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Annales gratuites Brevet Série Collège : Texte de Andrée Chédid

Le sujet  1999 - Brevet Série Collège - Français - Questions Imprimer le sujet
LE SUJET

(Juste avant la secousse, un vieillard, Simm, se promène avec son chien, Bic, puis discute avec un jeune homme qui ouvre ses volets)

Le grondement venait des entrailles de la terre. Simm se sentit poussé entre les omoplates. La surface de la chaussée remuait comme de l'eau. Bic perdit pied, glissa vers l'arrière, disparut ; le vieil homme ne parvenait pas à se maintenir debout. Il tomba à quatre pattes, le sol se sauvant sous ses genoux. Epouvanté, il chercha la fenêtre des yeux.

La façade se contracte, ondule, se plisse autour de l'ouverture. Pris au piège, le jeune homme bascule à l'intérieur de sa cage.

Au loin, des morceaux de collines roulent vers la vallée. Au large, la mer, boursouflée, inquiétante, progresse en bouillonnant.

Ici, les murs oscillent, se séparent interminablement. Arbres, poteaux se brisent dans un craquement infernal.

La poussière aveugle Simm, le prend à la gorge. Derrière un rideau de cendres, il aperçoit ce bras, de nouveau levé, mais qui ne complétera pas son geste.

Ce visage, qui n'est plus que grimace. Cette bouche, qui n'est plus qu'un cri. Le vieil homme assiste, impuissant, à l'effondrement de toute la façade, à la chute du jeune inconnu aspiré par les fonds.

Une série de secousses succède au tremblement initial. La foudre s'est nichée dans le ventre des pierres pour les faire éclater. Une trépidation violente s'empare des murs. Des briques volent. L'une d'elles frappe Simm au front et le blesse.

Pluie de vitres, balcons effondrés, antennes de télévision arrachées, bâtisses qui s'affalent déversant leurs habitants dans des sépulcres béants.

- Non !... Non !... Ce n'est pas vrai. Ça ne peut pas être !
Ce salut, ces paroles, cette terre reconnue, partagée, cette jeune vie, ces instants, ce geste... détruits, volatilisés !

Ça ne doit pas être !

Cela est.

Andrée CHEDID, L'Autre, Flammarion.

 

I - GRAMMAIRE

1) A partir de "La façade"

a) Quel changement de temps observez-vous ?

b) Quelle est la valeur de ce temps ?

c) Quel effet le choix de ce temps crée-t-il ?

2) "Non !... Non !... Ce n'est pas vrai. Ça ne peut pas être !"

a) Réécrivez ces lignes en transposant les paroles rapportées directement en paroles rapportées indirectement. Commencez par : Il s'exclama...

b) Quels éléments n'avez-vous pas pu transposer ? Que traduisaient-ils ?

c) Déduisez-en l'intérêt des paroles rapportées directement.

3) "Ça ne doit pas être !", "Cela est"

a) Quel est le type et quelle est la forme de chacune de ces phrases ?

b) Quel sentiment différent exprime chacune d'elles ?

 

II- VOCABULAIRE

1) Trouvez, dans le texte, deux noms dont le sens est proche du nom "trépidation".

2) "Interminablement"

a) Décomposez cet adverbe en nommant ses composants.

b) Trouvez, dans le texte, un adjectif formé avec le même préfixe. Quel est le sens de ce préfixe ?

3) "Le jeune homme bascule à l'intérieur de sa cage"

a) Que représente ici "la cage" ?

b) Trouvez dans la même phrase une expression qui justifie le choix de ce mot.

c) Nommez la figure de style utilisée.

 

III - COMPREHENSION

1) a) "La façade se contracte, ondule, se plisse autour de l'ouverture."
Quel est le point commun de ces verbes ?

b) Trouvez deux autres verbes ayant le même sens et rendant compte du même phénomène du début du texte jusqu'à "bouillonnant".

c) Montrez, dans le passage allant de "La façade se contracte" à "par les fonds", que la description s'attache à exprimer la progression du phénomène.

d) De quel phénomène s'agit-il ?

2) Quels sont les sentiments successifs éprouvés par le vieil homme, Simm, face à la catastrophe ? Justifiez vos réponses en citant le texte.

LE CORRIGÉ

I - GRAMMAIRE

1) a) Le changement de temps que l'on observe est que l'on passe d'un récit au passé à un récit au présent.

b) C'est un présent de narration.

c) Le fait de choisir le présent rend le texte plus vivant, il l'actualise. De cette manière, le lecteur vit la catastrophe.

2) a) Au style indirect, la phrase est :
Il s'exclama que ce n'était pas vrai, que cela ne pouvait pas être".

b) Les éléments que nous n'avons pu transposer sont les deux "Non !", les points de suspension et les points d'exclamation.
Ils traduisent l'émotion du narrateur, son incrédulité.

c) Les paroles rapportées directement rendent mieux l'émotion qu'éprouvent les personnages.

3) a) "Ça ne doit pas être !" est une phrase exclamative de type négatif.

"Cela est" est une phrase déclarative de type affirmatif.

b) "Ca ne doit pas être !" exprime l'incompréhension et la révolte du narrateur face au tremblement de terre.

"Cela est" exprime le caractère inexorable de ce qui s'est passé.

 

II - VOCABULAIRE

1) "Une série de secousses" et "tremblements" ont un sens proche du nom "trépidation".

2) a) "Interminablement" peut se décomposer en :
- préfixe "in"
- radical : l'adjectif au féminin "terminable"
- suffixe "ment" qui sert à former les adverbes de manière

b) "Impuissant" est formé avec le même préfixe. Ce préfixe a un sens négatif.

3) a) "La cage" représente ici sa maison qui se transforme en piège dont l'on ne peut pas sortir.

b) Le terme "piège" justifie l'emploi du terme "cage".

c) Il s'agit d'une métaphore.

 

III - COMPREHENSION

1) a) Le point commun entre ces verbes est qu'ils expriment les transformations violentes que subit la façade, le fait qu'elle est déformée sous l'action du tremblement de terre.

b) Les deux autres verbes ayant le même sens sont "roulent" et "oscillent".

c) Les mots permettant d'exprimer la progression du phénomène sont "au loin", "au large", "ici" pour décrire l'ampleur du phénomène.
Puis, la description du jeune homme qui disparaît dans la maison montre la progression du phénomène : "le jeune homme", "ce bras", "ce visage", "cette bouche".

d) Il s'agit d'un tremblement de terre dans lequel est enseveli le jeune homme.

2) Les sentiments éprouvés par Simm sont : la terreur ("épouvanté"), l'impuissance ("le vieil homme assiste, impuissant") et l'incrédulité face à la catastrophe ("Non !... Non ! ... Ce n'est pas vrai. Ça ne peut pas être !").

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