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Annales gratuites Bac Pro Secteur Industriel : L'Union européenne à 25

Le sujet  2005 - Bac Pro Secteur Industriel - Géographie - Etude de documents Imprimer le sujet
LE SUJET


L'Union européenne à 25 : diversité des espaces et intégration des nouveaux membres

Document 1 : Les niveaux de vie en Europe en 2002.
Document 2 : Population et chômage dans l'Union européenne.
Document 3 : L'entrée des Etats baltes dans l'Union européenne.
Document 4 : L'intégration agricole des pays d'Europe centrale et orientale (PECO).
Document 5 : L'Union Européenne : l'organisation de l'espace.

QUESTIONS

Question 1 : 1 point (document 1)
Comparez les niveaux de vie de l'Autriche et de la Slovaquie.
Qu'en concluez-vous ?

Question 2 : 1,5 point (document 2)
Quel est le poids démographique des nouveaux membres de l'U.E. par rapport aux anciens ?

Question 3 : 3,5 points ( documents 1 et 2)
Présentez les conclusions que vous tirez de l'étude du PIB et du taux de chômage des anciens et des nouveaux membres de l'Union européenne.

Question 4 : 1 point (document 3)
Pourquoi les investisseurs scandinaves se précipitent-ils vers les Etats baltes ?

Question 5 : 3 points (document 4)
Quels handicaps les agriculteurs des PECO doivent-ils surmonter pour devenir compétitifs dans l'Union ?

Question 6 : 3 points (document 5)
Comment l'espace de l'U.E. est-il organisé ? Quelle est la place des nouveaux Etats membres dans cette organisation ?

Synthèse : 7 points
A partir de l'analyse des documents et de vos connaissances, rédigez un texte d'une vingtaine de lignes sur le sujet suivant :
"L'Union européenne à 25 : diversité des espaces et intégration des nouveaux membres".

Document 1 : Les niveaux de vie en Europe, Produit Intérieur Brut/habitant en 2002 (en dollars).

Document 2 : Population et chômage dans l'Union européenne.

Document 3 : L'entrée des Etats baltes dans l'Union européenne.

A priori, avec moins de 5 millions d'habitants nichés au fond du golfe de Finlande, les trois Etats
baltes représentent une tête d'épingle en termes de marchés ou de pourvoyeurs de main-d'œuvre
sur la mappemonde des multinationales. Pourtant, la tête d'épingle ne laisse pas les investisseurs
indifférents. La Lituanie, dont la capitale Vilnius était surnommée la Jérusalem du Nord, la Lettonie,
mi-catholique, mi-orthodoxe et l'Estonie protestante ont en commun d'être trois nations aux solides
racines européennes, ayant longtemps appartenu aux empires allemand, suédois ou polonais et
qui, annexées par Staline, avaient une énorme "soif" d'Europe lors de leur indépendance en 1991.
Après quelques crises bancaires, les Etats baltes ont réussi leur stabilisation macroéconomique et
la main-d'œuvre, polyglotte et bien formée, est bon marché, avec des salaires inférieurs en
moyenne à 300 euros par mois. Enfin, grèves et manifestations sont rares. Rien d'étonnant donc, à
ce que les Scandinaves en aient fait leur arrière-cour et y aient installé de nombreux ateliers de
sous-traitance. [...]
D'après Y. Bourdillon, "Les investisseurs scandinaves ont une longueur d'avance",
Les Echos, mercredi 12 juin 2002.

Document 4 : L'intégration agricole des Pays d'Europe Centrale et Orientale (PECO).

L'adhésion de 10 nouveaux États membres en 2004 représente un enjeu important pour
l'agriculture de l'Union européenne. Elle implique en effet une augmentation de 28 % des
superficies agricoles de l'Union européenne et de plus de 60 % de sa main-d'œuvre agricole. La
valeur ajoutée brute agricole n'augmente par contre que de 6 %. La productivité agricole dans les
pays candidats est en effet nettement inférieure à celle de l'Union européenne à 15. L'agriculture
de ces pays dispose donc d'un potentiel de modernisation important. Elle bénéficie par ailleurs de
facteurs de production - qu'il s'agisse de la terre ou de la main-d'œuvre - nettement moins chers
que l'agriculture européenne actuelle. Ces avantages comparatifs apparents pourraient, dans le
cas d'une modernisation rapide, lui permettre de concurrencer l'agriculture des principaux pays
européens. [ ...].
Différents facteurs expliquent la faible productivité de l'agriculture des PECO. Une agriculture de
subsistance basée sur des exploitations individuelles de taille très réduite occupe une place
nettement plus importante que dans l'Union européenne à 15 et fournit ainsi 50 % de la production
agricole (20 % dans l'Union européenne à 15). [...]
Ces exploitations peu productives produisent essentiellement pour leur autoconsommation et
commercialisent peu leur production qui ne répond pas aux normes européennes. Les
exploitations sociétaires de taille nettement plus importante issues des anciennes exploitations
collectives restent souvent gérées, du fait de la forte dispersion des titres de propriété, par leurs
employés copropriétaires qui conservent pour objectif premier le maintien de l'emploi. Elles sont
ainsi handicapées par une main-d'œuvre surabondante et peu efficace et manquent de capitaux.
L'amélioration de la gestion des exploitations sociétaires et leur modernisation, ainsi que le
développement d'une agriculture familiale et commerciale du type de celle prévalant dans l'Union
européenne actuelle en lieu et place de l'agriculture de subsistance actuelle, restent nécessaires
pour permettre le développement d'une production agricole compétitive dans les PECO. La
modernisation des exploitations se heurte à l'insuffisance de crédits, et aux normes contraignantes
de l'UE (traçabilité, normes sanitaires et environnementales...) tandis que la restructuration de
l'agriculture de subsistance se heurte à l'incapacité du reste de l'économie à absorber le surplus de
main-d'œuvre et à la résistance de la population concernée. [...]
D'après les Notes Bleues de Bercy (Numéro 248 du 1er au 15 mars 2003)

Document 5 : L'Union Européenne : l'organisation de l'espace.

 

LE CORRIGÉ


Un sujet attendu au vu des récents enjeux européens et de l'élargissement à 25 de l'Union européenne au 1er mai 2004, historique pour deux raisons :

  • 10 pays adhérents en même temps, ce qui est une première.
  • 8 sur 10 sont des pays d'Europe centrale et orientale (PECO), ce qui inaugure le début de la réunification du "Vieux continent", après le demi-siècle de divisions dues à la Guerre froide.
  • Reste à évaluer la portée à la fois démographique et politique d'un tel bouleversement quant à l'avenir de la construction européenne. C'est tout le sens de cette étude de documents et de la synthèse qui la prolonge.

    A - REPONSES AUX QUESTIONS DE LA PREMIERE PARTIE

    Question 1
    Les niveaux de vie sont ici évalués par un indicateur précis : le PIB, c'est-à-dire la richesse, par habitant.
    On constate que le PIB moyen pour un Autrichien est d'environ 23 000 dollars par an contre à peine 4 000 pour un Slovaque, entre 5 et 6 fois moins.
    On en conclut que les pays, déjà membres de l'UE depuis un certain nombre d'années (c'est le cas de l'Autriche qui a adhéré en 1995, en même temps que la Suède et la Finlande, créant ainsi l'"Europe des 15") sont en général nettement plus riches que les nouveaux entrants (c'est le cas de la Slovaquie depuis le 1er mai 2004).

    Question 2
    Si l'on fait le total des 10 nouveaux membres de l'UE, on arrive à environ 75 millions d'habitants, ce qui est inférieur au poids démographique de la seule Allemagne, par exemple (82,4 millions d'habitants).
    Cet élargissement concerne donc un nombre inédit de pays mais à l'exception de la Pologne, leur population est restreinte (cf. Malte ou Chypre), ce qui permet de nuancer le "bouleversement" subi par l'UE.
    Il n'en demeure pas moins qu'elle rassemble désormais environ 450 millions de personnes.

    Question 3
    Croiser les données sur les niveaux de vie et les taux de chômage permet d'apprécier la situation et la santé économiques des nouveaux adhérents.
    On constate que les profils sont assez variables :

  • La Slovénie se singularise positivement avec la deuxième place pour le PIB/habitant (avec presque 10 000 dollars, elle se rapproche du Portugal, pourtant membre depuis près de 20 ans) et un taux de chômage relativement faible (6,5%) alors que la moyenne communautaire tourne autour de 10%, à l'image de la France.
  • Chypre apparaît comme un micro-Etat riche et peu affecté par le chômage, donc différent en tous points de grands pays comme la France ou l'Allemagne, moteurs de la construction européenne, grandes puissances aujourd'hui ébranlées par la persistance d'un chômage de masse.
  • Pourtant, certains nouveaux adhérents inquiètent par comparaison avec les anciens membres : soit en raison d'un chômage préoccupant (19 % pour la Pologne, plus de 16 % pour la Slovaquie) soit en raison d'un niveau de vie très faible (Lettonie, Lituanie). La Slovaquie et la Lituanie semblent même cumuler les deux handicaps.
  • Au bout du compte, la principale différence entre anciens et nouveaux membres tient aux écarts de richesse car pour ce qui est du chômage, les disparités sont importantes aussi bien à l'intérieur des anciens membres qu'au sein des nouveaux adhérents.

    Question 4.
    Les investisseurs scandinaves se précipitent vers les Etats baltes, notamment par le biais de délocalisations car ils y trouvent de nombreux avantages (en dehors de la proximité géographique, qui est elle aussi commode) :

  • La main-d'œuvre balte est bien formée, parle plusieurs langues, fait preuve de discipline (peu de grèves ou de manifestations) et elle est bon marché.
  • Les Pays baltes ont démontré récemment une certaine stabilité économique.
  • Leurs "racines européennes" sont solides et ils voulaient profondément leur intégration à l'UE depuis 1991, date de leur indépendance, déjà proclamée après la 1ère Guerre mondiale mais qui n'avait pas empêché l'annexion par l'URSS de Staline en 1945.
  • Question 5
    Les agriculteurs des PECO doivent surmonter un certain nombre de handicaps pour devenir compétitifs dans le cadre de l'UE.
    Ils doivent moderniser leurs exploitations afin d'améliorer une productivité déficiente, et ont pour cela besoin de capitaux.
    Mais ils doivent même changer la philosophie de leur activité : produire pour l'exportation et non plus uniquement pour la consommation locale ou nationale, donc mettre un terme à l'agriculture de subsistance. Ils doivent aussi réduire leurs effectifs, mais cela implique que les autres secteurs absorbent le surplus de main-d'œuvre pour éviter de gonfler le chômage du pays. Enfin, ils doivent adapter leur production aux normes très strictes de l'UE.

    Question 6
    L'espace de l'UE est organisé selon un modèle centre-périphéries. Les périphéries sont des espaces organisés par le centre et les nouveaux Etats membres en font partie, mais ce sont des périphéries nouvelles à développer prioritairement (PECO, Pays baltes, Malte, Chypre), et non pas des périphéries anciennes en développement rapide, comme le Portugal, l'ouest de l'Espagne ou le sud de l'Italie, et encore moins des régions développées intégrées au centre (dont le cœur est la mégalopole suivant l'axe Londres-Milan) comme la Catalogne ou la région romaine.
    Cela étant, les Pays baltes et la Pologne pourraient bien bénéficier de solidarités régionales littorales car ils s'intègrent dans un arc baltique associant les régions côtières d'Helsinki (Finlande) à Copenhague (Danemark), or ce sont des régions riches et développées.

    B - SYNTHESE

    En introduction, mentionner l'établissement historique de 2004, qui met fin au débat traditionnel : élargissement ou approfondissement ?
    Mais souligner qu'il y a là un enjeu et un défi : désormais l'UE s'affiche dans toute sa diversité socio-économique et spatiale et il s'agit de réussir l'intégration de pays plus pauvres et moins développés que la moyenne communautaire de l'"Europe des 15".
    Pour trouver un plan cohérent répondant au sujet, on peut repartir des documents proposés !
    Les documents 1, 2 et 5 insistent sur la diversité des espaces et sur les disparités démographiques et socio-économiques au sein de l'Europe des 25.
    Il faut réinsister sur l'organisation spatiale de l'UE (document 5) selon un modèle centre-périphéries, les nouveaux entrants constituant les périphéries les moins développées, même si de nouvelles solidarités régionales sont à l'œuvre (arcs littoraux).
    On explicite les disparités de population, mais aussi les écarts sociaux (taux de chômage) et économiques (PIB/habitant), à la fois entre anciens et nouveaux membres et à l'intérieur de ces deux ensembles éventuellement.

    Mais le sujet pousse à étudier la question de l'intégration des nouveaux membres, grâce notamment aux informations extraites des deux textes (documents 3 et 4), qui analysent les conséquences des écarts entre les membres de l'UE et posent la question de l'intégration véritable des nouveaux adhérents.
    Le document 3 permet notamment de voir les effets sur les anciens membres : les délocalisations sont facilitées par un certain dumping social à l'Est, ce qui crée du chômage à l'Ouest.
    Mais le document 4 insiste lui sur le coût de l'ajustement pour les PECO, qui sont confrontés par exemple dans le domaine de l'agriculture (secteur encore essentiel pour eux), à la compétitivité des anciens membres.
    Les efforts et les adaptations doivent donc venir des deux côtés, mais il serait appréciable d'aller au-delà des documents grâce à des connaissances personnelles.

    Il est alors utile de préciser que cet élargissement de 2004 représente un triple défi pour l'UE :

  • Défi de la solidarité car le coût financier de l'intégration des PECO par le biais des aides européennes, sera très élevé et ne bénéficiera plus à certains des anciens membres comme le Portugal ou l'Espagne.
  • Défi de la puissance : les nouveaux membres veulent avant tout réussir leur intégration économique dans l'UE, l'intégration politique restant à leurs yeux plus secondaire (voir leur position de soutien aux Etats-Unis à la guerre en Irak, en opposition avec la France ou l'Allemagne).
  • Défi du nombre : à 25, les décisions seront plus difficiles à prendre qu'à 15, surtout dans le cas de votes à l'unanimité.
  • En conclusion, comment éviter une référence à l'actualité ? Une des raisons du "non" français à la Constitution européenne aura été le mécontentement de la population de ne pas avoir été consultée sur cet élargissement problématique.
     

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