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Annales gratuites Bac 1ère ES : Départ de Bétique

Le sujet  2010 - Bac 1ère ES - Français - Ecriture d'invention Imprimer le sujet
Avis du professeur :
L'invention propose une réécriture sous l'angle d'un bouleversement de l'énonciation. C'est vous (simple invitation à écrire à la première personne) qui décidez de partir.
La difficulté consiste à prendre le contrepied de l'auteur qui dans ce texte critique de manière évidente les valeurs du monde moderne, en présentant la Bétique comme idéale, pour en voir tous les défauts ou les manques.
LE SUJET

Invention

Vous avez séjourné en Bétique. Déçu, vous décidez de partir. Ecrivez le discours d’adieu que vous prononcez devant les habitants.



LE CORRIGÉ

I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET

Sujet

Contraintes

Vous avez séjourné en Bétique...

  • Analyser les caractéristiques de l’utopie de la Bétique.

.... Déçu, vous avez décidé de partir.

  • « Déçu » : signifie que vous devez contester cette utopie.

Vous rédigez…

  • Vous : le candidat devient un personnage de fiction qui aurait séjourné en Bétique. On peut penser que l’argumentation de ce « Vous » puisse reposer sur une expérience contemporaine du monde et non sur celle du XVII.

le discours d’adieu…

  • Discours donc art oratoire.

que vous prononcez devant les habitants.

  • S’adresse aux habitants : donc tenir compte de la caractérisation de ces derniers.



Il s’agit de repérer dans le texte de Fénelon la problématique sous-jacente derrière la critique d’une civilisation raffinée qui se développerait au détriment des vertus naturelles et essentielles. Que privilégier ? La satisfaction des besoins naturels et essentiels ou la satisfaction des désirs liés au développement des arts et des sociétés ?

Analyser les caractéristiques de l’utopie de la Bétique : clémence du climat et abondance naturelle tant en fruits de la terre, qu’en ressources, or et argent. Beauté naturelle.

« Déçu » signifie que vous devez contester tout ou partie de ce monde idéal. Or, le passage offre un discours rapporté au style direct, où les habitants de la Bétique condamnent une société ayant développé les arts et le « superflu ». Ce passage incite à la réfutation et à l’éloge d’une civilisation qui allie la satisfaction du nécessaire et des plaisirs.

Adresse aux habitants : tenir compte de la caractérisation de ces derniers, « simples et heureux dans leur simplicité » ; « ils n’estiment que ce qui sert véritablement aux besoins de l’homme » ; « ils sont presque tous bergers ou laboureurs. On voit en ce pays peu d’artisans ».

Art de la rhétorique développé dans le discours rapporté.

Vous : le candidat devient un personnage de fiction qui aurait séjourné en Bétique. On peut penser que l’argumentation de ce « Vous » puisse reposer sur une expérience contemporaine du monde et non sur celle du XVIIe siècle.



Caractéristiques générales du texte attendu 

Genre littéraire : Discours
Type de texte : Argumentatif

Enonciation : JE (le locuteur) /VOUS (le destinataire)
Niveau de langue : courant, et si possible soutenu, mais surtout pas familier.



II - LES DIFFERENTS TYPES DE PLANS POSSIBLES

Quel que soit le plan choisi, on attend du candidat qu’il discute les liens entre bonheur et vertu, bonheur et satisfaction des besoins nécessaires ou des sens ou des désirs superflus.

Proposition 1 : La construction du discours procède d’un mouvement de concession-réfutation si l’on veut tenir compte de la « simplicité » accueillante des habitants de Bétique. On mettra donc en valeur les avantages et bienfaits de cette utopie pour en souligner ensuite les éventuels défauts ou manques.

Proposition 2 : On peut imaginer un discours d’adieux faisant écho au discours introduit en fin d’extrait (il sera plus polémique et frontal) et suivre l’organisation du modèle avec condamnation d’une « vie simple et frugale » en accroche et développement avec questions rhétoriques ou oratoires.



III - LES PISTES DE REPONSES

Arguments du texte-support à travailler 

Arguments du texte support

Valorisation des arguments

Réfutation des arguments

Clémence du climat

(l. 4-8)

Favorable à l’agriculture et à l’élevage. (l. 8-9 ; 10-11)

Monotonie du climat, goût pour la variété des paysages selon les saisons ; plaisir lié au froid vivifiant ou à la chaleur langoureuse.

Abondance naturelle de biens

Désintérêt pour l’or et l’argent, ignorance du luxe, absence de commerce et d’échange avec l’extérieur : pas de perversion morale liée à la rareté ou au manque.

Paresse intellectuelle, car un travail simple et élémentaire est suffisant : pas de développement technique. Absence d’échanges avec l’extérieur : manque d’ouverture d’esprit, repli sur soi.

Abondance naturelle de biens

Agrément de cette abondance naturelle aux sens des hommes.

(l. 6-7)

La nature fournissant tous les agréments, les hommes se privent du développement de leur imagination pour les produire par eux-mêmes.

Vertu liée à la satisfaction des besoins (l. 13-14; 17)

La satisfaction de désirs raffinés (l. 22-24) liés au développement des arts (architecture, arts décoratifs, arts libéraux : confort matériel ; satisfaction du goût et de l’ouïe) corrompt les individus (l. 25-27).

Cette satisfaction de désirs « superflus » permet à l’homme de développer

« travail et industrie », donc est stimulante et développe l’énergie.

Le superflu est condamnable

(l. 26-28)

Superflu = corruption de deux natures :

« amollit, enivre, tourmente ceux qui le possèdent » = perte de la maîtrise de soi

« injustice et violence » pour « ceux qui en sont privés » = perte de la vertu originelle et perturbation sociale.

C’est l’excès de ce superflu qui est condamnable et non ce que l’on appelle à tort le superflu qui correspond en fait à une sorte d’élévation des besoins à des désirs satisfaisants la partie la plus noble de l’homme : son esprit.

Vanité du développement des arts et du luxe

Questions rhétoriques réfutant les avantages possibles d’une civilisation du luxe : santé l. 29-30 ; longévité, l. 30 ; sociabilité et concorde « plus unis »,

« une vie plus libre, plus tranquille, plus gaie » ; bonheur

Souligner les avantages d’une société cultivant les arts et le « superflu » : les bâtiments mieux construits protègent des intempéries avec plus d’efficacité ; la beauté contente l’esprit et les sens ; le développement des arts stimule l’émulation.



On peut donc développer un discours qui reprendrait soit l’éloge soit la réfutation de tout ou partie de ces éléments.

1. Procédés d’écriture attendus : Apostrophes, questions rhétoriques ou oratoires, comparaisons entre société en Bétique et société développée au XXIe siècle.

2. Procédés possibles : L’accumulation, l’ironie ou la reprise du discours proposé dans l’extrait avec renversement des propositions.

Développement d’exemples précis liés à notre civilisation faisant la démonstration de la pertinence des arguments de l’extrait ou au contraire proposant leur réfutation. La téléphonie mobile, l’internet nous asservissent par le besoin incessant de communication (validité de l’argument) mais ils permettent aussi l’échange de points de vue et donc stimulent la réflexion ou l’esprit critique (réfutation de l’argument).



IV : TRAITEMENT POSSIBLE DU SUJET

Début

« O habitants de la Bétique ! Je ne sais encore comment vous remercier de votre généreux accueil. Vos terres merveilleuses, vos climats heureux, vos fruits délicieux auraient su arrêter mes pas ; ma faim satisfaite, mon corps épuisé reposé et restauré, j’aurais eu plaisir à partager vos joies innocentes et frugales. Votre Bétique offre au voyageur venu des terres où l’on cultive le superflu comme vous cultivez le nécessaire un visage bien exotique et surprenant. Si elle charme, elle étonne en même temps. La nature si abondante et si généreuse favorise aussi bien la faim que les yeux : les arbres toujours verts et fleuris embaument et fournissent des fruits savoureux. Souci ignoré que l’inquiétude de voir le froid attaquer les branches, mais aussi joie inconnue que celle d’un printemps vigoureux qui recouvre d’un voile vert le squelette ombrageux. Vous ne connaissez qu’une saison, certes des plus clémentes mais si uniforme. J’ai peur de souffrir d’ennui à compter des jours semblables aux précédents. Je ne connais que la variation incessante des impressions et votre pays n’offre qu’une sensation uniforme. Peut-être ai-je été perverti, comme vous le suggérez par des habitudes artificielles mais aussi par la rigueur d’un climat que vous ignorez et qui nous fait mieux goûter le retour des beaux jours …. »

Pour une fin :

« … Je pars donc puisqu’il m’est impossible de renoncer à ces plaisirs que vous condamnez mais qui mériteraient plus d’indulgence. S’il est bon qu’une société apporte à ses concitoyens l’abondance nécessaire à satisfaire les besoins vitaux, qu’elle favorise ainsi le développement des vertus de probité et simplicité, elle peut se risquer à exciter l’énergie créatrice de l’homme et à stimuler en lui toutes ses capacités intellectuelles, sensitives et créatrices. Je ne saurais me priver plus longtemps des agréments d’une lecture que seule une société s’occupant du superflu peut me procurer. Lire Les Aventures de Télémaque en Bétique serait une gageure ! Car qui en ces terres se préoccuperait d’apprendre à lire et écrire, qui en ces terres se préoccuperait des péripéties narrées par ce conteur moraliste qu’est Fénelon ? Avec le développement du superflu et du luxe se sont développés les arts exigeant de nous la réflexion et l’imagination. Ce sont des plaisirs peut-être inutiles, mais ô combien bénéfiques !



V - LES FAUSSES PISTES

La déception consistant à regretter dans ce monde le développement des arts et des techniques, les inventions du monde moderne et ses plaisirs, il aurait été hasardeux de faire porter la déception sur autre chose.





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