Le sujet 2002 - Bac ES - Sciences Economiques et Sociales - Question de synthèse |
I - TRAVAIL PREPARATOIRE
(sur 10 points)Vous répondrez à chacune des questions en une dizaine de lignes maximum.
1) Quels sont les avantages de l'euro pour le consommateur ? (document 1). (1 point).
2) En quoi l'euro peut-il être un facteur favorable aux entreprises ? (documents 1 et 2). (1 point).
3) Quelles mesures de politique économique ont été mises en place pour atteindre les objectifs cibles (critères de convergence) au cours des années 90 ? (document 3). (2 points).
4) Quels sont les effets des politiques économiques mises en œuvre depuis le traité de Maastricht (appliqué au 1er janvier 1993) ? (document 3). (2points).
5) En quoi le passage à l'euro a-t-il modifié la politique monétaire ? (document 4). (2 points)
II - QUESTION DE SYNTHESE
(sur 10 points)Après avoir présenté les avantages du passage à l'euro, vous montrerez les contraintes qu'il induit pour les politiques conjoncturelles des Etats membres de l'Union européenne.
Document 1 :
L'instauration de la monnaie unique va d'abord parachever le marché unique en supprimant les contraintes de change qui entravaient les échanges intra-communautaires (incertitude, frais de conversion, coût de la couverture contre le risque de change). La monnaie unique va aussi accroître la concurrence entre les entreprises et bénéficier aux consommateurs qui pourront désormais comparer les prix des produits dans les différents pays de la zone euro ; cette transparence accrue devrait ainsi conduire à des baisses de prix. La diminution des taux d'intérêt, liée à la convergence des économies, à la crédibilité de la future Banque centrale européenne et au développement d'un grand marché des capitaux européens, est un autre avantage attendu de la monnaie unique.
Le rééquilibrage du pouvoir monétaire entre l'Allemagne et ses partenaires, l'affirmation de l'euro comme devise internationale face au dollar et l'accroissement du poids des nouvelles autorités monétaires face aux marchés financiers figurent aussi parmi les intérêts d'une union monétaire.
Source : B.Commelin, Du système monétaire européen à la monnaie unique, Cahiers français
Document 2 :
L'euro fournit en fait une triple chance : de pratiquer une politique monétaire pragmatique ; d'affirmer la présence et le rôle de l'Europe sur la scène mondiale ; pour les entreprises plus spécialement, d'affiner les stratégies de développement à moyen terme. Pendant trop longtemps, l'Europe a pratiqué une politique monétaire excessivement rigoureuse. L'euro donne une chance de remettre les pendules à l'heure, de pratiquer dans la zone euro ce que la Réserve fédérale américaine fait depuis des années, une politique monétaire, qui sans être aucunement laxiste, est pragmatique. [...] La vigilance des politiques budgétaires pourrait autoriser, en cas de besoin, une politique monétaire accommodante dans la zone euro [...].
L'euro va être le symbole de l'intégration européenne, pour les citoyens de l'Europe mais aussi pour le reste du monde. Il devrait aussi permettre à l'Europe d'acquérir le poids monétaire que lui confèrent légitimement sa population, sa puissance économique et géopolitique et sa tradition culturelle.
Source : Ch.de Boissieu, in Paroles d'euro.
Document 3 :
Indicateurs pour quelques pays de l'Union européenne, OCDE, Commission européenne, Eurostat.
Solde public (2) |
Dette publique |
Taux d'inflation |
||||
1992 |
2000 |
1992 |
2000 |
1992 |
2000 |
|
Allemagne |
-2,8 |
1,3 |
42,7 |
60,2 |
4,5 |
2,3 |
France |
-3,8 |
-1,3 |
50,4 |
58,0 |
2,8 |
1,7 |
Italie |
-10,2 |
-0,3 |
108,6 |
110,2 |
5,5 |
2,8 |
Royaume-Uni |
-6,2 |
4,4 |
39,4 |
42,9 |
3,7 |
0,9 |
Cibles (1) |
-3,0 |
-3,0 |
60 |
60 |
3,9 |
2,8 |
Taux d'intérêt à long terme |
Taux de chômage |
Taux de croissance |
||||
1992 |
2000 |
1992 |
2000 |
1992 |
2000 |
|
Allemagne |
7,9 |
5,3 |
7,7 |
7,9 |
1,9 |
3,0 |
France |
8,6 |
5,4 |
10,2 |
10,0 |
1,9 |
3,1 |
Italie |
13,3 |
5,6 |
11,1 |
10,8 |
1,1 |
2,9 |
Royaume-Uni |
9,1 |
5,3 |
10,7 |
5,6 |
-0,9 |
3,0 |
Cibles (1) |
11 |
7,4 |
/// |
/// |
/// |
/// |
(1) objectifs macroéconomiques retenus par le traité de Maastricht ("critères de convergence")
(2) Solde public: différence entre les recettes et les dépenses des administrations publiques.
(Source : OCDE, Commission européenne, Eurostat.)
Document 4 :
La création de l'euro entraîne une modification profonde des conditions d'exercice des politiques économiques.
La politique monétaire est radicalement transformée. La Banque centrale européenne (BCE), indépendante vis-à-vis du pouvoir politique, est responsable de la création d'euros et de la politique de change.
La politique budgétaire est le seul instrument national de stabilisation macroéconomique, mais elle est soumise à de fortes contraintes. Les objectifs macroéconomiques retenus par le traité de Maastricht ("critères de convergence") concernant le déficit public ont été, en effet, reconduits par le Pacte de stabilité et de croissance de 1996. [...]
Les économistes s'interrogent sur l'efficacité des politiques monétaires et budgétaires en cas de ralentissement de l'activité économique et de montée du chômage.
En cas de choc symétrique, c'est-à-dire touchant tous les pays de la zone euro, l'utilisation de la politique monétaire par la BCE semble l'instrument approprié [...]. En présence d'un choc asymétrique, c'est-à-dire affectant un seul pays, la politique budgétaire est possible à condition que la situation budgétaire ne soit pas déjà dégradée.
Source : J.Buridant et alii, Histoire des faits économiques
I - L'ANALYSE DU SUJET
Le sujet proposé sous forme d'épreuve de synthèse est un sujet d'actualité qui correspond au dernier thème du programme : "Le rôle économique et social des pouvoirs publics" (intégration économique et politique conjoncturelle des pays de l'Union Européenne).
C'est une question de cours.
Si le passage à la monnaie unique a été un succès et vécu comme une étape logique de l'intégration, n'entraîne-t-il pas une perte d'autonomie des pouvoirs nationaux et un frein à la lutte contre le chômage ?
II - LE CORRIGE
Question 1
:Le consommateur peut trouver quatre avantages dans la monnaie unique :
Question 2 :
L'euro est favorable aux entreprises :
Question 3 :
Pour respecter les cinq critères de convergence (déficit public inférieur à 3% du PIB, dette publique inférieure à 60% du PIB, inflation maîtrisée, taux d'intérêt faibles ; monnaies stables, il a fallu prendre des mesures strictes :
Question 4 :
Les effets de ces politiques sont :
Question 5 :
Avec le passage à l'euro la politique monétaire est transférée à la BCE. C'est à elle qu'il revient de :
Elle seule, peut ainsi prendre des mesures (accroissement de la masse monétaire, baisse des taux d'intérêt pour pousser la croissance économique). Elle est indépendante du pouvoir politique.
Question 6 :
Les contraintes de la politique budgétaire (critères de convergence fixés dans les accords de Maastricht et confirmés dans le pacte de stabilité en 1996) :
Donc en cas de chômage la relance keynésienne n'est pas possible et le seul financement possible du déficit reste l'impôt. Il est prévu des sanctions si les Etats ne s'y conforment pas.
On essaie de coordonner les politiques budgétaires nationales pour aboutir à une "policy mix" harmonieuse (action combinée de la politique budgétaire et de la politique monétaire sur la conjoncture).
III - QUESTION DE SYNTHESE
A) LE PASSAGE A L'EURO SE TRADUIT PAR DES AVANTAGES POUR LES ENTREPRISES ET LES MENAGES
1. Pour les entreprises
2. Pour les ménages
3. Dorénavant la France voit sa contrainte extérieure différemment
Auparavant, toute hausse de la demande aboutissait à une hausse des importations et un déséquilibre commercial résolu par la dévaluation et une hausse des taux d'intérêt. Aujourd'hui tout est européen, c'est la BCE qui s'occupe de la stabilité monétaire.
4. La France n'est plus à la "remorque" de la politique monétaire allemande
Avant elle subissait les taux d'intérêt liés au taux allemand pour éviter la fuite des capitaux.
Avec l'euro, la France peut peser sur la politique monétaire .
B) MAIS L'EURO A AUSSI UN COUT ECONOMIQUE ET SOCIAL QUI SE TRADUIT PAR DE NOUVELLES CONTRAINTES
1. La politique monétaire autonome disparaît.
C'est l'application du triangle d'incompatibilité de Mundell : il est impossible d'avoir en même temps des changes fixes, des capitaux mobiles et une politique monétaire autonome.
L'autonomie de la politique monétaire a donc été sacrifiée.
Dorénavant la BCE assure le contrôle de la masse monétaire. Son objectif est strict : pas plus de 2% d'inflation. Ce contrôle ne permet pas une croissance économique forte.
Les taux d'intérêt sont plus élevés qu'aux Etats-Unis où les taux réels sont négatifs et tirent la croissance.
2. Les dévaluations compétitives sont impossibles (exemple de l'Italie).
3. Les politiques budgétaires sont restrictives (pacte de stabilité).
Toute relance est impossible (même au niveau européen car le budget de l'UE n'est que de 1,2% du PIB de l'UE. C'est la fin des politiques contra-cycliques pour sortir du chômage.
La seule solution proposée est la méthode libérale : flexibilité du travail et des salaires.
4. L'économique passe devant le social
Dans les critères de convergence il n'y a ni le taux de chômage, ni le taux de croissance.
Le risque de régression sociale existe tant qu'il n'y a pas d'Europe sociale.
5. L'euro est attaqué par le dollar : La BCE est obligée de monter ses taux d'intérêt pour défendre l'euro ce qui se traduit par une perte d'investissement et du chômage.
CONCLUSION
Les consommateurs mesurent depuis quelques mois certains avantages concrets du passage à l'euro, notamment en voyageant à l'étranger. Cependant, ce passage n'a pas empêché le ralentissement de la croissance depuis 2001, la remontée du chômage et des tensions inflationnistes. Même si la BCE est indépendante, les décisions sont politiques et pour le moment, l'euro suppose des politiques monétaires et budgétaires restrictives peu favorables à la lutte contre le chômage.
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