Annales gratuites Bac Pro Secteur Industriel : Japon et Asie du Sud-Est dans le Monde

"Le Japon ne peut plus être considéré comme "un géant économique et un nain politique". L'Etat japonais fait de plus en plus entendre sa voix dans les instances internationales, et y exerce des responsabilités. (...) Le Japon est en crise, ce qui ne signifie pas qu'il soit sur le déclin (...).

Depuis l'an 2000, les Etats-Unis ne sont plus le premier partenaire commercial du Japon. Les neufs pays de l' "Asie émergente" ont pris cette place. La "sphère de coprospérité" imaginée par les dirigeants japonais durant la Seconde Guerre Mondiale n'est certes pas ressuscitée en tant que telle. Mais l'influence japonaise, d'abord économique, ensuite culturelle et, bientôt, politique, se fait sentir dans toute l'Asie orientale et au-delà, à l'échelle du Pacifique (Australie, Océanie, Amérique du Nord, Amérique latine). Sur la façade Pacifique de l'Asie, seule la Chine semble en mesure de lui faire contrepoids, à moins d'entrer en synergie(1) avec elle. Cette dernière hypothèse dépend beaucoup de l'attitude américaine et, quoique de façon moindre, de l'attitude européenne.

Philippe Pelletier, Le Japon, une puissance en question, 2002. La documentation photographique,

1) Synergie : action qui rassemble et associe les forces de deux partenaires, allusion à la coopération possible entre Japon et Chine.

Sur un total de 227 états
PNB moyen par habitant du monde : 6 750
Source: Atlaseco 2004

Source: Atlaseco 2004
1) Classés par rang mondial dans le PNB global
2) 2002 ou 2001
3) Les États-Unis figurent à titre comparatif

"Le flux ne se tarit pas. Il enfle même. Ce fut un choc quand le chiffre est tombé au printemps dernier : la Chine avait attiré en 2002 près de 53 milliards de dollars (près de 48 milliards d'euros) d'investissements directs étrangers (IDE) [...] soit une progression de 12% [...] en un an ou une multiplication par mille [...] en vingt ans. [...] Pour la première fois, la Chine est passée devant les États-Unis, en tant que deuxième destination mondiale d'investissements étrangers (derrière l'intouchable Luxembourg, premier capteur de flux financiers pour des raisons fiscales).
On savait déjà que l'Empire du Milieu(1) faisait trois fois mieux que le Brésil ou près de dix fois mieux que l'Inde. Mais détrôner les États-Unis marque un tournant. Alors que va s'ouvrir, mercredi 10 septembre à Cancun, au Mexique, une nouvelle phase de négociations mondiales, sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), la formidable montée en puissance de la Chine comme "atelier du monde" est indéniable sinon inéluctable. 420 000 entreprises étrangères y sont aujourd'hui implantées.
[...] Le total du capital étranger [investi] en Chine depuis le début de son ouverture, il y a deux décennies, se hisse à 448 milliards de dollars, soit trois fois moins qu'aux Etats-Unis. Certes encore, ce chiffre de 53 milliards de dollars pour 2002 est surestimé par l'effet du recyclage des capitaux domestiques s'expatriant pour revenir au pays (round tripping) rebadigeonnés aux couleurs étrangères afin de bénéficier d'avantages douaniers ou fiscaux. A Shanghai, par exemple, les flux en provenance des paradis fiscaux des Iles Vierges et des Iles Caïmans ont augmenté en 2002 respectivement de 24,1 % et 12,1 %.

Ce courant masque des investisseurs taïwanais, contournant les interdits édictés par le gouvernement de Taipeh(2), mais il dissimule aussi du capital continental. Certains économistes estiment que ce gonflement artificiel des chiffres peut aller jusqu'à 25 %. C'est pour cette raison que le dernier rapport de la Cnuced(3) sur l'investissement dans le monde ramène sagement le véritable montant des IDE4 en Chine, pour 2002, à 40 milliards de dollars, considérant excessifs les chiffres officiellement affichés par le gouvernement chinois."

Frédéric Bodin, Le Monde, 9 septembre 2003

1) Empire du Milieu : nom traditionnel donné à la Chine.
2) Taïpeh : capitale de Taïwan
3) Cnuced : Conférence des Nations Unies pour la Coopération et le Développement
4) IDE : Investissements directs étrangers

Question 1 (document 1)
Comment se manifeste la puissance commerciale du Japon ? Quels sont ses partenaires privilégiés ?

Question 2 ( document 2)
D'après ce texte, quelles sont les évolutions récentes de la puissance japonaise ?

Question 3 (documents 3 et 4)
Quel est le poids du Japon et des pays de l'Asie du Sud-Est dans le monde ? Quels espaces se différencient dans l'Asie du Sud-Est ?

Question 4 (document 5)
Comment se manifeste le dynamisme de la Chine ? Comment peut-on l'expliquer ? Quelles en sont les limites éventuelles ?

Question 5 synthèse
A l'aide des documents, des réponses aux questions et de vos connaissances, rédigez une synthèse d'une vingtaine de lignes sur le sujet suivant : "Le Japon et l'Asie du Sud-Est dans le monde".

Ce sujet appartient au programme de géographie de terminale, plus précisément à la seconde partie intitulée : trois puissances économiques mondiales, les Etats-Unis en Amérique, le Japon en Asie orientale et l'Allemagne en Europe. Ce sujet s'appuie sur cinq documents aussi bien des textes que des statistiques économiques, qu'une carte.

Question 1
La puissance commerciale du Japon se manifeste à travers ses échanges (importations et exportations) à travers le monde. Les principaux partenaires du Japon sont dans l'ordre, les Etats-Unis, l'Union Européenne et la Chine. A ce trio, on peut ajouter une multitude d'états situés majoritairement en Asie, comme : les deux Corée, Taiwan, les Philippines, la Thaïlande, la Malaisie, Singapour... D'autres pays plus éloignés entretiennent des relations commerciales avec le Japon comme les pays du Golfe persique et l'Australie.

Question 2
Les évolutions récentes de la puissance japonaise qui apparaissent dans ce document sont d'abord l'émergence du Japon comme puissance politique depuis l'effondrement du bloc communiste. Jusqu'en 1991, le Japon ne pouvait aspirer à jouer un rôle politique dans le monde en raison de sa défaite lors de la Seconde Guerre mondiale et en raison de sa constitution pacifiste qui lui interdisait toute intervention militaire en dehors de ses frontières. Avec la chute du mur de Berlin et sur l'insistance des Etats-Unis, le Japon participe aux opérations de maintien de la paix de l'ONU et plus près de nous à la guerre en Irak aux côtés de la coalition américano-britannique. La seconde idée du document est l'éviction des Etats-Unis de la place de premier partenaire commercial du Japon. Ils cèdent la place aux pays émergents d'Asie que sont la Chine, la Corée du Sud, Taiwan, Singapour, la Thaïlande, la Malaisie, l'Indonésie...
La troisième idée de ce document est que l'influence du Japon n'est pas seulement économique et cuturelle mais aussi politique et qu'elle s'étend à toute l'Asie orientale et même au-delà, au pacifique (Australie, Océanie, Amérique du Nord, Amérique latine).
La dernière idée est celle d'une alliance éventuelle entre le Japon et la Chine, hypothèse qui serait assez mal vécue par les Etats-Unis car cette alliance pourrait voir la naissance d'une puissance redoutable et concurrente des occidentaux.

Question 3
La place qu'occupe le Japon et les pays de l'Asie du Sud-Est est assez variable si on considère le PNB par habitant ou le PNB global. En outre la situation diffère selon les pays. Le Japon, Hong-Kong, Brunei, Singapour, Taiwan, la Corée du Sud, figurent parmi les pays dont la situation au niveau de la richesse est satisfaisante, si on considère le PNB par habitant. Un deuxième groupe de pays présente une situation intermédiaire. Ce sont la Malaisie, la Thaïlande, la Birmanie et les Philippines. Un troisième groupe de pays peut être classé parmi les pays les plus pauvres. Ce sont la Chine, l'Indonésie, la Corée du Nord, le Vietnam, le Laos et le Cambodge.
La différenciation des espaces qui apparaissent sur ces documents n'est pas évidente mais on peut distinguer trois groupes de pays ; le Japon constitue à lui tout seul le pôle des pays développés dont la croissance connaît une certaine stagnation en raison de la conjoncture internationale. Le second groupe est constitué des pays dynamiques qui connaissent une croissance importante comme la Chine, la Corée du Sud, Taiwan, Singapour, l'Indonésie, la Thaïlande et les Philippines... Il reste un dernier groupe de pays pour lequel les statistiques sont muettes comme la Corée du Nord et Bruneï et dont les situations ne sont pas comparables, Bruneï étant un émirat pétrolier et la Corée du Nord une des pires dictatures communistes.

Question 4
Le dynamisme de la Chine se manifeste par un afflux de capitaux étrangers en Chine. Ces capitaux s'élèvent à 53 milliards de dollars en 2002. La Chine dépasse les Etats-Unis comme destination de capitaux investis dans le monde, cela peut s'expliquer par la performance de l'économie chinoise qui connait 8% de croissance en 2002 et par l'adhésion de ce pays à l'organisation mondiale du commerce (OMC). Les limites de cette ruée vers la Chine sont qu'une partie de ces capitaux étrangers sont en fait soit des capitaux taiwanais qui contournent les interdictions d'investissement en Chine, soit des capitaux chinois expatriés qui reviennent en Chine et bénéficient ainsi d'avantages fiscaux. Enfin environ 25% des capitaux seraient dus à un gonflement artificiel des chiffres réellement investis en Chine.
En réalité la CNUCED considère que les capitaux investis en Chine s'élèvent à 40 milliards de dollar pour 2002.

Question 5
La synthèse souhaitée devait bien prendre en compte l'ensemble du sujet et ne pas omettre de traiter l'Asie du Sud-Est.
Japon et Asie du Sud-Est devaient apparaître dans leur rapport au monde plus que dans leurs relations internes, même si celles-ci restent fondamentales, les pays asiatiques enviant, copiant et craignant un Japon qui contribue grandement à leur décollage économique.
L'idée essentielle était de mettre en évidence l'importance croissante d'une "aire pacifique" dans laquelle Japon et pays émergents d'Asie du Sud-Est jouent un rôle majeur.
On pouvait illustrer ces propos à l'aide d'exemples tirés du corpus documentaire et rappeler la puissance économique, commerciale, financière du Japon. Dire que celle-ci repose sur une industrie puissante, variée, orientée vers les secteurs de pointe et sur une main-d'œuvre hautement qualifiée.
Insister sur le fait que le Japon est le premier investisseur international et que ses investissements se font en Amérique anglo-saxonne mais aussi en Asie orientale.
Rajouter qu'hier "nain politique", conséquence de la défaite de 1945, le Japon tend, de plus en plus, à prendre part à la diplomatie mondiale, poussé dans ce sens par des Etats-Unis qui ont pris la mesure des coûts de cette responsabilité et qui souhaitent voir le Japon s'investir à la hauteur de son rang économique mondial.
Mettre en évidence aussi l'importance de plus en plus grande des pays émergents d'Asie du Sud-Est qui sont depuis 2000 devenus les premiers partenaires commerciaux du Japon devançant les Etats-Unis.
Indiquer que seule la Chine semble pouvoir dans l'aire pacifique et côté asiatique contrebalancer la puissance nippone à moins qu'elle ne s'y associe.
Les chiffres de la croissance permettaient de mettre en évidence une aire géographique avec laquelle il faut déjà compter, et certainement plus encore demain.
Peut-être conclure en disant qu'existent encore quelques laissés pour compte de ce développement (Laos, Cambodge...) mais même ces pays connaissent une croissance économique.

En conclusion il fallait bien insister sur le fait que cette zone géographique sera peut être le cœur économique de la planète de demain. Le Japon, la Corée du Sud, Hong-Kong, Singapour, Taiwan... jouant déjà un rôle économique mondial majeur. La Chine étant encore en plein devenir !