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Annales gratuites Bac ES : Beauté et universalité

Le sujet  2003 - Bac ES - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
LE SUJET

Pourquoi sommes-nous sensibles à la beauté ?

LE CORRIGÉ

I - LES TERMES DU SUJET

A - LA BEAUTE

Il est question de la beauté, que l'on peut distinguer du beau au sens où celui-ci qualifie les choses ou les êtres. La beauté désigne plutôt l'idée du beau, une idée générale qui recouvre un ensemble de canons, règles ou caractéristiques permettant de reconnaître des productions naturelles ou humaines comme belles.
La beauté est ici envisagée comme ce qui peut susciter un sentiment esthétique : en effet, être sensible à la beauté, c'est éprouver une émotion d'un type particulier qui, si elle est sensible, comporte certainement aussi une dimension intellectuelle et réflexive.

B - "SENSIBLES"

La beauté apparaît bien dans le libellé du sujet comme ce qui nous affecte par les sens (cf. le terme "sensibles"), mais il faudra préciser les modalités de la sensibilité esthétique.

C - "NOUS"

La question concerne un sujet pluriel ("nous").
Elle semble ainsi indiquer que la beauté a cette propriété de rassembler les sujets individuels autour d'un sentiment partagé.

D - LE "POURQUOI"

Le "pourquoi" est important ; il oriente la question d'une double façon. "Pourquoi" signifie d'abord "en vue de quoi" : il s'agit ainsi d'analyser la finalité de cette sensibilité à la beauté.
"Pourquoi" peut aussi renvoyer au "comment" : par quels moyens, de quelle manière, la beauté nous affecte-t-elle ?

II - L'ANALYSE DU PROBLEME

Le sujet invite à produire une réponse relative aux modalités selon lesquelles nous sommes affectés par la beauté, ainsi qu'à la finalité de cette sensibilité.
On peut remarquer que notre sensibilité à la beauté est affirmée comme une donnée qui n'est pas ici à discuter
Il faut, en revanche, rendre compte du fait que la beauté est susceptible d'affecter la sensibilité d'une pluralité de sujets : comment expliquer que le sentiment esthétique puisse être partagé, alors même qu'en général le rapport sensible au monde nous renvoie à notre particularité et nous sépare davantage qu'il ne nous rassemble ?
Le sujet invite également à s'intéresser à la finalité de cette sensibilité commune.
Est-elle une fin en soi ou peut-elle permettre d'atteindre une fin qui dépasse le plaisir esthétique éprouvé de façon partagée ? Si c'est le cas, quelle est alors cette finalité ?

III - UNE DEMARCHE POSSIBLE

Il convient d'abord de se demander comment la sensibilité, propre à la particularité du sujet, peut produire dans le cas de la beauté un accord des sensibilités.

A - EN QUOI S'ORIGINE CETTE SENSIBILITE COMMUNE A LA BEAUTE ?

1) La maxime "des goûts et des couleurs on ne discute pas" semble contredire l'affirmation d'une sensibilité partagée à l'égard de la beauté. Pourtant, on peut aussi faire le constat, avec Kant, que lorsque j'affirme qu'une chose est belle, j'exige des autres le même assentiment, je cherche à faire valoir universellement mon point de vue et à convaincre.
Qu'est-ce qui peut expliquer une telle attitude ?

2) La beauté est-elle un sentiment ou correspond-elle à une norme ?
Il y a effectivement en matière de goût un certain conformisme qui peut rendre compte d'un consensus concernant l'idée de beau. Mais alors, on observe aussi dans ce cas que la beauté est relative au temps et au lieu, que sa norme varie dans le temps et dans l'espace. La beauté dans cette perspective apparaît davantage comme une convention.
Pourtant, on constate aussi que le jugement de goût peut dépasser les époques et les lieux : les formes de la beauté peuvent provoquer la sensibilité indépendamment des normes en vigueur. Nous sommes sensibles à la beauté d'un tableau de Giotto alors qu'il appartient à une époque révolue.
Il faut donc expliquer comment la beauté dans la diversité de ses manifestations rend possible cet accord.

B - EN VERTU DE QUELLES PROPRIETES CE SENTIMENT ESTHETIQUE PERMET-IL UN ACCORD DES SUJETS ?

1) L'œuvre d'art vient de l'esprit et existe pour l'esprit comme le montre Hegel. Elle ne relève donc pas seulement de la perception. En outre, on l'a vu, la beauté ne saurait être confondue avec l'agréable. Le goût tel qu'il est défini par Kant est la faculté de juger par une satisfaction dégagée de tout intérêt. Ce rapport désintéressé à la beauté est ce qui fonde l'universalité de ce même jugement de goût.

2) Le sentiment esthétique apparaît en effet comme susceptible de produire un accord entre les sujets. Le beau peut ainsi être l'objet d'une satisfaction universelle.
Dès lors, on peut se demander si cette satisfaction est la fin ultime de toute œuvre d'art ou si elle n'est qu'une fin intermédiaire.

C - Y A-T-IL UNE FINALITE DE LA SENSIBILITE UNIVERSELLE A LA BEAUTE ?

1) La beauté en particulier et l'art en général proposent une ouverture du monde vers l'imaginaire.
La beauté comme représentation est ce qui nous permet de prendre une distance vis-à-vis du monde réel.
La beauté lorsqu'elle est faite de la nature nous fait aussi penser à une destination supérieure de la nature.

2) En même temps que se constitue une communauté par le biais du sentiment esthétique, la beauté que l'on peut contempler dans la nature est ce qui nous fait entrevoir notre destination morale : le beau, dit Kant, est aussi le symbole du bien.

IV - DES REFERENCES UTILES

  • Kant : Critique de la faculté de juger
  • Hegel : Esthétique
  • Bourdieu : Les règles de l'art
  • V - LES FAUSSES PISTES

    Attention à ne pas substituer à la beauté la notion d'art (qui ne s'identifie pas nécessairement au beau).
    Ne pas éluder la dimension plurielle du sujet qui invite à prendre la spécificité de la sensibilité esthétique.

    VI - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR

    Un beau sujet qui exige qu'on sorte des lieux communs sur l'art et le beau.

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