Suivez-nous
 >   >   >   > Echapper au temps ?

Annales gratuites Bac L : Echapper au temps ?

Le sujet  2006 - Bac L - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
Avis du professeur :

Un sujet délicat à traiter qui exige une finesse d'analyse et des connaissances qui englobent par exemple la littérature.
C'est un sujet qui peut vous attirer parce qu'il est très "ouvert" mais qui peut se révéler "casse-gueule" si vous ne disposez pas des outils adéquats pour le traiter.

LE SUJET


Cela a-t-il un sens de vouloir échapper au temps ?

 

LE CORRIGÉ


I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET

● Ce sujet porte principalement sur le couple de notions "l'existence et le temps". Il pouvait être utile de vous référer à la notion d'"interprétation" pour vous aider à définir et à interroger les différentes significations de la notion de "sens".

● Sous une apparente simplicité, ce sujet est difficile. Il est important de ne pas oublier le début de la question : "Cela a-t-il du sens". Il faut éviter dans ce type de sujet de s'en tenir à des lieux communs, des banalités. La problématisation du sujet est ici essentielle pour permettre de bien dégager les enjeux de la question.

● Le sujet ne porte pas tant sur la question du rapport de l'homme au temps que sur le sens d'un certain rapport qu'il a avec le temps et qui consiste dans une certaine forme de refus du temps. Il y a un présupposé dans ce sujet : l'homme veut échapper au temps.
Attention, on ne vous demande pas si cette affirmation est légitime. Le sujet vous invite à examiner si une telle attitude a un
sens, ce qui peut se formuler ainsi :
Cela a-t-il une signification ?
Comment interpréter une telle volonté humaine d'échapper au temps ? Autrement dit :
Cela a-t-il un but, une fonction ?
Y a-t-il des motifs, des raisons qui peuvent expliquer une telle volonté d'échapper au temps ?

Il fallait être attentif au terme "vouloir" : il ne s'agit pas seulement de désirer ou de souhaiter échapper au temps, mais véritablement de le "vouloir", c'est-à-dire de s'engager soi-même à travers des actions dans ce "projet".

La notion de temps fait ici référence au devenir qui se déroule de manière irréversible, sur lequel il est impossible de revenir. Devenir qui nous renvoie à notre finitude puisque notre existence est inscrite dans le temps et qu'elle a la mort pour horizon.
Il s'agit donc d'interroger le sens, la fonction de cette attitude humaine, très répandue, qui se traduit par un certain refus du temps. Il faut donc être attentif à examiner
les moyens par lesquels l'homme tente d'échapper au temps : c'est le sens du verbe "échapper" (terme assez vague) qu'il faut préciser.

S'agit-il d'échapper au temps par l'action, par la pensée ? Si c'est par la pensée, de quel mode de pensée s'agit-il ? Je peux très bien faire un effort d'imagination pour échapper au temps (et peut-être ainsi me réfugier dans l'illusion). Mais je peux aussi penser, analyser mon rapport au temps pour tenter de le maîtriser, ce qui est une certaine façon de ne plus le subir passivement et donc d'y échapper.

Il est important de voir ici que la notion de "volonté" renvoie plus à la raison qu'au désir : il est question ici d'un rapport au temps réfléchi et rationnel (échapper n'a pas le même sens que fuir, par exemple).

II - LA PROBLEMATIQUE

De prime abord, il semble vain ou absurde (dépourvu de sens) que l'homme veuille échapper à ce qui définit sa condition, c'est-à-dire au fait d'avoir une existence inscrite dans le temps.

Pourtant, on constate qu'une telle attitude semble constituer une tendance spontanée : le temps non seulement nous achemine vers notre mort, mais il inscrit nos actions dans l'ordre de l'irréversible (ce sur quoi nous ne pourrons pas revenir).

Tout le problème est de savoir comment cette volonté d'échapper au temps se manifeste et se traduit. S'agit-il de masquer notre finitude, de s'illusionner sur notre condition ? Ou de faire face à cette condition par la mise en oeuvre d'une pensée lucide et rationnelle qui nous permettra, non plus de subir passivement le temps, mais de le maîtriser ?

III - LES PISTES DE REFLEXION

Vous pouviez examiner les raisons qui conduisent l'homme à fuir le temps et montrer la part d'illusion que recèle une telle attitude.

Vous pouviez aussi montrer par quels moyens l'homme peut tenter de maîtriser ce rapport au temps, par l'exercice d'une pensée rationnelle, par la maîtrise de ses actions (ce qui suppose de les mettre en rapport avec le temps afin de saisir le moment le plus approprié pour la réussite de l'action).

Enfin, il était possible de montrer que c'est précisément l'inscription de notre existence dans le temps qui lui confère un sens ou qui nous incite à donner sens à notre existence : que serait en effet une existence qui ne serait bornée par aucun terme, sinon une existence dans laquelle nous serions toujours tentés de différer la mise en oeuvre de nos projets ?

IV - LES PISTES DE DEVELOPPEMENT

A. Quels sont les motifs qui conduisent l'homme à vouloir échapper au temps ? Quels effets une telle attitude peut-elle avoir sur le sens même de l'existence humaine ?

B. Si l'homme ne peut subir la finitude de son existence, de quelle façon peut-il maîtriser son rapport au temps ?

C. En quoi cette maîtrise du temps lui fournit-elle les moyens de donner un véritable sens à son existence ?

2022 Copyright France-examen - Reproduction sur support électronique interdite