Le sujet 1998 - Brevet Série Collège - Français - Dictée |
Un singulier enfant que mon frère Jacques ; en voilà un qui avait le don des larmes ! D'aussi loin qu'il me souvienne, je le vois les yeux rouges et la joue ruisselante. Le soir, le matin, de jour, de nuit, en classe, à la maison, en promenade, il pleurait sans cesse, il pleurait partout.
Quand on lui disait : "Qu'as-tu ?" il répondait en sanglotant : "Je n'ai rien."
Et, le plus curieux, c'est qu'il n'avait rien. Il pleurait comme on se mouche, plus souvent, voilà tout.
Quelquefois mon père, exaspéré, disait à ma mère : "Cet enfant est ridicule, regardez-le... c'est un fleuve." A quoi elle répondait de sa voix douce : "Que veux-tu, mon ami ? Cela passera en grandissant ; à son âge, j'étais comme lui."
En attendant, Jacques grandissait ; il grandissait beaucoup même, et cela ne lui passait pas.
D'après Alphonse DAUDET, Le Petit Chose, Le Livre de poche, 1977, p. 14.
Jacques est mentionné au tableau.
Un singulier enfant que mon frère Jacques ; en voilà un qui avait le don des larmes ! D'aussi loin qu'il me souvienne, je le vois les yeux rouges et la joue ruisselante. Le soir, le matin, de jour, de nuit, en classe, à la maison, en promenade, il pleurait sans cesse, il pleurait partout.
Quand on lui disait : "Qu'as-tu ?" il répondait en sanglotant : "Je n'ai rien."
Et, le plus curieux, c'est qu'il n'avait rien. Il pleurait comme on se mouche, plus souvent, voilà tout.
Quelquefois mon père, exaspéré, disait à ma mère : "Cet enfant est ridicule, regardez-le... c'est un fleuve." A quoi elle répondait de sa voix douce : "Que veux-tu, mon ami ? Cela passera en grandissant ; à son âge, j'étais comme lui."
En attendant, Jacques grandissait ; il grandissait beaucoup même, et cela ne lui passait pas.
D'après Alphonse DAUDET, Le Petit Chose, Le Livre de poche, 1977, p. 14.
Jacques est mentionné au tableau.