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Annales gratuites Bac L : La question "qui suis-je ?"

Le sujet  2001 - Bac L - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
LE SUJET

La question "qui suis-je ?" admet-elle une réponse exacte ?

LE CORRIGÉ

I - LES TERMES DU SUJET

Les termes sont simples et usuels. "La question" est un souci, une préoccupation récurrente, que je peux finir par formuler.
En tant qu'énoncé interrogatif, elle est plus restreinte qu'un problème. Elle se concentre sur un aspect ponctuel des choses. Elle se veut précise.
"Réponse exacte" : un énoncé objectif, incontestable et durable. Elle prendrait la forme d'une définition : un ensemble de traits, de caractères fixes en nombre restreint.

II - ANALYSE DU PROBLEME

La question "qui suis-je ?" rappelle l'injonction, le commandement fait par le dieu Apollon à Socrate "connais-toi toi-même". Socrate prend au sérieux ce commandement : en sachant qui on est, on prend soin de soi, on se soucie de soi comme il convient, avec l'ardeur et l'efficacité requises.

Se connaître soi-même peut être envisagé comme le problème des sciences de l'homme : anthropologie, psychologie, sociologie. Ces sciences cherchent à décrire, à comprendre les êtres humains.

Mais la question "qui suis-je ?" va plus loin : elle pose la question de notre singularité. De quelle manière spécifique suis-je humain ? Suis-je capable de définir mon identité, c'est-à-dire ma spécificité, ce qui me distingue de tout autre ?

Si je parviens à répondre à cette question, puis-je dire que je me connais ? A quoi me servirait cette connaissance ?

III - UNE DEMARCHE POSSIBLE

A) LA TENTATIVE DE SE CONNAITRE

1 - Permanence et identité
La question "qui suis-je ?" demande à ce qu'on saisisse une identité. "Je" serait quelqu'un de singulier, ayant une spécificité. Si je cherche à me définir, cela suppose que je croie en une permanence de ce que je suis, et à une certaine simplicité. Je resterais fondamentalement le même dans le temps, dans les situations diverses de l'existence, à travers les âges et les époques.

2 - La connaissance de l'homme
Dans la mesure où je suis un spécimen humain, les sciences de l'homme me proposent une connaissance de moi-même, en tant que je partage une commune nature avec mes congénères et mes concitoyens. La sociologie par exemple m'enseigne que mes goûts, voire mes sentiments sont produits par notre existence sociale. Mon intimité n'échappe pas aux processus communs.

3 - La connaissance de soi par l'action
L'idée que je me fais de moi-même est démentie par l'expérience. La psychanalyse montre les contradictions entre nos idées et nos choix réels. Dans notre pratique du monde et des autres, notre singularité se révèle à nous-mêmes, avec la force indiscutable du fait.

Mais cette tentative de se connaître est limitée et souvent de mauvaise foi : nous voulons croire qu'elle est possible, plutôt que nous ne le constatons.

B) L'IMPOSSIBILITE ET L'IMMORALITE DE LA REPONSE ATTENDUE A LA QUESTION : "QUI SUIS-JE ?"

Cette connaissance ne peut être établie. La prétention à y parvenir prouve de mauvaises intentions.

1 - L'indétermination de soi
Plotin écrit : "Personne ne peut dire : "jusqu'ici, c'était moi"". C'est un fait que le temps manifeste notre complexité et notre indétermination : nous sommes surpris de changer, de nous détacher, de nous perdre de vue tant nos chemins se diversifient. Le désir est un élan qui nous sort de nous-mêmes. Vivre nous interdit d'être quelque chose, quelque part ; seule la mort nous confère l'identité d'un cadavre à jamais.

2 - L'invention de soi
La présence de la conscience en nous fait de notre identité une question sans réponse, un souci, voire une torture, qui ne saurait cesser. La conscience est ce questionnement, ce souci, cette connaissance d'un désir qui nous ferme à notre connaissance. La psychanalyse, elle-même, fait du "je" un mythe que chacun construit pour se laisser à nouveau traverser par un flot de vie.

3 - La connaissance de soi comme idéologie
Définir l'homme est souvent une façon de le contenir, de le contraindre. Elle s'oppose à la créativité politique.

IV - DES REFERENCES UTILES

  • Hume, Traité de la Nature humaine : réflexions sur l'idée du moi et sur l'identité
  • Pascal, Les Pensées
  • Sartre, L'existentialisme est un humanisme : l'homme comme projet
  • Freud, Introduction à la psychanalyse : l'élaboration de la notion d'inconscient.

V - LES FAUSSES PISTES

Trop se centrer sur la psychologie.

VI - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR

Sujet subtil, qui exige des connaissances sur des thèmes très variés.

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