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Annales gratuites Bac ES : Sous-emploi et demande

Le sujet  2010 - Bac ES - Sciences Economiques et Sociales - Questions Imprimer le sujet
Avis du professeur :
Nous vivons une crise économique majeure depuis 2008 dans les pays développés (et les autres !)
On vous propose de réfléchir, à la pertinence -ou à l'actualité - de la pensée de Keynes dans ce contexte. Vos connaissances sur les politiques économiques qui sont menées dans les pays développés aujourd'hui vont vous être utiles pour aborder cette question.
LE SUJET

SUJET B

Ce sujet comporte deux documents.

THÈME DU PROGRAMME :

Sous-emploi et demande

DOCUMENT1

Pourquoi la prospérité est-elle si intermittente ? Il n'est pas difficile de l'expliquer. Les agents économiques, particulièrement quand ils sont riches, ne dépensent pas la totalité de leurs revenus en consommation courante. [ ... ]

Il existe [...] diverses raisons pour lesquelles la production de biens capitaux a tendance à fluctuer dans de larges proportions. Or ce sont ces fluctuations de l'investissement qui sont à l'origine de celles des profits d'abord, de l'activité économique ensuite et, finalement, de la prospérité nationale et mondiale. Pour maintenir la prospérité, il faut qu'une juste proportion des ressources nationales, ni trop ni trop peu, soit consacrée à l'investissement productif. [ ... ]

Il n'y a aucune raison de supposer qu'il existe quelque « main invisible », un mécanisme d'autocontrôle du système économique qui assure que le montant de l'investissement soit constamment au bon niveau. Il est même extrêmement difficile d'y parvenir délibérément, au moyen de ce qu'on appelle aujourd'hui la « planification ». Le mieux que nous puissions espérer est d'utiliser certains investissements, qu'il est relativement facile de planifier, comme compléments pour assurer, dans la mesure du possible, la stabilité de l'investissement global au niveau approprié.

Source : J. M. KEYNES, La Pauvreté dans I'abondance, 1ère éd. 1937, Gallimard, 2002.



DOCUMENT 2

La relance de l'activité économique est généralement lente. Le temps de voter les dépenses, de commencer leur mise en œuvre... et, bien souvent, la crise est déjà finie. Tel est le principal enseignement que les économistes tirent des différents plans de relance engagés depuis cinquante ans. Se voulant être contracycliques(1), ils se révèlent le plus fréquemment procycliques(2). Car les gouvernements sont attirés par des projets pharaoniques, qui prennent du temps, et sont finalement contre-productifs. Cette leçon vaut d'être entendue. Retour à Keynes, oui, mais humble et efficace.

Source : D. COHEN, « Le retour de Keynes ? », www.lexpress.fr, 13/11/2008.

(1) qui s'oppose à la tendance dominante du cycle

(2) qui renforce la tendance dominante du cycle

QUESTIONS

1) À l'aide de vos connaissances et du document 1, vous mettrez en évidence le rôle joué par la demande effective sur la croissance dans l'analyse keynésienne.

2) Expliquez la phrase soulignée.

3) Le contenu du document 2 est-il en accord avec l'analyse de J. M. Keynes ?



LE CORRIGÉ

Elements de réponse aux questions

Question 1

Dès les années 1930, Keynes insiste sur le rôle de la demande dans la croissance économique. Il s’oppose en cela aux économistes néo-classiques, pour qui on doit s’occuper en priorité des conditions de l’offre, puisque celle-ci « crée sa propre demande » (Loi de JB Say). Dans ses travaux, Keynes va préciser sa pensée. Pour lui il faut considérer le rôle de la demande effective, c’est-à-dire la somme de la demande de biens de consommation et de la demande de biens de production. Cette demande est anticipée : les entrepreneurs ajustent leur niveau de production – et d’emplois – au niveau des commandes qu’ils pensent recevoir de leurs clients. En agissant sur la demande, on stimule donc la croissance de la production et des revenus. Si les revenus augmentent, la demande peut s’accroître à nouveau et ainsi de suite … Keynes explique cependant que cette demande effective est fluctuante. Les agents économiques ne consomment pas la totalité de leurs revenus. Les ménages les plus aisés ont une tendance à épargner plus forte que les plus modestes. Il est donc préférable d’augmenter les bas revenus qui « alimenteront » plus certainement la demande effective et la croissance.

Question 2

L’investissement est donc une composante de la demande effective, susceptible de nourrir la croissance. Keynes explique que l’investissement, comme la consommation, n’est pas régulier, ce qui rend la croissance économique « intermittente ». Pour la rendre plus régulière, il faudrait que l’investissement productif, (« les biens capitaux ») soit à un niveau suffisant pour générer de l’activité et des revenus. Keynes s’oppose alors aux économistes classiques et néo-classiques en affirmant qu’il n’y a pas de « main invisible » (concept proposé par Adam Smith) qui fixerait naturellement le niveau convenable de l’investissement. Pour lui, l’équilibre obtenu sur le marché n’est pas automatiquement optimal. Pour que l’investissement se fasse à un niveau suffisant, « ni trop ni trop peu », il faut utiliser l’investissement public, que l’on peut planifier, comme un soutien de l’investissement global.

Question 3

Daniel Cohen montre les limites des politiques proposées par Keynes. D’après lui, ces politiques mettent du temps à agir dans l’économie. Les décisions de relancer sont prises à un moment où l’activité est ralentie, mais elles ont des effets trop tardifs qui peuvent même se produire une fois la crise passée. Ce délai est lié à l’ampleur des projets d’investissements engagés par les gouvernements, ce qui demande un temps considérable pour engager les dépenses. Daniel Cohen ne rejette pas pour autant les politiques keynésiennes, mais il débat des conditions de leur efficacité.

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