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Annales gratuites Brevet Série Collège : Texte de Maurice Denuzière

Le sujet  1999 - Brevet Série Collège - Français - Questions Imprimer le sujet
LE SUJET

Ce fut, au bout d'une demi-heure, le déchargement étant commencé, que l'on prit à nouveau conscience de l'absence de Pierre.

"Où se cache-t-il encore ? Quand on a besoin de lui, il se défile", cria Agnès du fond du salon.

Sophie, penchée sur le palier de l'étage, déclara qu'elle n'avait pas vu son frère.

"Je vais le trouver", lança Jérôme.

Ces appels restant sans effet, il interrogea deux déménageurs qui tentaient d'introduire la bonnetière (1) dans la cage de l'escalier.

"Avez-vous vu mon fils ?

- Vous avez un fils... aussi ? dit l'homme dont le front ruisselait de sueur.

- Nous étions ensemble quand nous nous sommes arrêtés sur l'autoroute... Je pense qu'il a dû monter dans votre camion.

- Vous voulez parler du petit garçon aux poissons rouges ? Il n'est pas venu avec nous.

- Il est allé au lavabo rajouter de l'eau dans son bocal, nous on est partis sans le revoir", dit le second compagnon, qui trouvait sous sa charge le moment mal choisi pour tenir une conversation.

Jérôme interrogea les autres déménageurs et acquit la certitude que Pierre n'était pas venu avec eux.

"Mais alors, s'il n'est pas avec vous..., il est resté là-bas... Nous l'avons oublié, dit le père atterré.

- Nous avons laissé Pierre sur l'autoroute, il n'est pas ici", lança-t-il assez fort pour que sa femme et sa fille entendent.

Elles le rejoignirent aussitôt.

"C'est encore un de ses tours... Il se cache... Pierre ne se laisse pas oublier comme ça", dit Mme Paulain, dont la rancune étouffait l'inquiétude qu'elle aurait immédiatement manifestée en d'autres circonstances.

Jérôme prit un ton grave et ferme :

"Pierre n'était pas avec les déménageurs, je les ai interrogés. A l'heure qu'il est, Dieu sait où il se trouve.

- Mon Dieu, il était si triste depuis l'histoire des verres cassés et parce que maman ne l'a pas embrassé hier soir !... Peut-être a-t-il voulu nous quitter..., gémit Sophie.

- Tu t'es montrée injuste envers lui, Agnès, et il a pris ça très à cœur. Pierre est beaucoup plus sensible qu'il ne paraît..., ajouta Jérôme.

- Il faut le retrouver, Jérôme, téléphoner à la gendarmerie, prendre la voiture et retourner où nous l'avons laissé... Dépêche-toi, Jérôme, je t'en conjure. S'il arrive quelque chose à Pierre, je ne me le pardonnerai jamais.

Les déménageurs, comprenant qu'une tragédie familiale se jouait sous leurs yeux, faisaient cercle autour des trois Paulain blêmes d'angoisse.

Le chef d'équipe se montra rassurant :

"Je connais les garçons, ma p'tit' dame, j'en ai quatre. Ils sont débrouillards. Le vôtre va faire du stop et vous le verrez arriver tout jobard, avec son bocal à poissons.

- De l'auto-stop... Ah ! Seigneur, faites que mon petit garçon me soit rendu !" clama Agnès.


D'après Maurice DENUZIERE, Pour amuser les coccinelles, Lattès, 1982.

(1) sorte d'armoire.

 

I - GRAMMAIRE


1) Quels sont les personnages désignés par "on" dans les expressions
suivantes ?

- "que l'on prit à nouveau conscience"
- "on est partis sans le revoir"

2) "Sophie déclara qu'elle n'avait pas vu son frère"
Réécrivez le passage en gras au discours direct.

3) "Dépêche-toi, Jérôme"
"Ah ! Seigneur, faites..."
Quel est le mode employé ? Dans chacune des phrases, quelle est la valeur de ce mode ?

4) "Ces appels restant sans effet"

a) Remplacez cette proposition subordonnée participiale par une proposition subordonnée conjonctive de même sens.

b) Précisez la fonction de cette proposition.

 

II - VOCABULAIRE


1) "Quand on a besoin de lui, il se défile"
Expliquez le sens du verbe "se défile" dans le texte.

2) "Dont la rancune étouffait l'inquiétude"
Expliquez le sens du verbe "étouffer".

3) "Atterré", "tragédie", "blêmes d'angoisse"
A quel champ lexical du domaine des sentiments ces mots ou expressions appartiennent-ils ?

4) Relevez dans le texte deux mots ou expressions appartenant au registre familier et deux autres appartenant au registre soutenu.

 

III - COMPREHENSION


Toutes les réponses devront être rédigées et devront s'appuyer sur le texte.

1) Quel est le nom de la famille ? Donnez le prénom de chacun de ses membres en précisant les liens de parenté.

2) A partir des quatre répliques de la mère, montrez l'évolution de ses sentiments.

3) Montrez que ce texte a des aspects comiques en donnant un exemple de comique de situation et un exemple de comique de langage.

LE CORRIGÉ

I - GRAMMAIRE


1) "Que l'on prit à nouveau conscience"
"On" désigne "les trois Paulain" : Agnès, la mère, Jérôme, le père, et Sophie, la sœur de Pierre.

"On est partis sans le revoir"
"On" désigne les deux déménageurs.

2) "Sophie déclara qu'elle n'avait pas vu son frère" donne au discours direct :
Sophie déclara : "Je n'ai pas vu mon frère".

3) "Dépêche-toi Jérôme"
Le verbe est à l'impératif et exprime un ordre.
"Ah ! Seigneur, faites..."
Le verbe est à l'impératif et exprime un conseil.

4) a) "Ces appels restant sans effet" devient "comme / puisque ces appels restaient sans effet".

b) Cette subordonnée conjonctive est complément circonstanciel de cause du verbe interroger.

 

II - VOCABULAIRE


1) "Quand on a besoin de lui, il se défile"
Dans le texte, "se défile" signifie : se dérobe.

2) "Dont la rancune étouffait l'inquiétude"
Le verbe étouffer signifie ici que la rancune de la mère l'empêche de manifester son inquiétude : elle en veut trop à Pierre pour être inquiète.

3) "Atterré", "tragédie", "blêmes d'angoisse" : ces mots ou expressions appartiennent au champ lexical de l'inquiétude.

4) Deux mots ou expressions appartenant au registre familier :
"il se défile" et "jobard".
Deux appartenant au registre soutenu :
"Faites que mon petit garçon me soit rendu !"
"Je t'en conjure !"

 

III - COMPREHENSION


1) La famille Paulain comprend : Jérôme et Agnès, le père et la mère, Sophie et Pierre, les enfants.

2) Les sentiments de la mère de Pierre évoluent de la rancune à l'angoisse :

"Quand on a besoin de lui, il se défile".
"Mme Paulain dont la rancune étouffait l'inquiétude".
"S'il arrive quelque chose à Pierre, je ne me le pardonnerai jamais".
"Seigneur, faites que mon petit garçon me soit rendu !"

3) Ce texte comporte des aspects comiques :

"Le second compagnon, qui trouvait sous sa charge le moment mal choisi pour tenir une conversation".

"Les déménageurs, comprenant qu'une tragédie familiale se jouait sous leurs yeux".

Il s'agit, dans ces deux exemples, de comique de situation.

"Avez-vous vu mon fils ?
- Vous avez un fils... Aussi ?"

"Mais alors, s'il n'est pas avec vous..., il est resté là-bas... Nous l'avons oublié.
- Nous avons laissé Pierre sur l'autoroute, il n'est pas ici."

Ces deux passages comportent des répétitions amusantes et sont un exemple de comique de langage.

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