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Annales gratuites Bac ES : Changement social - inégalités

Le sujet  2001 - Bac ES - Sciences Economiques et Sociales - Question de synthèse Imprimer le sujet
LE SUJET

1 - TRAVAIL PREPARATOIRE (sur 10 points)

Vous répondrez à chacune des questions en une dizaine de lignes maximum.
1. Que signifie le nombre entouré ? (document 1) (1 point)
2. Comment a évolué la structure socioprofessionnelle entre la génération des pères et celle des fils ? (document 1) (2 points)
3. Quelles sont les PCS les plus "mobiles" ? Justifiez votre réponse à partir des données du document 1 ? (2 points)
4. Pourquoi, à niveau de diplôme équivalent, les individus n'accèdent-ils pas au même statut social ? (document 2) (2 points)
5. Quelle conclusion tirez-vous des données concernant la ligne "Ensemble" ? (document 3) (1 point)
6. A l'aide de quelques données chiffrées, vous montrerez que la réussite scolaire n'est pas indépendante de l'origine sociale. (document 3) (2 points)

2 - QUESTION DE SYNTHESE (sur 10 points)

Après avoir montré que les évolutions de l'emploi favorisent la mobilité sociale, vous expliquerez pourquoi celle-ci reste limitée.

DOCUMENTS

Document 1

Table de mobilité sociale : destinées (en %)

PCS du fils

 

PCS du père

Agri-
culteurs

Indé-
pendants

Cadres

Professions inter-
médiaires

Employés

Ouvriers

Total
(%)

Structure socio
profes. de la générat° des pères

Agriculteurs

24,6

7,7

10,3

14,6

8

34,8

100

17,4

Indépendants

1,7

29,6

21,7

20,2

6,7

20,1

100

13,8

Cadres

0,6

10,7

52,9

20,7

8,3

6,8

100

8,4

Professions intermédiaires

0,8

8,8

35,5

30

9,6

15,3

100

10,5

Employés

0,2

7,3

22,2

32,2

11,1

27

100

11,1

Ouvriers

0,8

8,7

9,8

24,3

10,7

45,7

100

38,8

Structure socioprofessionnelle de la génération des fils

5

11,5

19,1

23,2

9,4

31,8

100

100

Champ : hommes, actifs occupés ou anciens actifs occupés en mai 1993, âgés de 40 à 59 ans.

Source : D'après enquête FQP, 1993, in Données Sociales 1996, INSEE.

Document 2

Même si, notamment avec l'extension des emplois salariés de type tertiaire, de plus en plus d'emplois sont soumis à des conditions de diplômes, d'autres conditions ou critères d'appréciation des employeurs, explicites ou non, différencient les titulaires d'un même diplôme. Directement, par des formes diverses de "piston" ou les réseaux de solidarité, ou indirectement, par les caractéristiques qui lui sont liées (comme le "culot" ou la confiance en soi), l'origine sociale a toujours des effets propres, indépendants de ceux de l'école ou des diplômes, sur le destin social. Cette différenciation a des effets variables : ils peuvent être plus importants pour l'accès à des emplois du secteur privé qu'à ceux de la fonction publique, ou pour l'accès à des positions non salariées, où trouvent plus directement à s'employer le patrimoine et les relations de famille. Ainsi l'inégalité sociale dans l'accès aux institutions scolaires se double d'une autre inégalité dans le rendement social des diplômes : la formation scolaire dépend de l'origine sociale, mais aussi, à un niveau de formation donné, le statut social dépend de l'origine.

Source : D. Merllié et J. Prévot, La Mobilité sociale, La Découverte, 1991.

LE CORRIGÉ

I - ANALYSE DU SUJET

Le sujet proposé sous forme d'épreuve de synthèse correspond dans le programme à l'étude du changement social, des inégalités et plus précisément aux déterminants et enjeux de la mobilité sociale. Il s'agit d'analyser le rôle de la mobilité structurelle, liée à la transformation des emplois.

L'évolution des qualifications liée au progrès technique, à l'éducation et à la tertiairisation de l'économie a-t-elle un effet réel de redistribution des positions sociales ?

II - CORRIGE DU TRAVAIL PREPARATOIRE

QUESTION 1

Il s'agit de la lecture d'une table de mobilité (PCS des fils, hommes actifs de 40 à 59 ans par rapport à celles de leurs pères) 24,6% des fils d'agriculteurs sont agriculteurs, donc le taux de reproduction sociale des agriculteurs est de 24,6%.

QUESTION 2

Il faut comparer la dernière ligne du tableau (répartition des fils par PCS) et la dernière colonne (répartition des pères).
On constate une très forte baisse du % d'agriculteurs chez les fils (% divisé par plus de 3), une forte baisse du % d'ouvriers (recul de 7 points) et une baisse moindre des indépendants (baisse de 2,3 points) et d'employés, ce qui correspond en France à l'exode rural (progrès technique et gains de productivité) et à la désindustrialisation (mêmes raisons et concurrence des industries des pays à bas salaires).
Les PCS correspondant au secteur tertiaire ont fortement augmenté (part des professions intermédiaires x 2 et part des cadres x par plus de 2)
Remarque : enquête faite sur les hommes d'où le faible % d'employés, constitués majoritairement de femmes.

QUESTION 3

Les PCS les plus mobiles sont celles où le taux de reproduction sociale est le plus faible dans la diagonale du tableau (taux de reproduction = diagonale du tableau)
Agriculteurs (24,6%) et Indépendants (29,6%) : mobilité structurelle forte car il 's'agit de PCS en régression. Les enfants doivent se tourner vers d'autres PCS.
Employés (taux de reproduction de 11,1%) et professions intermédiaires (30%). PCS du secteur tertiaire ou souvent le mouvement d'ascension sociale se poursuit sur plusieurs générations ( la première génération connaît une mobilité horizontale, la deuxième une mobilité verticale d'un "cran").
Dans les professions intermédiaires on met souvent en place une stratégie d'ascension sociale (faible nombre d'enfant, volonté de promotion scolaire)

QUESTION 4

La position sociale dépend :
- du diplôme (légitimité liée au diplôme)
- du réseau de relations sociales dont on dispose (rôle pour l'obtention du premier emploi, rôle dans le déroulement de la carrière)
- d'acquis culturels (aisance dans la société, aptitude à l'oral ...).
Le rendement social du diplôme varie suivant l'origine sociale. A diplôme égal, réussite sociale inégale. Pour certaines PCS (chefs d'entreprise, professions libérales) un capital économique est indispensable.

QUESTION 5

Ligne "ensemble" :
On constate une élévation du niveau général des études. En 1993, 20% seulement des 50 - 59 ans avaient un diplôme supérieur ou égal au bac (quelle que soit leur origine sociale) contre 33,8% des 25 - 39 ans. Ceci correspond à une démocratisation de l'enseignement (massification) qui aboutit à un facteur travail mieux formé, plus apte aux changements imposés par le progrès technique (mais aussi à un risque de dévalorisation des diplômes).

QUESTION 6

La réussite scolaire n'est pas indépendante de l'origine sociale.
- le plus fort % de diplômés (bac ou plus) se situe chez les individus issus d'un milieu de cadres et ce % croît encore pour les jeunes générations, ce qui signifie qu'ils profitent davantage du phénomène de démocratisation de l'enseignement.
- le plus faible % de diplômés se situe chez les individus d'origine ouvrière et même si le % a doublé en une génération, il reste 4 fois plus faible que le % des individus d'origine cadre.

III - CORRIGE DE LA QUESTION DE SYNTHESE

1) LES EVOLUTIONS DE L'EMPLOI PERMETTENT AUX INDIVIDUS D'ORIGINE MODESTE UNE ASCENSION SOCIALE PLUS FACILE

A - Transformations quantitatives
- Hausse des PCS du secteur tertiaire (cadres, professions intermédiaires) : la croissance des effectifs est telle que cette PCS recrute à la fois en interne et par appel aux enfants des autres PCS.
- Recul des agriculteurs, ouvriers (exode rural, gains de productivité, concurrence des pays à bas salaires) : mobilité imposée, mobilité intragénérationnelle et intergénérationnelle facilitée par la démocratisation de l'enseignement.
B - Transformations qualitatives des emplois
Elles sont liées au progrès technique (informatisation...). Ceux qui n'ont pas pu s'adapter (formation inadaptée, perte d'employabilité, échec scolaire et absence de formation) ne profitent pas de ce mouvement et peuvent même connaître une régression sociale.
C - Développement du rôle de l'Etat et augmentation du nombre de salariés fonctionnaires (Education, Santé)
Cette croissance a profité à l'ensemble des salariés, et notamment aux femmes.
D - Société "méritocratique"
Dans une telle société, les positions sociales sont calquées sur le mérite, d'où le rôle important des diplômes. Ce n'est plus un héritage au sens passif. La légitimité d'une position est liée au diplôme.
La mobilité verticale est donc imposée par l'évolution de l'emploi pour tous ceux qui ont acquis les compétences. C'est la mobilité structurelle, qui représente 40% de la mobilité totale.

2) MAIS CETTE MOBILITE RESTE LIMITEE ET LA REPRODUCTION SOCIALE EST ELEVEE

A - Une grande partie de la mobilité constatée est une mobilité horizontale
Changement sectoriel mais pour une PCS proche en niveau de responsabilité, qualification, rémunération.(Exemple : les ouvriers qui deviennent employés)
B - Les enfants des PCS les plus favorisées
Ils profitent le plus de la démocratisation de l'enseignement et donc de l'accès aux PCS du haut de l'échelle sociale. Le recrutement des élites n'a pas changé.
Il s'agit des groupes sociaux qui mobilisent le plus de capitaux :économique, social, culturel, pour mettre en place une stratégie de reproduction sociale et tirer le meilleur parti de l'école. Ils obtiennent le meilleur rendement de leurs diplômes (rôle important du réseau de relations).
C - Les enfants de milieu défavorisé
Ils rencontrent le plus souvent :
- une absence de stratégie familiale d'ascension sociale
- une conscience de classe élevée
- une intériorisation de l'échec scolaire dans leur milieu
- une absence du capital culturel valorisé à l'école.
Ils sont confrontés à l'échec scolaire que Bourdieu explique par le déterminisme social (reproduction sociale)et Boudon par l'absence d'investissement scolaire (comparaison coût/avantages).
De plus, la crise a aggravé la situation (ascenseur social en panne).
Les enfants de milieu défavorisé ont ainsi des difficultés pour accéder aux emplois les plus valorisés, d'où une forte reproduction sociale.
D - Les femmes connaissent plutôt une mobilité horizontale que verticale.
Elles sont sous-représentées dans les élites (postes de dirigeants) et dans la PCS des cadres.

Conclusion

La société française s'est assouplie depuis une cinquantaine d'années. On occupe moins souvent qu'avant la même position sociale que ses parents. Il n'en demeure pas moins que les inégalités restent encore très fortes L'origine sociale reste un facteur déterminant de la trajectoire sociale des individus.

 

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