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Annales gratuites Bac ES : Innovation et compétitivité

Le sujet  2008 - Bac ES - Sciences Economiques et Sociales - Dissertation Imprimer le sujet
Avis du professeur :

Le sujet de dissertation vous propose de réfléchir sur les liens entre innovation et compétitivité. Cette problématique est assez habituelle. Elle est abordée en cours dans le chapitre "progrès technique et croissance".
Il vous faut faire attention à la formulation de la question "En quoi... ?" qui suggère une explication des liens entre innovation et compétitivité. On ne vous demande pas de discuter cette relation.

LE SUJET


Il est demandé au candidat :
 - de répondre à la question posée explicitement ou implicitement dans le sujet ;
 - de construire une argumentation à partir d'une problématique qu 'il devra élaborer ;
 - de mobiliser des connaissances et des informations pertinentes pour traiter le sujet, notamment celles figurant dans le dossier ;
 - de rédiger en utilisant un vocabulaire économique et social spécifique et approprié à la question,  en organisant le développement sous la forme d'un plan cohérent qui ménage l'équilibre des parties.

Il sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l'expression et du soin apporté à la présentation.

Sujet : en quoi l'innovation est-elle un facteur de compétitivité ?

Document 1 : Les objectifs de l'innovation technologique en France (en % du nombre d'entreprises innovantes*)

* Le caractère innovant d'une entreprise se définit par la mise en œuvre de nouveaux produits, procédés ou services, ou de nouveaux marchés.
Source : Enquête "Innovation" - Service d'études stratégiques des statistiques industrielles (SESSI), Ministère de l'économie, des finances et de l'emploi, 2001.

Document 2

Rassemblant pôles de recherche publics et privés, grandes entreprises et PME, les pôles de compétitivité ont souvent permis de stimuler la croissance de toute une économie. Il existe quelque 700 pôles à travers le monde : de San Francisco, berceau de la Silicon Valley, à Boston, Cambridge, Grenoble, Tokyo, ou encore Shanghai. Une politique dans laquelle la France est désormais engagée avec ses 67 pôles de compétitivité (dont 9 à vocation mondiale). Il s'agit là d'une nouvelle politique visant à favoriser l'installation de PME autour de grandes entreprises et de pôles de recherche. Les autorités n'hésitent pas à attirer les investisseurs, à grand renfort de subventions et d'incitations fiscales, pour accélérer leur développement. A San Francisco, 135 milliards de dollars (soit 105 milliards d'euros) ont ainsi été débloqués en 2006. La France a prévu la même année 1,5 milliards d'euros d'aides publiques dans la création de ses pôles. Ces mises en commun de moyens peuvent s'affranchir des frontières : Biovalley est un pôle franco-germano-suisse consacré aux sciences de la vie qui rassemble 400 acteurs de la santé, dont Novartis, l'institut Louis Pasteur à Strasbourg, etc. Subventionné à hauteur de 50 % par l'Union européenne, Biovalley souhaite développer les partenariats privés.

Source : Chambre de Commerce France - Israël, "Tour d'horizon des "Silicon Valley" du monde", 2006.

Document 3

Au cours de la dernière décennie du XXème siècle, le débat sur l'écart transatlantique des performances avait essentiellement porté sur la capacité d'innovation remarquable des Etats-Unis et sur les conditions d'émergence d'une nouvelle économie. En 2000, l'Europe semblait prête à s'engager dans l'économie fondée sur la connaissance pour stimuler les ressorts de la croissance. Il s'agissait de dynamiser l'économie européenne, notamment par des investissements accrus dans les connaissances et les infrastructures. Une réelle mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne*, qui permettrait de faire de l'Europe un espace attractif pour la production et l'innovation, doit mieux intégrer les politiques nationales et communautaires.
Un rapport récent a d'ailleurs suggéré de rediriger une partie du budget européen en faveur des dépenses de soutien à la recherche et développement et à la formation universitaire. La question des moyens se pose aussi pour la réalisation d'un réseau d'infrastructures européen, qui permettrait de mieux intégrer les régions isolées, d'alléger des régions avancées et de consolider les infrastructures de recherche en reliant les pôles de compétitivité que l'Europe entend soutenir.

* Stratégie de Lisbonne : en mars 2000, lors du conseil européen de Lisbonne, les dirigeants européens se sont fixés pour objectif de faire de l'Europe, d'ici à 2010, "l'économie de connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde".
Source : Luis MIOTTI et Frédérique SACHWALD, La croissance française 1950-2030, Le défi de l'innovation, Institut français des relations internationales, 2005.

Document 4

*L'indice global de compétitivité se calcule à partir d'éléments relatifs à l'innovation, à la stabilité des prix, au niveau d'éducation entre autres...
Source : Dépenses de Recherche et développement en % du PIB et OCDE, 2004.

Document 5

Evolution de la productivité du travail (pourcentages d'évolution par rapport à l'année précédente)

Document 6

La concurrence exacerbée induit une accélération de la mise sur le marché de nouveaux produits ou services.
Les enquêtes montrent que les industriels européens sont encore trop frileux en matière d'innovation et de renouvellement de leur offre produit, alors qu'il s'agit de l'enjeu principal en termes d'emploi, de commerce extérieur et de relance de la consommation. Les entreprises françaises,  investissent  dans  le renouvellement de leur offre deux fois moins que les concurrents japonais, et presque trois fois moins que les groupes américains.
Dans les dernières décennies, l'industrie française a conservé ses emplois et ses marchés en développant essentiellement des innovations incrémentales*, si on fait l'exception de quelques grandes réussites comme Ariane, l'Airbus ou le TGV.
Mais ces réussites  ont été le fait de  grandes entreprises; pour les autres, l'innovation incrémentale  a été  la réponse à la concurrence qui s'exerçait principalement au sein de l'hexagone.
Le contexte actuel est radicalement différent. A présent, pour sauvegarder notre industrie et ses emplois, majoritairement constituée de PME, il convient de développer des innovations de rupture* sur les produits et services que conçoivent et produisent ces PME si on veut conserver une industrie européenne compétitive.

* L'innovation incrémentale désigne l'amélioration des processus ou des produits existants alors que l'innovation de rupture ou radicale repose sur l'utilisation de nouvelles connaissances ou sur la réalisation de produits ou de services radicalement nouveaux.
Source : Pierre DEVALAN, L'innovation de rupture, clé de la compétitivité, Hermès science, 2006.

LE CORRIGÉ


I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET

On vous demande de réfléchir sur les effets de l'innovation sur la compétitivité. Cette question est abordée en cours, en général au premier trimestre, dans le chapitre "Accumulation du capital, progrès technique et croissance". Des connaissances utiles peuvent aussi être tirées des chapitres qui portent sur les "stratégies internationales des entreprises" et les "politiques économiques".
Il ne s'agit pas d'un sujet de "discussion". On vous demande d'expliquer en quoi l'innovation a des effets sur la compétitivité : des entreprises et des nations. Les documents sont de nature variée, sans réelles difficultés, et vous rappellent bien ces deux dimensions du sujet. Vous devez les enrichir par des connaissances personnelles.

II – LA PROBLEMATIQUE

La recherche de compétitivité est devenue une question essentielle de nos jours. Les entreprises sont aujourd'hui confrontées à un environnement de plus en plus mondialisé et elles doivent réagir à une concurrence très vive. Si la compétitivité peut être obtenue de différentes manières, l'innovation reste un facteur essentiel de l'amélioration des performances. Les pouvoirs publics dans les économies développées soutiennent d'ailleurs l'innovation dans tous les domaines.
Les enjeux sont très importants et il nous faut bien comprendre les liens entre l'innovation et la compétitivité.

III – LES OUTILS : SAVOIRS ET SAVOIR-FAIRE

A - LES CONNAISSANCES UTILES

● Les notions de compétitivité : "compétitivité - prix" et "compétitivité hors prix".
● Les différentes formes d'innovation : innovation de produit et de procédé, innovations techniques et innovations organisationnelles.
● Les politiques publiques de soutien à la recherche.
● Les dépenses de recherche-développement dans les différents pays et les différences de compétitivité.
● Les liens entre productivité et compétitivité.
● La place de la formation de la main d'oeuvre dans les performances des entreprises.
● Les firmes multinationales et la compétitivité.
● L'évolution des échanges commerciaux, la place croissante de certains pays en développement dans ces échanges.
● Les autres facteurs de compétitivité : l'organisation du travail, la formation de la main-d'œuvre, les coûts du travail.

B - QUELQUES REPERES POUR BIEN TRAITER LES DOCUMENTS

Document 1 : Le document montre quels sont les objectifs suivis par les entreprises qui innovent.
Les motifs principaux portent sur le maintien ou le développement des parts de marché, moins souvent sur des stratégies de maximisation des profits.
Document 2 : Le document rappelle ce que sont les pôles de compétitivité et l'implication des pouvoirs publics qu'ils révèlent.
On illustre ainsi ce que peut être une politique de soutien à l'innovation.
Document 3 : Il est question ici des efforts européens en matière d'innovation. La stratégie de Lisbonne vise à faire de l'Europe un espace dynamique de recherche, fondé sur l'innovation et la connaissance, pour faire face à la concurrence des Etats-Unis.
Document 4 : Le graphique montre une forte corrélation entre les dépenses de R/D(*) (en % du PIB) et l'indice de compétitivité pour quelques pays. La France n'est pas bien placée sur ce graphique, par rapport à d'autres pays industrialisés.
Document 5 : Les gains de productivité du travail sont différents selon les pays. On peut rattacher ces chiffres au document 4 en expliquant que les efforts d'innovation se traduisent par une plus grande efficacité globale (productivité) et favorisent une meilleure compétitivité pour certains pays.
Document 6 : Le document propose une analyse fine des innovations en France. Celles-ci ne sont pas suffisamment "radicales", c'est-à-dire porteuses de réelles nouveautés.
D'après l'auteur, il faudrait développer en France des innovations de rupture et pas seulement des améliorations des processus ou des produits existants. C'est à cette condition que l'on pourra améliorer nos performances, porteuses de croissance et d'emplois.
(*)R/D=recherche et développement

IV - LES PISTES DE REPONSES

Introduction

On assiste depuis les années 80 à une véritable accélération de la mondialisation, particulièrement dans le domaine économique. Les entreprises -multinationales ou non- sont confrontées désormais à une concurrence très vive sur leurs marchés nationaux ou à l'exportation. La recherche de compétitivité (soit le meilleur rapport qualité/prix) est ainsi devenue un impératif absolu. Les dirigeants d'entreprise mais aussi les pouvoirs publics ont -généralement- bien compris que l'innovation pouvait être un facteur essentiel de la compétitivité, à certaines conditions cependant.
Au niveau macro-économique, les résultats peuvent aussi révéler des différences en matière de politique de recherche.

Partie I : L'innovation permet à l'entreprise d'améliorer ses performances, sous certaines conditions.

A. L'innovation permet à l'entreprise de rester compétitive et de développer ses parts de marché.

B. Les meilleures performances s'obtiennent par des innovations "de rupture" (document 6) et sans négliger les autres facteurs de compétitivité (organisation du travail, compétitivité hors prix, coûts salariaux).

Partie II : Le soutien des pouvoirs publics à l'innovation se mesure dans les résultats macro-économiques des différents pays.

A. L'action des pouvoirs publics en matière d'innovation est diversifiée (les dépenses de R/D(*), le soutien aux pôles de compétitivité -document 2- et la stratégie de Lisbonne -document 3).

B. Liées à l'innovation, les performances macro-économiques des pays sont très inégales (croissance économique, résultats du commerce extérieur, différence de compétitivité (document 4), de productivité du travail, (document 5)).
(*)R/D=recherche et développement
.

Conclusion

A l'heure où des menaces de récession pèsent sur l'économie mondiale, la réflexion sur les facteurs de croissance est remise à l'ordre du jour.
En 1942, Schumpeter avait déjà désigné l'innovation comme une "destruction créatrice", favorable à la croissance. Il en est toujours de même aujourd'hui. Le progrès technique, en ce qu'il améliore les performances des entreprises dans une économie mondialisée, reste un vecteur essentiel de la croissance et de l'emploi.
Il est donc indispensable que l'action des pouvoirs publics se porte -ou se développe- sur ce point.

V - LES "PLUS"

● La part de l'Etat dans les dépenses de recherche-développement (plus élevée en France que dans les autres pays).
● Des
exemples d'entreprises innovantes : l'industrie pharmaceutique, l'aérospatiale...
● La mesure de la compétitivité d'un pays par les performances à
l'exportation ou la pénétration du marché intérieur.
● Les thèses de Joseph Aloïs
Schumpeter sur le rôle de l'innovation, la destruction créatrice.
● Le
déficit commercial en France, aux Etats-Unis, les excédents commerciaux en Allemagne et au Japon.
● La recherche de compétitivité par des
innovations organisationnelles (le toyotisme, les flux tendus...).

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