Annales gratuites Bac Hôtellerie : La vérité

Quel besoin avons-nous de chercher la vérité ?

I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET

Sujet qui suppose une culture philosophique minimale des grands auteurs de la tradition. Platon semble incontournable pour ce sujet.
La notion de vérité est en effet un des sujets majeurs de l'interrogation des philosophes, de Platon à Heidegger.
Il faut analyser ici l'expression "chercher la vérité" dans sa globalité. Il ne s'agit pas seulement d'une vérité factuelle (ex : la neige est blanche) ou d'une vérité mathématique. L'expression se réfère clairement à une vérité spirituelle. "Recherche de la vérité" pourrait être traduite ici par "quête d'un sens".
Vous vous deviez de remarquer l'étrangeté de la notion de "besoin". Il semble en effet que le besoin concerne le corps. Un besoin relève de la nécessité biologique, on ne peut y échapper.
Or le sujet présuppose clairement que nous avons besoin de chercher la vérité. Notre esprit ne peut s'empêcher de la chercher. La quête spirituelle est un fait de notre psychologie et le sujet nous invite à en interroger le sens.

II - LA PROBLEMATIQUE

L'homme est donc hanté par la vérité. Quel sens cela peut-il avoir ? Si l'homme connaissait la vérité, il ne la chercherait pas. Mais s'il la recherche, c'est qu'il en a une idée, même vague. L'homme est donc dans un entre-deux inquiétant, ni savant, ni ignorant totalement.
Mais si les besoins du corps sont incontournables, l'âme ne pourrait-elle pas décider de renoncer à la vérité ? Et si nous avons une idée vague de celle-ci, qu'est-ce qui nous assure qu'elle n'est pas une chimère ? Ne devrions-nous pas renoncer à cette idée et vivre hardiment dans l'illusion ?

III - LES PISTES DE REFLEXION

● Selon Platon, nos âmes étaient en contact avec la vérité avant notre naissance. Puis elles se sont incarnées, sont entrées dans un corps, ce qui nous a jetés dans la tyrannie des besoins et des plaisirs physiques qui ont brouillé la vue de l'âme. Mais lorsque nous nous adonnons à la science et parvenons à la découverte d'une vérité, une joie illumine notre âme, ce qui est le signe que nous retrouvons notre contact originel à la vérité. Donc pour Platon l'âme a besoin de la vérité comme d'une nourriture.

● Vérité se dit en grec aletheia, c'est à dire dé-voilement. Le monde nous apparaît voilé, obscur et à chaque fois que nous dé-couvrons une vérité, un coin du voile est enlevé. Nous espérons ainsi connaître la réalité et, la connaissant, mieux nous orienter dans le monde. Le rêve de l'humanité n'est-il pas de tout connaître et connaissant les secrets de l'univers, agir mieux, en connaissance de cause ?

● Cette espérance n'est-elle pas qu'un rêve ? Nous trouvons des vérités en effet, dans les sciences, voire dans les enquêtes policières. Mais sommes-nous jamais sûrs d'avoir tout trouvé ? Et ces vérités nous aident-elles spirituellement ? Ainsi il y a des vérités, plus ou moins intéressantes, mais y a-t-il une Vérité ?
On peut, avec les philosophes sceptiques (du grec skeptein, examiner), penser qu'il n'existe pas une vérité, mais qu'il faut chercher néanmoins, car nous saurons au moins une chose c'est que nous ne savons rien. Nous serons ainsi débarrassés de nos préjugés et de nos erreurs. Il y a une sagesse du renoncement à la vérité.

● Nietzsche suggère même qu'il ne faut pas chercher du tout. Vouloir la vérité paralyse notre instinct de vie. Puisque la vérité est illusion, préférons-lui les illusions sensibles de la vie. Ne cherchons pas, inventons de belles illusions. Soyons créateurs, poètes. Créons des réalités !

IV - LES PISTES DE DEVELOPPEMENT

A. L'homme se sent ignorant

Il a donc besoin de combler ce manque de savoir. Il rêve de vérité. Il pense que le vrai lui apportera une direction dans sa vie désorientée.

B. La sagesse du renoncement

L'homme renonce à son rêve. Il examine chaque prétendue vérité et en voit la vanité. Y a-t-il même une vérité ? Nous devons nous méfier de notre besoin de vérité et vérifier plutôt la validité de nos raisonnements.

C. "Je suis un mensonge qui dit la vérité" (Jean Cocteau)

Nous avons un besoin maladif de nous raccrocher à une vérité imaginaire car nous sommes incapables d'être créatifs. Inventons des mythes, des idéaux. Assumons notre imaginaire sans le couvrir du mot prétentieux de vérité.