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Annales gratuites Bac ES : Mondialisation et culture

Le sujet  2008 - Bac ES - Sciences Economiques et Sociales - Question de synthèse Imprimer le sujet
Avis du professeur :

Le sujet porte sur les liens entre la mondialisation et les cultures nationales en s'interrogeant sur la force de l'effet d'uniformisation culturelle que favorise la mondialisation.
Le libellé du sujet vous permet de trouver assez aisément le plan de la synthèse dont le contenu renvoie à des éléments traités dans le cours. Les documents assez classiques et les questions précises qui les accompagnent permettent d'alimenter la réflexion que vous devez enrichir de quelques connaissances personnelles.

LE SUJET


Il est demandé au candidat :

1.    De conduire le travail préparatoire qui fournit des éléments devant être utilisés dans la synthèse.
2.    De répondre à la question de synthèse :
          - par une argumentation assortie d'une réflexion critique, répondant à la problématique donnée dans l'intitulé,
          - en faisant appel à des connaissances personnelles et,
          - en composant une introduction, un développement, une conclusion pour une longueur de l'ordre de trois pages.

Ces deux parties sont d'égale importance pour la notation.

Il sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l'expression et du soin apporté à la présentation.

THEME DU PROGRAMME :

Mondialisation, évolutions sociales et culturelles et régulation

I - TRAVAIL PREPARATOIRE (10 points)

Vous répondrez à chacune des questions en une dizaine de lignes maximum

1. À partir de l'indice d'implantation des hypermarchés Carrefour en Asie, pour l'année 2006 (base 100 en 1999), vous en déduirez le taux de croissance sur la période 1999 - 2006. (Document 1) (1 point)

2. Quel a été le coefficient multiplicateur des implantations d'hypermarchés Carrefour en Europe de 1999 à 2006 ? (Document 1) (7 point)

3. Illustrez le fait que la mondialisation des produits peut conduire à une acculturation. (Document 2) {2 points)

4. Expliquez la phrase soulignée. (Document 2) {2 points)

5. Un produit diffusé mondialement perd-il pour autant sa spécificité culturelle ? (Document 3) (2 points)

6. Pourquoi la tendance à l'homogénéisation culturelle n'a-t-elle pas anéanti les cultures locales ? (Document 3 et 4) (2 points)

II - QUESTION DE SYNTHESE (10 points)

Après avoir montré que la mondialisation favorise l'uniformisation culturelle, vous mettrez en évidence les limites de cette relation.

Document 2 :

La mondialisation culturelle participe activement à l'érosion de cultures singulières. Une sorte de "Coca-colonisation" s'opérerait dans laquelle les produits de fabrication industrielle se substitueraient aux produits locaux et régionaux, d'autant plus que ce mouvement semble échapper au contrôle des populations et des États. La mondialisation induirait une acculturation. En effet, les pays en retard font rapidement le choix, lorsque leurs revenus le permettent, de l'occidentalisation, repoussant ainsi leurs singularités culturelles. Dans ce contexte, la mondialisation culturelle participe à la fois à un rapprochement entre les peuples, à une atténuation des écarts de développement au prix d'une perte d'identité culturelle, mais aussi à renforcer les inégalités de développement entre les pays au prix d'un maintien de leurs identités culturelles.

Source : Daniel Fleutôt (sous la direction de), Sociologie : analyses contemporaines, Foucher, 2006.

Document 3 :

II est possible de distinguer trois types de produits mondiaux. Les premiers correspondent aux produits standardisés et anonymes qui ont perdu tout réfèrent culturel : c'est la pizza par exemple, dont on oublie presque les origines italiennes. La deuxième catégorie englobe les produits standardisés mais caractérisés par un imaginaire très fort. Le cas typique est celui du Coca-Cola, porteur d'un idéal américain, particulièrement valorisé par les pays du Sud. Ces produits se vendent car ils ont un fort pouvoir sécurisant. Enfin, la troisième famille de produits mondiaux rassemble des produits non standardisés mais clairement identifiés à une culture précise. Ainsi, les cuisines libanaise ou française séduisent tous les palais tout en conservant un certain cachet. C'est par désir de découvrir le reste du monde que l'on goûte à ce type de produit.
Certains produits de terroir, dits de résistance comme le Roquefort, peuvent ainsi faire l'objet de ce type de consommation. Il s'agit d'une consommation ethnique, très impliquante, car on veut découvrir la culture dont est issu ce produit. C'est alors un enrichissement, une diversité, et non une réduction.

Source : Robert Rochefort, Les cultures locales survivent à la standardisation de la consommation, in Le petit économiste illustré, Bréal, 2002.

Document 4 :

Un ethnologue qui séjourne deux ans dans une ville africaine aura un point de vue local sur la mondialisation des flux culturels. Au lieu de se situer du côté de l'offre ou de l'émission de culture mondialisée, il se situera du côté de la réception localisée. Ce qu'il constatera, sur le terrain, c'est une situation beaucoup plus complexe et contrastée que celle qu'on pourrait prédire à partir de l'offre mondialisée. Le point de vue global sur la mondialisation de la culture isole les produits culturels de leur contexte, les agrège par catégories et en quantifie la production et la distribution à l'échelle de la planète. Il est mal armé pour saisir la manière dont ces produits culturels sont reçus, domestiqués, réappropriés.

Source : Jean Pierre Warnier, La mondialisation de la culture, La Découverte, collection Repères, 2002.

LE CORRIGÉ


I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET

Le sujet porte sur les points du programme suivants : mondialisation, évolutions sociales et culturelles et régulation.

Le sujet -classique dans sa formulation- a l’intérêt de mettre en relation un phénomène le plus souvent analysé dans sa dimension économique et ses effets socioculturels.

Vous devez bien préciser ce que l’on entend par culture et réfléchir aux influences réciproques qui peuvent s’exercer entre d’un côté les agents et les mécanismes économiques et de l’autre les systèmes de valeur et les modes de vie propres aux différentes sociétés.

Les documents rappellent la distinction à faire entre les approches globales et chiffrées souvent simplificatrices et les réalités locales plus difficiles à saisir. Leur lecture attentive vous permet de bien traiter le travail préparatoire, puis de vous y référer dans votre synthèse.
Vous devez ajouter des connaissances personnelles, notamment sur les caractéristiques de la culture au sens sociologique de ce terme qui peut être défini et illustré de façon très variée.
Évitez de dévier du sujet en développant de façon excessive les dimensions et les conséquences multiples de la mondialisation.

II - LES OUTILS : SAVOIRS ET SAVOIR-FAIRE

Vous pouvez mobiliser vos connaissances sur les éléments suivants :
● La mondialisation, un phénomène multidimensionnel et ses effets sociaux induits.
● Le poids et les effets de l’intensification des échanges commerciaux liée au libre-échange.
● L’activité des entreprises transnationales et leurs effets sur les différentes sociétés.
● La consommation, un facteur de différenciation entre sociétés et une dimension de l’intégration dans l’espace économique mondial. Les risques de l'uniformisation culturelle.

● Les évolutions sociales et culturelles liées à la mondialisation et aux chocs culturels.
● Les notions
d’acculturation et de différenciation culturelle vues en Terminale. On peut aussi se référer à des éléments du cours de Première portant sur la culture au sens sociologique.
● Les documents présentent plusieurs éléments importants qui peuvent être enrichis par vos connaissances : poids des firmes transnationales, rôle des produits "mondiaux" et de leur consommation, influence des cultures particulières dans la réception et l’utilisation des produits importés.
● Les documents 2 et 3 illustrent
les effets contradictoires de la mondialisation sur le plan culturel (tendances à l’uniformisation et à l’enrichissement provoquées par les rencontres).
● Le document 4 rappelle utilement
le danger d’une vision ethnocentriste de la mondialisation qui n’analyserait l’effet des produits "mondiaux" du seul point de vue de leur diffusion (et de leurs diffuseurs) en oubliant celui de leur réception (et de leurs consommateurs).

III - ELEMENTS DE REPONSE AU TRAVAIL PREPARATOIRE

1. Entre 1999 et 2006 le nombre d'hypermarché Carrefour situé en Asie est passé de 82 à 210, soit d’un indice 100 à un indice 256,1, ce qui correspond à un taux de croissance de + 156,1 %. L’utilisation des indices permet d’obtenir directement ce taux de croissance que l’on peut aussi trouver à partir des valeurs absolues en appliquant la formule suivante [(valeur d’arrivée − valeur de départ)/valeur de départ]×100, soit [(210-82)/82]x100.

2. L’augmentation de 480 à 602 hypermarchés Carrefour localisés en Europe qui équivaut au passage d’un indice 100 à un indice 125,4 correspond à l’application d’un coefficient multiplicateur de 1,254. L’utilisation des indices facilite le calcul du coefficient multiplicateur égal au rapport entre la valeur d’arrivée et la valeur de départ puisqu’il suffit ici de diviser par 100.

3. L’importation et la consommation de produits dits "mondiaux" (comme la pizza) ou véhiculant le mode de vie et les valeurs de sociétés étrangères (comme le Coca-Cola) bousculent des traditions et des références et provoquent des changements socioculturels plus ou moins brutaux, ce que les sociologues et les ethnologues nomment une acculturation. Des populations sont ainsi prises entre deux cultures, deux modèles de référence qui peuvent être contradictoires.

4. L’auteur souligne un des paradoxes de la mondialisation qui, tend, d'un côté, à réduire les écarts entre les sociétés, et d’un autre côté, creuse les inégalités de niveau de vie et d’évolution en préservant les différences culturelles.

5.  La diffusion mondiale d’un produit par une firme qui exporte largement ou qui a délocalisé une partie significative de sa production n’aboutit pas nécessairement à en faire un produit sans attache avec son pays d’origine. En effet, si la vente d'un produit à l’échelle mondiale peut donner l’illusion d'une "world culture", l’achat et l’usage de ce même produit sont réalisés avec des systèmes de valeurs, ou d'habitudes particuliers. L’auteur insiste donc sur la différence de point de vue entre le côté de la diffusion (mondialisée dont uniformisante) et une lecture du côté de la réception (localisée donc différente selon les sociétés.)

6. La mondialisation a tendance à gommer les identités culturelles particulières et à uniformiser le monde autour d’idées et d’habitudes largement diffusées par les échanges commerciaux. Mais, cette tendance est freinée par la persistance d'identités culturelles particulières. D’une part, une partie des produits à diffusion mondiale (comme le roquefort ou la cuisine libanaise) restent très marqués par leur pays d’origine, d’autre part, la population de chaque pays reçoit ces produits de manière spécifique.

IV - UN PLAN POSSIBLE A  LA QUESTION DE SYNTHESE

INTRODUCTION

Le processus de mondialisation de l’économie qui concerne tant la production des biens et des services, les échanges commerciaux que les flux monétaires et financiers a un impact sur le fonctionnement des sociétés et sur leur système de valeurs. On parle ainsi de mondialisation culturelle pour qualifier la tendance à l’uniformisation des modes de vie et des systèmes de valeur. Quelle est la puissance de cette tendance ? Rencontre-t-elle des limites ? On établira comment la mondialisation favorise la tendance à l’uniformisation des cultures nationales. Nous montrerons ensuite les réactions des sociétés à la mondialisation qui permettent le maintien des identités culturelles.

Partie 1 : Le processus de mondialisation favorise une tendance à l’uniformisation des cultures nationales.

A. Une mondialisation culturelle est générée par le développement des échanges commerciaux qui tend à imposer une norme de consommation mondiale.
● La diffusion de " produits mondiaux " provoque des rencontres et des chocs culturels à l’origine d’une acculturation qui érode les particularités culturelles (exemple : les services et les produits Carrefour de plus en plus largement vendus en Europe, en Amérique et en Asie).
● L’intensification des flux commerciaux pousse à l’émergence d’une norme de consommation globale qui bouscule les habitudes, les modes de vie et les identités (exemple : la diffusion de Coca-Cola au détriment de la consommation de boissons locales, notamment les différents thés).
● En rapprochant les peuples, la mondialisation peut réduire les écarts de développement, mais c’est au prix d’un recul des identités culturelles nationales (exemple : l’essor d’Internet et ses effets).
● On voit aussi se répandre des produits sans référence culturelle particulière (exemple : la pizza).

B. L’uniformisation culturelle véhiculée par la mondialisation tend  à détruire les cultures nationales au profit d’une " world culture " assimilable à une occidentalisation du monde.

● Les économies les plus puissantes dont sont issus la majorité des firmes transnationales jouent un rôle moteur dans la diffusion des produits et dans l’uniformisation culturelle (Exemples : Windows, MacDonald’s, Carrefour, Toyota).
● Les valeurs et le mode de vie qui se répandent comme des modèles culturels sont essentiellement occidentaux et largement nord-américains (Exemples : le tourisme de masse, Coca-Cola, le blue-jean, les sitcoms télévisés).
● La standardisation gomme les identités culturelles et prend la forme d’une domination hégémonique occidentale (surtout nord-américaine).

Partie 2 : Les sociétés réagissent à la mondialisation selon leurs particularités culturelles qui ne s’effacent pas aisément derrière une hypothétique " world culture ".

A. Les différentes sociétés s’adaptent à la mondialisation en fonction de leurs caractéristiques culturelles

● Même lorsqu’elles sont confrontées à l’arrivée massive de produits étrangers, les populations les reçoivent en fonction de leurs habitudes et de leurs valeurs (Exemple : l’interprétation des films ou des séries télévisées).
● La majorité des produits dits mondiaux restent très fortement attachés à leur pays d’origine et renvoient donc à une identité culturelle particulière qui peut être reçue comme un enrichissement d’autres cultures (exemple : les cuisines " traditionnelles ").
● La mondialisation est loin d’avoir réduit les écarts de développement, de niveaux et de vie et de modes de vie, ce qui traduit la persistance d’identités culturelles particulières.

B. De nombreuses sociétés résistent à la tendance à l’uniformisation culturelle véhiculée par la mondialisation.

● Beaucoup de traditions et de dimensions du mode de vie demeurent propres aux différents peuples qui entendent les préserver (Exemples : les croyances religieuses, l’attachement aux équipes sportives nationales).
● Certains pays émergents qui deviennent des acteurs majeurs de la mondialisation affirment en même temps leurs valeurs et leur identité et en viennent de plus en plus à concurrencer l’hégémonie occidentale dans le domaine culturel (Exemple : la Chine ou l’Inde).
● Les États sont aussi des acteurs contribuant à la défense des identités culturelles (Exemple : " l’exception culturelle " française).
● La mondialisation a elle-même nourri des réactions de défense face à ce qui est parfois ressenti comme une source d’ethnocide (Exemples : ONG anti ou altermondialistes ; la destruction du MacDonald’s de Millau par José Bové et d’autres ; les courants souverainistes en France et dans différents pays européens).

CONCLUSION

Alors que la mondialisation est parfois présentée comme un rouleau compresseur écrasant tout ce qu’elle rencontre, l’uniformisation du monde rencontre des limites. L’identité culturelle est une dimension majeure des sociétés et si la mondialisation vient heurter des systèmes de valeurs et des modes de vie en les soumettant à un phénomène d’acculturation, on observe en même temps de fortes résistances qui préservent et réaffirment les différences culturelles souvent très anciennes. MacDonald’s n’a tué ni le canard laqué, ni le camembert au lait cru et rien ne permet de penser que cela soit appelé à changer de sitôt.

V - LES "PLUS"

● L’exemple de l’Europe pour montrer comment une forte intégration économique peut durablement cohabiter avec des fortes particularités nationales et donc culturelles.
● La résurgence du fait religieux et même de courants " fanatiques " (islamistes au Moyen-Orient ou chrétiens aux États-unis) comme une affirmation d’identités et de différences culturelles face à l’uniformisation liée à la mondialisation (ou à l’américanisation) culturelle.
● Vous pouvez faire référence au film " Babel " qui mêle une histoire qui se passe à la fois aux États-Unis, au Mexique, au Maroc et au Japon en montrant comment un même événement provoque des lectures et des réactions diverses selon sa culture d’appartenance.
● Vous pouvez évoquer les auteurs qui pronostiquent plutôt un affrontement qu’une uniformisation culturelle provoqué par la mondialisation, notamment l’auteur américain Huntington auteur du Choc des civilisations.

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