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Annales gratuites Bac ES : PCS et mesure des inégalités

Le sujet  2009 - Bac ES - Sciences Economiques et Sociales - Question de synthèse Imprimer le sujet
Avis du professeur :

Le sujet proposé en épreuve de synthèse est une réflexion sur la mesure des inégalités dans notre société.
C'est un sujet intéressant et abordable, normalement traité en classe. Vous pouvez utiliser vos connaissances personnelles pour enrichir l'analyse des documents et valoriser votre devoir.
LE SUJET


Thème du programme : La dynamique de la stratification sociale

(10 points)
I - Travail préparatoire :

Vous répondrez à chacune des questions en une dizaine de lignes maximum.

(1 point)
1. Donnez la signification de la valeur entourée dans le tableau. (Document 1)

(1 point)
2. Comparez la situation des cadres et professions intellectuelles supérieures à celles des ouvriers. (Document 1)

(2 points)
3. À partir d'exemples chiffrés tirés du tableau, montrez que les inégalités de revenu ne peuvent expliquer toutes les inégalités. (Document 1)

(2 points)
4. Expliquez la phrase soulignée. (Document 2)

(2 points)
5. Pourquoi la nomenclature de l'INSEE ne rend-elle pas compte des oppositions entre les actifs "stables" et "vulnérables" ? (Document 2)

(2 points)
6. Quelles inégalités le document 3 permet-il de mettre en évidence ?

(10 points)
II. Question de synthèse :

Après avoir rappelé l'intérêt des Professions et Catégories Socioprofessionnelles (PCS) pour rendre compte des inégalités économiques et sociales, vous montrerez les limites de cet instrument pour l'étude des inégalités.

Document 1 : Inégalités selon les catégories socioprofessionnelles (PCS)


Niveau de vie annuel moyen des individus du ménage(1) en 2004 (en €)

Taux de pauvreté en 2004 au seuil à 60 % du revenu médian (en %)

Taux de départ en vacances en 2004 (en %)

Espérance de vie des hommes à l'âge de 35 ans entre 1991 et 1999 (en années)

Ménages disposant d'une connexion à Internet en 2006 (en %)

Sont allés au cinéma au moins une fois au cours des 12 derniers mois en 2006 (en %)

Agriculteurs exploitants

14 076

33.2

38

43.5

38.8

39

Artisans, commerçants, chefs d'entreprise

22 131

15.6

67

43

62.5

50

Cadres, professions intellectuelles supérieures

30 036

90

46

82.9

81

Professions intermédiaires

21 090

2.9

78

43

66.9

73

Employés

16 594

9.8

63

40

47.9

58

Ouvriers

15 062

48

39

37.7

46

Retraités

17 427

8.4

53

-

16.3

26

Autres inactifs

16 251

20.9

66

28.5

25.4

(nd)(2)

Total

18 304

11.0

65

41

41.8

51.0

(1) Revenu disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de consommation (UC). On attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0.5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0.3 UC aux enfants de moins de 14 ans.
(2)(nd) : non disponible

Source : Insee d'après Enquête Revenus Fiscaux 2004, Insee Première n°1025 de juin 2005 et Enquête Permanente sur les conditions de vie (EPCV) 2007.

Document 2
Elaborée au tournant des années 1980 et 1990, la nomenclature PCS est-elle encore pertinente ? Certaines en doutent au vu de l'ampleur des évolutions qu'a connues la société française depuis 20 ans. De fait, la structure des emplois s'est modifiée, de nouveaux métiers, de nouveaux champs professionnels sont apparus, (cf. l'informatique, la communication), certaines professions ont été reclassées (instituteurs). L'explosion des emplois dans les services fragilise la nomenclature du groupe "employés" (discordances grandissantes entre emplois "qualifiés" et "non qualifiés" alors que la nomenclature est muette sur ce point).
Surtout les transformations majeures du marché du travail ont généré des clivages transversaux au sein des groupes sociaux : les emplois précaires et le chômage à répétition concernent des effectifs toujours plus importants, surtout parmi les jeunes. Le chômage de longue durée affecte durablement certains segments de la population. D'où des oppositions entre "stables" et "vulnérables", intégrés et marginalisés dont la nomenclature ne rend pas compte.

Source : Serge Bosc, Stratification et classes sociales, Armand colin, 2008.

Document 3: Taux de chômage selon le sexe et l'âge en 2006 (en %)



dont


Ensemble

25 à 39 ans

40 à 49 ans

50 ans ou plus

Hommes actifs immigrés
Hommes actifs non immigrés
Ensemble des hommes actifs

13.7
7.6
8.1

13.1
7.5
7.9

13.5
4.8
5.6

12.7
4.9
5.8

Femmes actives immigrées
Femmes actives non immigrées
Ensemble des femmes actives

17.9
9.0
9.6

22.7
9.3
10.3

13.2
6.7
7.2

13.7
5.5
6.2

Ensemble de la population active immigrée
Ensemble de la population active non immigrée
Population active totale

15.5
8.2
8.8

17.4
8.3
9.0

13.4
5.7
6.4

13.1
5.2
6.0

Note : résultats en moyenne annuelle.
Champ : France métropolitaine, individus de 15 ans et plus

Source : Insee, enquêtes Emploi du 1er au 4e trimestre 2006.


LE CORRIGÉ


I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET

Le sujet appartient au thème "Stratification sociale et inégalités". Des éléments pour le traiter peuvent aussi être empruntés au dossier d'introduction du programme.
L'analyse des inégalités est une question très présente dans le programme de Terminale, mais des connaissances du cours de Première - et même de seconde éventuellement - peuvent êtres utiles. Les documents sont très abordables et devraient vous aider à bien cerner le sujet et à répondre aux questions du travail préparatoire.
Il faut bien faire attention à ne pas rester centré seulement sur les inégalités économiques. Eviter de dévier du sujet en proposant une simple description des inégalités. Il faut bien réfléchir à l'utilisation de la grille des PCS - et de ses limites - dans l'analyse de ces inégalités.

II - LES OUTILS : SAVOIRS ET SAVOIR-FAIRE

Au cours de votre travail vous pouvez mobiliser les points suivants :
● L'origine de la grille des CSP (Insee 1950) puis des PCS (Insee 1982).
● L'analyse des classes sociales (chez Marx par exemple).
● L'évolution des catégories sociales depuis les années 80 : déclin des ouvriers, montée des professions intermédiaires et des cadres...
● L'essor des classes moyennes.
● La mesure des inégalités de revenus avec les déciles.
● Le rôle du capital culturel et du capital social dans la promotion sociale.
● Les inégalités devant la réussite scolaire (avec par exemple les thèses de Pierre Bourdieu sur l'école).
● Les problèmes de l'hétérogénéité des PCS qui les rendent moins pertinentes.
● L'aggravation des inégalités entre revenus du travail et revenus du patrimoine.
● L'évolution de la mobilité sociale.
● Les inégalités hommes/femmes.
● La montée de la précarité et de l'exclusion sociale.

III - ELEMENTS DE REPONSE AU TRAVAIL PREPARATOIRE

1. Ce chiffre signifie qu'en 2004 en France, 2,1% des cadres se trouvaient en dessous du seuil de pauvreté, c'est-à-dire qu'ils percevaient moins de 60% du revenu médian.

2. Les cadres et professions intellectuelles supérieures sont nettement avantagés par rapport aux ouvriers, sur tous les indicateurs présentés.
Ils perçoivent un revenu moyen deux fois plus important et sont beaucoup moins exposés à la pauvreté que les ouvriers. Des inégalités dans le mode de vie apparaissent très clairement. Les ouvriers partent moins souvent en vacances (48% d'entre eux contre 90% pour les cadres), sont moins nombreux à fréquenter le cinéma ou à disposer d'une connexion internet.
Il existe enfin un écart moyen de 7 ans dans l'espérance de vie entre les deux catégories.

3. Toutes les inégalités ne peuvent pas s'expliquer par des différences de revenus.
46% des ouvriers ont fréquenté le cinéma au moins une fois en 2006 contre 81% des cadres, alors que le coût d'une séance est relativement peu élevé. L'explication est donc plutôt socio-culturelle.
De même, le prix des ordinateurs et des connexions internet a considérablement baissé depuis une vingtaine d'années mais seuls 37,7% des ouvriers en disposent en 2006 contre 82,9% des cadres.

4. Ce passage suggère l'idée que les inégalités ne se trouvent pas seulement entre les groupes sociaux mais au sein même des catégories sociales. En effet, dans une même catégorie on peut trouver des individus beaucoup plus exposés que d'autres à la précarité ou au chômage. On sait par exemple que dans les catégories "ouvriers et employés" les taux de chômage des jeunes, ou leur niveau de salaire sont très différents de la moyenne de ces groupes.

5. La nomenclature INSEE ne peut pas rendre compte des oppositions entre les actifs stables ou instables car elle les classe d'après leur statut socio professionnel, et non d'après la qualité des emplois occupés. Ainsi, la catégorie de professions intermédiaires par exemple regroupe des techniciens qui, au moment de l'enquête, peuvent être en CDD (voire au chômage) ou en emploi dans leur entreprise depuis des années.

6. Le tableau présente le taux de chômage en 2006 pour diverses catégories d'actifs et montre ainsi l'inégalité devant l'emploi selon le sexe, l'âge et le fait d'être ou non immigré. Le taux de chômage le plus faible en 2006 est celui des hommes non immigrés de plus de 40 ans (soit 4,8%), et le plus élevé est celui des femmes immigrées de 25 à 39 ans (22,7%). Ce sont des critères (pourtant essentiels) qui n'apparaissent pas dans la nomenclature des PCS.

IV - UN PLAN POSSIBLE A LA QUESTION DE SYNTHESE

Introduction

La question des inégalités est une question centrale dans les sociétés modernes.
Tocqueville soulignait déjà en 1840 cette "passion des hommes pour l'égalité", qui les rendrait prêts à sacrifier leur liberté... Dans les années 70 Henri Mendras s'est attaché à montrer que le recul des inégalités pendant les Trente Glorieuses favorisait une certaine moyennisation de la société française. La fin de la prospérité et le renforcement des difficultés économiques depuis les années 80 ont cependant fait resurgir les problématiques des inégalités sociales, et des façons de les mesurer.
Ainsi la grille des professions et catégories socioprofessionnelles (P.C.S) proposée par l'INSEE en 1950, puis rénovée en 1982 est apparue longtemps comme un bon outil de description des inégalités. Beaucoup en soulignent cependant aujourd'hui les limites.

PARTIE I : La nomenclature INSEE des PCS est une illustration possible de la stratification sociale qui permet de mesurer les inégalités dans notre société.

    A. La construction de la grille des PCS
● Le classement des actifs lors des recensements ou des enquêtes-emploi.
● La recherche d'une
homogénéité sur le plan des statuts, des revenus, des qualifications
● Quelques repères sur l'évolution des PCS (déclin des agriculteurs et des ouvriers (depuis 1975), hausse des PCS les plus qualifiées)

    B. La mise en évidence des inégalités économiques
● Inégalités de revenus (cf. Document 1)
● Accès à
l'emploi = chômage et précarité selon les PCS et inégalités dans les conditions de travail
● Taux de pauvreté (cf. Document 1)
● Inégalités dans les conditions de vie : logement, vacances...

    C. La grille des PCS rend bien compte aussi des inégalités sociales
● Inégalités devant la santé et l'espérance de vie (cf. Document 1)
● Inégalités devant la
réussite scolaire et la mobilité sociale
● Inégalités d'accès aux loisirs
socialement valorisés : cinéma, théâtre, lecture... (cf. Document 1)

PARTIE II : Il existe cependant des inégalités économiques et sociales dont la nomenclature INSEE ne rend pas compte.

    A. Les difficultés économiques concernent aujourd'hui toutes les catégories sociales
● L'accès à l'emploi se différencie, au sein même d'une PCS. On y trouve des emplois stables et instables (cf. Document 2)
● La nomenclature INSEE ne rend pas bien compte de l'évolution des emplois (cf. Document 2)
● Les PCS sont devenues très
hétérogènes

    B. Le statut socio-professionnel est un critère possible mais il en est d'autres
● Les inégalités hommes - femmes : les écarts de salaire et de carrière entre les hommes et les femmes cadres par exemple.
● L'influence de l'âge sur les risques de précarité (cf. 
Document 2)
● Les écarts entre la population immigrée et non immigrée dans l'accès à l'emploi (cf. 
Document 3) et les salaires

    C. Un déplacement de la problématique sociale
● L'analyse sociologique s'est déplacée, en passant de l'étude des inégalités et des classes sociales à une analyse de l'exclusion (cf. Robert Castel et la désaffiliation sociale)
● La grille des PCS ne rend pas compte de l'exclusion sociale, ni des hiérarchies sociales qui se modifient

Conclusion

Les sciences sociales sont toujours à la recherche d'indicateurs, d'outils pertinents pour avancer dans leur compréhension du monde (le baromètre BIPE40 en est une illustration). La grille de l'INSEE, toujours utile à bien des égards, rencontre aujourd'hui des limites et on sent bien qu'il faudra l'améliorer. Une meilleure connaissance des inégalités est une condition indispensable pour essayer de les limiter. L'évolution de la situation sociale depuis l'automne 2008 (crise financière et économique) et la récession prévue pour 2009 (recul du PIB de 3% prévu par l'INSEE) exigeront la mise en place de politiques sociales nouvelles et mieux ciblées.

V - Les "plus"

La thèse d'Henri Mendras sur la moyennisation de la société
● L'analyse d'Alain Lipietz : le passage d'une société en "toupie" à une société en "sablier"
● Le rôle du capital culturel
● L'évolution de la grille de l'INSEE : des CSP (1950) aux PCS (1982) et les raisons de ce changement
● Le "BIPE40" (baromètre des inégalités) comme mesure des inégalités
● "Inégalités" ou "différences" ? Quel vocabulaire ?
● L'analyse de Robert Castel : la désaffiliation sociale


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