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Annales gratuites Bac ES : Changement et conflits sociaux

Le sujet  1996 - Bac ES - Sciences Economiques et Sociales - Question de synthèse Imprimer le sujet
LE SUJET

I - TRAVAIL PREPARATOIRE

Vous répondrez à chacune des questions en une dizaine de lignes maximum.

1 - Que signifie le nombre en gras dans le document 1 ?

2 - Quelles conséquences les pertes d'emplois observées dans certains secteurs ont-elles pu avoir sur le mouvement ouvrier ? (document 1)

3 - Comment interprétez-vous la hausse sensible du vote en faveur des non syndiqués ? (document 2)

4 - Quel constat peut-on établir sur l'évolution de l'influence respective des différents syndicats ? (document 2)

5 - En quoi la "modernisation du travail" est-elle une source de divisions internes du groupe ouvrier ? (document 3)

6 - Quels autres facteurs remettent en cause l'unité du groupe ouvrier ? (document 3)

7 - En quoi peut-on parler de recul de "l'identité ouvrière" ? (document 3)


II - QUESTION DE SYNTHESE

Après avoir analysé les facteurs d'affaiblissement de la classe ouvrière, vous mettrez en évidence les conséquences de cette évolution sur les conflits sociaux aujourd'hui.


Document 1 :

L'emploi ouvrier de 1982 à 1990 selon le secteur d'activité économique

Secteur d'activité économique

Effectif ouvrier (en milliers)

Variation annuelle moyenne (en %)

1990

Variation

1982-1990

…du nombre des ouvriers

…du total de la population occupée

Charbonnages

17

-27

-11,2

-10,8

Production de pétrole et gaz naturel

6

-6

-8,3

-2,7

Sidérurgie, mines de fer

57

-53

-7,9

-6,6

Constructions navales et aéronautiques, armement

81

-37

-4,6

-2,2

Mines et production de métaux non ferreux

34

-14

-4,2

-3,3

Chimie de base, fibres artificielles

57

-23

-4,1

-2,4

Construction électrique et électronique professionnelle

200

-30

-4,1

-3,2

Industrie des textiles et de l'habillement

278

-108

-4,0

-3,6

Automobiles, matériel de transport terrestre

275

-62

-2,5

-2,2

Electricité, gaz et eau

57

-13

-2,4

0,4

Construction mécanique

255

-55

-2,4

-1,7

Hôtels, cafés, restaurants

111

16

2,0

2,2

Services non marchands

429

66

2,1

1,6

Télécommunications et postes

26

6

3,6

0,2

Services marchands aux particuliers

358

110

4,7

3,3

Services marchands aux entreprises

205

73

5,7

4,9


Source : INSEE, Recensements de la population, sondage au 1/20e, Alain Chenu, "Une classe ouvrière en crise", Données sociales 1993.

1. Les secteurs sont classés selon l'ordre croissant de la variation annuelle moyenne du nombre des ouvriers. Seuls les secteurs extrêmes figurent dans le tableau.


Document 2 :

Résultats des élections aux comités d'entreprise de 1966 à 1990.



Source : Nicole Pinet, "L'influence syndicale en question", Ecoflash, novembre 1991.
Lecture : En 1966, sur 100 suffrages exprimés lors des élections aux comités d'entreprise, 8 (soit 78-70) se sont portés sur FO ; en 1990, 15 (soit 58-43) se sont portés sur FO.


Document 3 :

L'implosion1 du projet politique où la classe ouvrière - réelle ou mythique - se trouvait engagée, finit d'écailler la peinture unifiante qui représentait l'univers ouvrier comme une entité homogène. (…)
"Aristocraties" des ouvriers de métiers, masses de manœuvres sans qualification poussés vars l'usine par l'exode rural, prolétariat féminin formant une "sous-classe" dans la classe, vagues d'OS immigrés venues prêter main-forte aux entrepreneurs nationaux et tenues en lisière de la "vraie" classe, ces groupes ouvriers ont composé autant de "mondes" différents, disparates, parfois hostiles.
Crise économique, désouvriérisation de l'industrie et "modernisation" du travail aidant, les forces centrifuges2 semblent bien, aujourd'hui, l'avoir définitivement emporté sur les tendances inverses à l'homogénéisation. A tel point que l'idée même d'une identité ouvrière se délite. Ce qui rapproche l'ouvrier à "profil technicien" extrait de la chaîne par la promotion individuelle de l'OS "inconvertible" laissé pour compte de l'automatisation du travail, ou encore l'ouvrière "sans qualité" de l'ouvrier (homme) professionnel, est sans doute moindre que ce qui les sépare.

Guy-Patrick Azemar, "Les voix de l'absence", in "Ouvriers, ouvrières",
revue Autrement, 1992.

LE CORRIGÉ

I - ANALYSE DU SUJET

Ce sujet porte sur le processus du changement social et en particulier sur l'analyse des conflits.

Il permet de traiter la perte d'influence de la classe ouvrière et ses effets sur les conflits sociaux.

Les points importants à traiter sont la modernisation du travail, le déclin syndical et l'évolution des luttes.


II - TRAVAIL PREPARATOIRE

Question 1 :

Dans les industries textiles et d'habillement, le nombre d'ouvriers a baissé de 4% par an entre 1982 et 1990, ce qui correspond à une diminution de 108 000 ouvriers.

Question 2 :

Les pertes d'emplois concernent surtout les grandes entreprises, bastions des syndicats ouvriers. Elles entraînent la diminution du nombre de syndiqués, donc des luttes. La perte de l'influence syndicale affaiblit les salariés dans les négociations avec le patronat et l'Etat.

Question 3 :

Les listes de non syndiqués ont obtenu 22% des voix aux élections des C.E. en 1990 contre 12-13% en 1966.
Cette augmentation correspond à un double phénomène :
L'emploi s'est surtout développé dans les P.M.E. où les syndicats sont peu présents.
Ces chiffres traduisent aussi la réticence des salariés à s'engager dans les syndicats.

Question 4 :

L'influence des syndicats contestataires comme la C.G.T. diminue ; les syndicats modérés (C.F.D.T., F.O., C.G.C.) maintiennent leurs positions.

Question 5 :

La modernisation du travail a pour caractéristiques, entre autres, l'accroissement de la qualification de certains travailleurs, la coopération plus grande entre salariés. Le groupe ouvrier est davantage divisé entre les ouvriers qualifiés dont le profil professionnel se rapproche des techniciens et les ouvriers non qualifiés travaillant encore selon des normes taylorisées (moins d'implications et contraintes plus fortes).

Question 6 :

La précarisation du travail, le développement de la sous-traitance, la tertiarisation des emplois ouvriers, le chômage, l'uniformisation des modes de vie remettent en cause l'unité du groupe ouvrier.

Question 7 :

Il est difficile de parler encore de métiers ouvriers spécifiques.
On constate l'effacement de la spécificité culturelle, la perte du sentiment d'appartenance de classe. Le mouvement ouvrier affaibli par la crise ne joue plus son rôle socialisateur.


III - QUESTION DE SYNTHESE

Introduction

Dans les grandes mutations sociales depuis cinquante ans, l'affaiblissement de la classe ouvrière est souvent évoqué. Cet affaiblissement relatif dont on analysera l'origine et les manifestations a des conséquences importantes sur les conflits sociaux qui traversent les sociétés modernes.

A - Les facteurs de l'affaiblissement de la classe ouvrière

1) La baisse du nombre d'ouvriers

La crise et les restructurations ont entraîné la suppression de centaines de milliers d'emplois ouvriers (doc. 1).

Les familles ouvrières sont fortement touchées par le chômage.
Les syndicats implantés dans les activités touchées par la crise ont perdu un grand nombre d'adhérents. Leur audience dans les élections professionnelles diminue (doc. 2).

Le poids relatif des ouvriers a baissé dans la population active du fait de la progression des autres catégories (professions intermédiaires, employés, cadres supérieurs).


2) La perte d'homogénéité du groupe

Déjà faible auparavant, l'homogénéité a tendance à disparaître (doc. 3).
La précarisation des emplois touche beaucoup les ouvriers. Ils travaillent de plus en plus dans les services et les P.M.E..

Les caractéristiques professionnelles des ouvriers qualifiés se rapprochent de celles des techniciens. Les ouvriers non qualifiés sont menacés par la marginalisation (doc. 3).

B - Les conséquences de cette évolution sur les conflits aujourd'hui.

1) Depuis le début de la crise, on assiste à une baisse du nombre des journées de grève en France.

Les conflits moins nombreux deviennent catégoriels (S.N.C.F., R.A.T.P., sidérurgie) et prennent un caractère parfois désespéré et violent.


2) On assiste à une moyennisation de la société.

La classe ouvrière perd son caractère unitaire, et certains sociologues pensent même qu'elle perd son identité en s'homogénéisant.

Les conflits qui éclatent encore se caractérisent par la défense de l'emploi, contre les licenciements et pour le maintien des avantages acquis.

L'analyse marxiste serait-elle dépassée ?


Conclusion

Le monde ouvrier ne se prête plus aux mêmes analyses. Une nouvelle société est en train de se dessiner. Les syndicats sont sans doute appelés à y jouer un nouveau rôle, dans un contexte de plus en plus mondialisé.

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