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Annales gratuites Bac ES : Y a-t-il de bons préjugés ?

Le sujet  1995 - Bac ES - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
LE SUJET

Y a-t-il de bons préjugés ?

LE CORRIGÉ

I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ?

Un préjugé précède tout jugement et constitue l'opinion ayant fait l'économie de l'activité délibérative de la raison. Préjuger, c'est opiner avant même de juger.

On comprend donc que les préjugés n'aient pas bonne réputation. Pourtant, est-il certain qu'il faille nécessairement les dénigrer ?

La solidité des préjugés, leur force, capables d'orienter la pensée, n'ont-elles vraiment aucune vertu ?

En un mot, si les préjugés peuvent mettre en échec la raison, ne constituent-ils pas aussi ce qui nécessairement fonde son exercice ?


II - UNE DEMARCHE POSSIBLE.

A - LES PREJUGES : NAUFRAGE DE LA PENSEE.

Dans le Discours de la méthode , Descartes affirme que les préjugés constituent les obstacles majeurs que rencontre celui qui cherche la vérité.

Nous préjugeons principalement dans deux cas :

Premièrement quand nous nous précipitons et opinons avant même d'examiner le problème.

Deuxièmement lorsque nous nous contentons des opinions héritées de notre enfance.

Ce qui est commun à tous les préjugés, c'est qu'il se dispensent de l'activité critique du jugement, de l'examen raisonné. Aussi sont-ils fermement condamnés comme ce qui nous empêche de connaître et de reconnaître la vérité.

Pour rechercher méthodiquement celle-ci, il faut travailler à traquer les mauvais préjugés, les débusquer pour s'en affranchir.


B - LA FORCE DES PREJUGES : LA BETISE.

Si les préjugés font obstacle au jugement vrai, il est notable que Descartes, à leur endroit, réitère les mises en garde.

En effet, si les préjugés sont évidemment erronés, ils possèdent une force qui met en échec jusqu'aux preuves les plus probantes.

Leur bêtise n'a donc d'égale que leur intelligence du subterfuge, qui leur permet de se maquiller et de revêtir l'apparence du vrai.

En fait, un préjugé, même absurde, peut posséder une force pouvant mettre en échec la raison. Il est donc d'autant plus mauvais qu'il est indéracinable.


C - ESQUISSE D'UNE REHABILITATION DES PREJUGES.

Redoutables adversaires de l'accès à la connaissance, les préjugés méritent une considération affranchie du préjugé selon lequel ils sont caractérisés par leur faiblesse.

On doit même reconnaître que leur pouvoir d'exprimer les limites de la raison est tout à fait salutaire.

Cela dit, il faut ajouter que s'ils mettent souvent en échec la connaissance, celle-ci les réclame comme principes.

Pourrait-on jamais connaître quoi que ce soit, si l'on ne pensait à partir de principes, d'intuitions qui, indémontrables, sont eux aussi des préjugés ? Comme fondements de nos connaissances et aussi de nos actions, ces principes, ces intuitions, ces convictions, sont bons.


III - REFERENCES UTILES.

DESCARTES, Discours de la méthode, deuxième partie.

C. BERNARD, Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, première partie

PLATON, Apologie de Socrate.


IV - LES FAUSSES PISTES.

Deux pièges à éviter selon nous.

Le premier consiste à confondre bêtise et faiblesse supposée des préjugés. Qu'il soit bête, loin de l'affaiblir , fortifie le préjugé et le rend d'autant plus dangereux.

Le deuxième écueil qu'il fallait éviter consistait à ne considérer les préjugés que comme obstacle à la connaissance.

Si l'analyse de Descartes est juste, il n'en est pas moins vrai que les préjugés, opinions non fondées et indémontrables, quand ils sont principes , fondent la possibilité même de connaître.

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