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Annales gratuites Bac ES : Politique et histoire

Le sujet  2005 - Bac ES - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
LE SUJET


L'action politique doit-elle être guidée par la connaissance de l'histoire ?
 

LE CORRIGÉ


I - LES TERMES DU SUJET

Le sujet met en rapport deux notions importantes : la politique et l'histoire.
La politique, dans son sens le plus général, désigne les rapports des individus au sein d'une nation et la vie d'une nation et ses rapports avec les autres nations. Elle concerne la "chose publique", et en ce sens doit être distinguée des sphères de l'économie et du privé.

Si on définit l'action comme le fait de déployer une énergie afin de réaliser une intention dans le monde, et ainsi le modifier en vue d'une fin, on peut appeler action politique toute action visant le "bien commun", terme très large et ambigu qu'il s'agira de mieux déterminer par la suite.

L'histoire, c'est le passé des sociétés humaines.

II - L'ANALYSE DU PROBLEME

De manière très générale, le sujet pose le problème du rapport entre la théorie ("connaissance") et la pratique ("action").
Au premier abord, l'action politique semble être comme un art d'improviser à partir du présent pour orienter le futur. Que ce soit pour les nations de maintenir leur indépendance ou d'accroître leur puissance ; pour les hommes politiques de prendre ou de conserver le pouvoir, et de maintenir l'unité intérieure de la nation ; ou pour les citoyens d'agir dans la vie publique pour faire valoir leurs droits et leurs volonté. Il s'agit avant tout de lucidité sur les circonstances présentes afin de les utiliser au mieux. La connaissance de l'histoire semble être superflue d'autant plus que la même situation ne se répète jamais deux fois.
Pourtant, comment une communauté politique peut elle comprendre son présent afin d'orienter son avenir si elle ne connaît pas son passé ? La connaissance de l'histoire tire de l'analyse des situations passées des principes et des règles d'action. La pratique se nourrit de son dialogue avec la théorie. Une nation sans mémoire serait aussi sans volonté et sans projet. L'enjeu d'un tel sujet est de dégager la dimension pratique de la connaissance historique, mais aussi peut-être de montrer la spécificité de l'action politique en tant qu'elle est un art du discernement, de la prévoyance, et de l'habileté irréductibles à toute théorisation.

III - UNE DEMARCHE POSSIBLE

A - L'ACTION POLITIQUE OU L'ART D'IMPROVISER

1) Les situations politiques sont toujours nouvelles. Il s'agit donc de discerner au mieux les rapports de force dans les situations présentes et de savoir en jouer habilement pour arriver à ses fins. L'acteur politique n'a pas de texte préétabli, il doit improviser.

2) L'action politique ressemble donc à un art, avec au mieux quelques règles d'habileté et de prudence à adapter avec justesse et finesse aux circonstances présentes. La connaissance de l'histoire semble donc être inutile, superflue, voire encombrante. En revanche, une volonté ferme et une aptitude à utiliser au mieux les évènements, ce que Machiavel dans Le Prince nomme la virtù, sont indispensables. Gouverner, c'est naviguer, c'est-à-dire en même temps maintenir le cap et s'adapter aux aléas des évènements imprévisibles.

3) Pourtant, Machiavel lui-même ne cesse, dans Le Prince, de se référer à l'histoire pour donner des exemples de bonne gouvernance et en tirer des principes et des règles d'action politique. Ici la connaissance de l'histoire est bien un guide : Machiavel extrait des évènements passés des sortes de paradigmes de situations politiques (par exemple, la sécession d'une province) pour en déduire des principes généraux d'action (les moyens à mettre en œuvre pour étouffer la sécession et ainsi rétablir l'unité de la nation).
La connaissance de l'histoire semble donc indispensable pour orienter le sens de l'action politique présente.

B - LA DIMENSION PRATIQUE DE LA CONNAISSANCE HISTORIQUE

1) La connaissance de l'histoire appartient bien sûr au domaine théorique. Il s'agit de reconstituer le passé des sociétés humaines et de l'expliquer ; montrer qu'un évènement ne surgit pas au hasard, mais dans des circonstances précises, selon des causes déterminées. Par la même, cette connaissance revêt un enjeu pratique : la manière dont une communauté prend conscience de son passé éclaire son présent et oriente son action à venir.

2) Dans Le Manifeste du Parti Communiste, Marx et Engels mettent en relief la lutte des classes comme causalité principale des évènements historiques et de l'évolution des sociétés humaines. Cette notion permet alors d'analyser les situations politiques, et de donner une orientation consciente à l'action des classes dominées.

3) Ainsi, la connaissance de l'histoire serait un guide indispensable à l'action politique qui, sans elle, serait aveugle. D'où l'importance chez Marx de la notion de praxis, où théorie et pratique s'éclairent réciproquement.

C - LA SPECIFICITE DE L'ACTION POLITIQUE

1) Le domaine du politique n'est pourtant pas totalement théorisable ; c'est la sphère où les actions humaines s'entrechoquent pour des effets nécessairement imprévisibles. On ne peut jamais savoir de quoi demain sera fait.

2) La connaissance de l'histoire ne suffit donc pas à guider l'action politique, qui semble reposer aussi sur une sorte d'intuition des rapports de force à venir, ou sur un art de les anticiper. Cela n'a rien de rationnel ni de théorisable. D'ailleurs, ne parle-t-on pas d'"animal politique" ?

IV - DES REFERENCES UTILES

  • Machiavel, Le Prince.
  • Marx-Engels, Le Manifeste du Parti Communiste.
  • Hegel, La Raison dans l'Histoire.
  • Arendt, La Condition de l'Homme Moderne.
  • V - LES FAUSSES PISTES

    Ne pas situer le problème sur le plan général du devenir des nations et réduire l'action politique à celle des "gouvernants".

    VI - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR

    Un sujet difficile qui nécessite des connaissances spécifiques pour cerner le problème.
     

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