait le mieux compte de ce qu'il est, opte pour "Jean-Baptiste Clamence, comédien". Comment ce choix trouve-t-il son illustration dans La chute ?

LE CORRIGÉ

I - FICHE SIGNALETIQUE

Question assez difficile, sur un texte qui n'est pas non plus d'un accès très facile. C'est une question générale qui engage la compréhension du texte dans son ensemble.


II - REACTIONS A CHAUD DU PROFESSEUR

Clamence ne cesse, tout au long de sa confession, de parler de lui et de se définir lui-même.
Ces différentes définitions ne vont pas sans nous poser des problèmes. Elles sont en effet éminemment ambiguës : juge-pénitent par exemple, pape, prophète et même Christ... Ici comédien.


III - CONNAISSANCES REQUISES

Il convient, comme pour toutes les questions de l'épreuve de Lettres, de bien connaître le texte de l'oeuvre étudiée.

Aucune autre connaissance extra-textuelle n'est ici requise, contrairement à bien d'autres passages qui nécessitent certaines connaissances en matière religieuse, politique ou historique.

Nous sommes ici au coeur de la problématique du livre de CAMUS : la duplicité de Clamence.


IV - TRAITEMENT POSSIBLE DU SUJET

Clamence déclare à son interlocuteur que s'il avait à se faire une carte de visite, il y ferait figurer à la suite de son nom la mention comédien. Pourquoi cette prétendue profession ? Alors que nous savons bien qu'il est avocat. Que s'agit-il donc de nous dire ?

Et bien d'abord que dans ce monde où chacun joue un rôle, dans cette "comédie humaine", il n'est pas le dernier à se conformer à ce modèle universel.

Sa confession a donc pour première fonction, fonction apparente, affichée, de démasquer son ancienne duplicité, ce cabotinage auxquels il se livrait complaisamment pendant sa première vie, du temps où il vivait à Paris.

La comédie du bon samaritain, du défenseur de la veuve et de l'orphelin, etc.

Mais cela ne s'arrête pas là. Cette apparente sincérité de l'aveu dissimule une autre entreprise sournoise qui ne se révèlera qu'à la fin du texte, quand il apprendra à son interlocuteur, que lui aussi doit devenir à son tour un juge-pénitent !

Sous la conversation à bâtons rompus, se développant librement, pleine de digressions et d'apparents coq-à-l'âne, se dissimulait une entreprise de séduction délibérée, qui savait où elle se dirigeait.

Sous l'apparence de l'improvisation, on trouve un rôle soigneusement écrit, qui entraîne vers un dénouement agencé comme un piège.

Ainsi dans le même temps où il paraît se repentir de sa duplicité, où il s'accuse de n'avoir été qu'un vil comédien, il continue de l'être !

Sa sincérité actuelle n'est qu'un nouveau masque, pour mieux désarmer la défiance de l'interlocuteur. Sous le masque, le masque. Sous le rôle, le rôle.

Clamence, un comédien au carré. Qui l'est encore quand il feint de ne plus l'être.


V - LES FAUSSES PISTES

Cette question étant cousue de fil blanc, on ne voit pas comment on aurait pu se tromper sur le sens de cette carte de visite.

Gare cependant aux étourdis qui auraient imaginé un Clamence s'affublant d'un métier qui ne serait pas le sien.

Il ne fallait pas voir dans le mot comédien une imposture professionnelle de Clamence, mais lui donner un sens moral.

Il s'agit bien en réalité de la douloureuse question du sens que chacun donne à sa vie. Toute l'oeuvre traite de cette épreuve de la vérité que l'homme, selon CAMUS, peut être contraint un jour d'affronter.

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