Interview réalisée par France-examen

Comment expliquez-vous le résultat de votre collège dans le palmarès national ?

Il faut savoir que sur les 146 élèves de troisième du Collège Bossuet, à peine la moitié s'oriente vers la seconde générale et technologique, mais je ne peux parler que de cette année. Les autres partent vers la voie professionnelle : Bac Pro, CAP... Pour ces derniers, le brevet est peut-être le seul examen de leur vie. C'est un peu leur Everest. Qu'ils n'aient aucune mention, ce n'est pas grave. Ce qui m'intéresse, ce sont les élèves qui n'ont à priori aucune chance de réussir cet examen. Il est sûr que si je les renvoyais pour ne garder que les meilleurs, j'aurais des statistiques magnifiques. Mais je m'y refuse. Ce qui me ferait plaisir, c'est qu'on donne à notre collège une mention pour notre capacité à faire progresser les enfants les plus en difficulté.

Justement, vous favorisez beaucoup l'accompagnement de cette catégorie d'élèves...

Nous accueillons des enfants à haut potentiel de la France entière en échec scolaire, parfois déscolarisés, des SEGPA, des gamins en souffrance et pas seulement affective. J'aime les enfants pas comme les autres. Pris un à un, ils sont magnifiques ! Ce qui m'importe, c'est de les accepter tels qu'ils sont, de les mettre sur le seuil d'un nouveau chemin, de leur donner l'estime d'eux-mêmes. J'ai un faible pour les élèves qui se considèrent comme des cancres et qui se battent pour en sortir. Mon objectif c'est de récupérer ces élèves en difficulté et de leur dire : ensemble, on va essayer d'obtenir le brevet, on va gravir cet Everest.

Comment concrètement les aidez-vous ?

Nous leur proposons un accompagnement individualisé avec des enseignants volontaires, qui croient en eux et qui le leur disent. A force de leur assener qu'ils ne sont bons à rien, ils le deviennent. Ce n'est pas notre philosophie. Peut-être ne feront-ils pas Polytechnique, mais ils auront au moins retrouvé l'estime d'eux-mêmes. C'est ça qui compte, bien plus que les notes.