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Annales gratuites Bac S : La politique, science ou art ?

Le sujet  2002 - Bac S - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
LE SUJET

 

La politique est-elle une science ou un art ?

LE CORRIGÉ

I - LES TERMES DU SUJET

A - LA POLITIQUE : DEUX SENS POSSIBLES

1) Le domaine politique

Les institutions chargées de faire exister les choses publiques, "res publica" : question de l'Etat, de sa constitution, de l'organisation des pouvoirs destinés à réguler la vie sociale, à harmoniser les intérêts individuels.

2) La vie politique

- Les rapports de force entre les partis et surtout l'importance de la décision.
- La politique du point de vue du gouvernement.
- L'exercice du pouvoir impliquant une relation entre gouvernant et gouvernés.

B - SCIENCE : PLUSIEURS NOTIONS S'Y RATTACHENT

1) La raison

La science est synonyme de connaissance rationnelle.

2) Les lois

Exemple : les lois de la nature, c'est-à-dire des relations constantes et déterminées entre des paramètres.
L'union des deux définit la science comme une recherche de la vérité : la science démontre, expérimente. Elle est de l'ordre de la théorie.

C - L'ART

Il implique des règles puisque c'est un savoir faire. A la différence de la science, il est d'ordre pratique ou pragmatique : l'art permet d'agir et de transformer, il concerne aussi bien l'action que la production. Il concerne moins la vérité que la réussite d'une entreprise. Il requiert de l'habileté et une forme de raisonnement. Il faut savoir juger pour bien faire.

II - L'ANALYSE DU PROBLEME

Il s'agit de montrer comment la politique est justiciable d'une approche théorique et pratique. Il faut, de plus, montrer que cette dualité concerne le statut de la raison.

Au premier sens du terme, la politique concerne la théorie de l'Etat : Qu'est-ce que l'Etat ? Quelle est l'originalité de cette forme de pouvoir, sa nécessité, et que doit-il être pour être juste ? Qu'est-ce que de bonnes lois ?

Au deuxième sens du mot politique, on fait valoir la nécessité d'un art de gouverner car c'est une pratique avec ses exigences propres.

Dans les deux cas, la raison est présente mais sous des formes différentes, dont il faut examiner les rapports.

III - UNE DEMARCHE POSSIBLE

A - POSITION DU PROBLEME

On pourrait partir du constat suivant : on parle de sciences politiques et d'art de gouverner. Pourquoi cette dualité ? Que nous apprend-elle sur la politique ?
Il faut distinguer ici les deux sens du mot : la politique comme l'ensemble des institutions, organisation rationnelle, et la politique comme décision. On s'attachera donc dans cette première partie à effectuer un travail d'analyse des notions assez précis.

B - THEORIE DE L'ETAT ET ART DE GOUVERNER

En s'appuyant sur les définitions précédentes, on montrera la légitimité de ces deux dimensions.

1) L'homme est un être pensant

Il doit réfléchir aux modalités de sa vie en commun. L'homme n'est pas gouverné par l'instinct. Il est bon qu'il débatte de la meilleure façon de vivre, qu'il examine les fondements possibles de l'autorité politique, d'où l'idée d'une science de l'Etat.
Cependant, la vie politique est action, donc changement, imprévisibilité. Il faut un savoir-faire, donc un art pour gérer les oppositions d'intérêt et mener une action à bon port à l'intérieur du cadre des lois.

2) Deux figures apparaissent ainsi

Celle du théoricien de la politique, le philosophe, et celle de l'homme politique qui exerce le pouvoir. Peut-on parler d'une supériorité de l'un sur l'autre ?

C - LE RAPPORT THEORIE-PRATIQUE

1) La pratique est-elle une théorie appliquée ?

Non : elle ne l'est pas et ne peut pas l'être. Il y a une spécificité de l'action. La politique est faite des passions humaines et demande un art de la décision opportune.
Le théoricien ignore la réalité de l'exercice du pouvoir.

2) Cependant la théorie reste nécessaire

En effet, elle clarifie les valeurs fondamentales et réfléchit aux institutions. Sans cette réflexion, l'art ne serait qu'une technique de manipulation.
Il faut donc conserver la dualité en y voyant deux expressions de la nécessité de la raison en politique, mais sans prétendre résorber cet écart qui est générateur de tensions.

IV - DES REFERENCES UTILES

- Spinoza, Traité Politique, livre I
- Aristote, Ethique à Nicomaque (sur la prudence)
- Hegel, Principes de la Philosophie du Droit.
- Machiavel, Le Prince

V - LES FAUSSES PISTES

Ne pas voir l'origine commune du problème et juxtaposer deux parties (sur la science puis sur l'art), ce qui conduirait à une conclusion sans fondement.

VI - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR

Sujet classique qui oblige à bien définir les notions. Il permet de voir si le candidat sait construire une problématique.

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