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Annales gratuites Bac L : Connaitre le vivant

Le sujet  2008 - Bac L - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
Avis du professeur :

Un sujet sur la connaissance du vivant en série littéraire, voilà une nouveauté ! Bien sûr, c'est au programme, mais combien de temps avez-vous passé dessus ? Sans doute peu.
Le sujet demande des connaissances très précises sans lesquelles vous ne devriez même pas penser vous lancer.

LE SUJET


Une connaissance scientifique du vivant est-elle possible ?

LE CORRIGÉ


I – l'ANALYSE DU SUJET ET DE SES DIFFICULTEES

Il s'agit d'un sujet difficile qui met principalement en jeu les notions du chapitre sur la Raison et le Réel auxquelles les élèves de la série littéraire sont peu familiers. Il nécessitait donc de solides connaissances, notamment en biologie et en histoire des idées.

II - LA PROBLEMATIQUE

Le problème naît ici de la mise en question de la connaissance scientifique du vivant. En effet, comme le disait Aristote : "il n'y a de science que du général", toute connaissance scientifique exige qu'on dépouille un objet ou un événement de ses caractères particuliers pour ne considérer que ses éléments propres. Le problème, c'est que, par définition, le vivant est toujours singulier. Même s'ils appartiennent à une espèce donnée, les êtres vivants sont tous relativement différents par certains de leurs caractères. Même les vrais jumeaux qui ont pourtant le même capital génétique se différencient au fil de l'expérience qu'ils vivent et qu'ils ne vivent pas de la même façon.
Ce caractère du vivant constitue donc un obstacle à une connaissance de type scientifique.

III - LES PISTES DE REFLEXION

Il fallait bien évidemment penser à définir les termes de l'énoncé.

Par connaissance scientifique, il faut entendre une connaissance qui s'appuie sur une quantification des objets de l'expérience, qui explique les phénomènes par des relations constantes (= hypothèse) qui sont soumises à une vérification expérimentale. C'est après vérification expérimentale que les hypothèses deviennent des lois.

De son côté, le vivant est un phénomène complexe. Les êtres vivants sont des organismes, c'est-à-dire des systèmes qui existent par soi, dont toutes les parties sont interdépendantes et qui participent toutes ensemble à la conservation du tout. Le vivant est d'autant plus complexe qu'il n'est pas séparable du milieu dans lequel il vit et avec lequel il entretient des échanges (exemple : la respiration). Le vivant peut se reproduire lui-même à la différence des objets matériels qui naissent toujours par l'effet d'une action extérieure (par exemple : celle du sculpteur sur le bloc de marbre). Enfin, le vivant est capable d'autorégulation, comme par exemple lorsque le système immunitaire répond à une agression microbienne par le développement d'anticorps.

Si l'on applique le modèle scientifique issu de la physique, à travers les lois de Galilée et de Newton, on peut, à la manière de William Harvey ou de Descartes donner une explication mécaniste du vivant. Ainsi, selon Descartes, il n'y a "aucune différence entre les machines que font les artisans et les divers corps que la nature seule compose". Le biologiste William Harvey a ainsi pu donner une connaissances de la circulation du sang à travers un modèle mécaniste : le coeur étant assimilé à une pompe aspirante et refoulante.

Si le modèle mécaniste a permis, historiquement, de dépouiller le vivant d'un certain nombre de caractères obscurs ou magiques, il ne permet pas toutefois de rendre compte de certaines de ses particularités. C'est le sens de la critique que Kant en fera au XVIIIe siècle en insistant sur les aspects propres du vivant : notamment sa capacité à se reproduire et à s'autoréparer.

A travers la reproduction ou l'autoréparation, le vivant donne l'impression de poursuivre un projet, ce qui, du point de vue de la science, est difficilement acceptable. La science se contentant de décrire des rapports constants, mathématisables et vérifiables entre les choses.

On peut peut-être trouver dans la génétique des réponses, au moins partielles, à ces questions. La génétique des populations nous apprend en effet que des gènes peuvent représenter, dans certaines circonstances, un avantage spécifique en donnant aux individus les moyens de s'adapter à des conditions de vie nouvelles. Dans ce cas, c'est la richesse même du vivant, sa diversité, qui fait sa force. Dans ces conditions, la connaissance du vivant ne peut intervenir avant que les circonstances en révèlent la nature et la fonction.
Dans un pareil cas, la science vient expliquer ce qui a eu lieu et pourquoi, elle ne permet pas, à la différence de la physique par exemple, de prévoir le phénomène. Mais si la science du vivant ne peut prévoir absolument le comportement d'un être vivant c'est parce que celui-ci excède toute connaissance, qu'il révèle ses caractères au fur et à mesure de la vie même. C'est à la fois la ressource du vivant et la limite de la connaissance que nous pouvons avoir de lui.

V - LES PISTES DE DEVELOPPEMENT

On pouvait se demander quelles sont les caractéristiques de la connaissance scientifique et quelles résistances spécifiques le vivant lui oppose.

Il était nécessaire de confronter le vivant au grand modèle de la science moderne qu'est la mécanique mais aussi de voir les limites de ce modèle.

Enfin, il fallait insister sur le sens de la connaissance. Le critère de la prévision qui prévaut de la science moderne ("Savoir pour prévoir, prévoir pour pouvoir", A. Comte) n'est que partiellement valable dans le domaine du vivant parce que les individus répondent à une situation avec des moyens différents. Mais pour le coup, la limite de la connaissance est le signe que le vivant excède par sa capacité de création et d'adaptation toute prévision scientifique.

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