Le sujet 2009 - Bac ES - Sciences Economiques et Sociales - Questions |
Avis du professeur :
Le sujet porte sur le rôle de l'entrepreneur dans l'analyse de Joseph Aloïs Schumpeter. Ce thème est un classique de l'enseignement de spécialité et ne doit pas vous poser trop de difficultés. |
Thème
du programme : Progrès technique et évolution
économique
Document 1 :
Nous avons vu que le
rôle de l'entrepreneur consiste à réformer ou à
révolutionner la routine de production en exploitant une
invention ou, plus généralement, une possibilité
technique inédite. C'est à ce genre d'activités
que l'on doit attribuer la responsabilité des " prospérités "
récurrentes qui révolutionnent l'organisme économique,
ainsi que des " récessions " non moins
récurrentes qui tiennent au déséquilibre causé
par le choc des méthodes ou produits nouveaux. La mise en
œuvre de telles innovations est difficile et constitue une
fonction économique distincte, en premier lieu parce qu'elles
se détachent des besognes de routine familières à
quiconque et, en deuxième lieu, parce que le milieu économique
y résiste par des moyens divers. Pour agir avec confiance
au-delà de la zone délimitée par les balises
familières et pour surmonter ces résistances du milieu,
des aptitudes sont nécessaires qui n'existent que chez une
faible fraction de la population et qui caractérisent à
la fois le type et la fonction d'entrepreneur.
Or, cette fonction
sociale est, dès à présent, en voie de perdre
son importance et elle est destinée à en perdre de plus
en plus et à une vitesse accélérée dans
l'avenir (...)
Source : Joseph Aloïs Schumpeter, Capitalisme, socialisme et démocratie, Payot, 1983 [première édition 1942].
Document 2 :
Un pôle de
compétitivité est, sur un territoire donné et
sous l'impulsion des pouvoirs publics, l'association d'entreprises,
de centres de recherche et d'organismes de formation, engagés
dans une démarche partenariale (stratégie commune de
développement), destinée à dégager des
synergies autour de projets innovants conduits en commun en direction
d'un marché donné.
Minalogic, pour
Micro-Nanotechnologies et Logiciel Grenoble-Isère
Compétitivité, est l'un des six pôles de
compétitivité mondiaux labellisés en 2005.
Face
à la concurrence internationale, la stratégie de
Minalogic consiste à générer de la compétitivité
par l'innovation. Pour y arriver, les différents acteurs, aux
activités multiples mais complémentaires, tissent entre
eux des liens de partenariat autour de projets communs et novateurs.
Source : La Lettre Analyses n°77, Insee Rhône-Alpes, juillet 2007.
QUESTIONS
:
1. À partir de vos connaissances et du
document 1, caractérisez l'entrepreneur et son rôle
dans le système capitaliste selon Schumpeter (8
points)
2. Expliquez la phrase soulignée. (Document 1) (6 points)
3. L'accent
mis par Schumpeter sur le rôle des entrepreneurs vous
semble-t-il toujours pertinent pour expliquer aujourd'hui l'émergence
des innovations ? (Document 2) (6 points)
ELEMENTS
DE REPONSE AUX QUESTIONS
Question
1:
Dans
l'œuvre de Schumpeter, l'entrepreneur
est un personnage central, dont l'action est déterminante dans
l'économie de marché. L'entrepreneur est celui qui met
en route (et met en œuvre) l'innovation.
Pour
Schumpeter, en effet, l'innovation est au coeur de la dynamique
économique et elle demande un acteur susceptible de la
déclencher. L'entrepreneur innovateur est doté, d'après
Schumpeter, d'une psychologie
particulière. Sa personnalité ne se satisfait pas de la
routine, mais il est plutôt versé dans l'audace.
Ce n'est d'ailleurs pas la recherche de son profit personnel qui le
motive mais son coté aventureux, qui le pousse à aller
plus loin. Schumpeter expliquera d'ailleurs plus loin que c'est la
perte
de cet esprit d'entreprise
qui mènera le capitalisme à sa perte. Les entrepreneurs
"suiveurs "ne pourront pas impulser une dynamique
suffisante à la pérennité du système.
Question
2:
Schumpeter
précise que l'entrepreneur innovateur, par ses activités,
bouscule
l'ordre établi. En mettant au point des produits nouveaux ou
en utilisant de nouvelles techniques de production l'entrepreneur
impulse
des changements technologiques mais aussi économiques et
sociaux. Les changements sont porteurs de nouvelles activités,
de nouveaux débouchés, de nouveaux emplois et donc de
croissance : "les prospérités récurrentes".
A
l'inverse, les mêmes changements,
détruisent les activités anciennes, font disparaître
des emplois et peuvent provoquer des "récessions".
En
fait Schumpeter évoque ici le phénomène de
"destruction
créatrice" qui caractérise
l'innovation et explique ainsi les cycles
de croissance et de dépression découverts par
l'économiste Kondratiev
dans les années 20.
Question
3:
Schumpeter
publie sa réflexion en 1942
et le capitalisme de l'époque ne
ressemble pas à ce qu'il est devenu par la suite.
Après
la deuxième guerre mondiale, l'Etat
est devenu, dans tous les pays occidentaux, un acteur économique
(et social) beaucoup plus important. C'est ainsi que les pouvoirs
publics sont devenus très présents dans la
politique
industrielle et
la
politique de recherche. En France en
particulier, la création des grands centres de recherche
(CRNS, CNES etc...) relève de cette logique.
La dépense
intérieure de recherche-développement
(DIRD) est financée en France (toujours) majoritairement par
l'Etat.
Ces interventions publiques, présentes dans la plupart des
pays développés, répondent au désir de
faire face à la
concurrence internationale.
C'est ainsi
que les pôles de compétitivité se sont développés
(c'est l'exemple Minalogic).
Nous
sommes donc bien éloignés de la figure emblématique
de l'entrepreneur que décrivait Schumpeter. Au delà,
c'est sans doute le fonctionnement global du capitalisme qui s'est
profondément modifié.