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Annales gratuites Bac ES : Travail et croissance

Le sujet  2000 - Bac ES - Sciences Economiques et Sociales - Dissertation Imprimer le sujet
LE SUJET

Quels sont les effets de l'organisation du travail sur la croissance économique ?


Document 1 : un exemple d'entreprise "taylorisée" : Mc Donald's

Un McDo est une véritable petite usine. Un restaurant compte en moyenne quarante salariés, chez McDo on dit des équipiers, pour la plupart des employés à temps partiel. Il s'agit très souvent d'étudiants qui travaillent pour payer leurs études. (…)
L'organisation est élaborée et invariable : à la tête du restaurant, on trouve un "store manager" avec, à ses côtés, un certain nombre de "managers", souvent quatre ou cinq, car il faut qu'au moins l'un d'entre eux soit présent en permanence pendant toute la durée d'ouverture du restaurant. Et cette durée peut dépasser 120 heures par semaine, de 7 h 30 à 1h 00 le lendemain matin, 7 jours sur 7. Les équipements ne chôment pas plus que les équipiers ! (…)
En descendant la hiérarchie, on trouve ensuite les "swing managers", les responsables de zone. Chaque restaurant est en effet divisé en trois zones : la salle, les caisses et la cuisine. (…)
En caisse, les cadences sont définies par la demande des clients, mais en cuisine, la plupart des équipements, identiques partout, sont pourvus de minuteurs et sonnent pour réclamer l'intervention de l'équipier de service. Les différentes opérations sont minutieusement définies dans des manuels de procédures, identiques elles aussi pour tous les restaurants. (…)
Qui a dit que l'époque du travail taylorisé était terminée ?

             Source : Guillaume Duval, L'entreprise efficace à l'heure de Swatch et McDonald's, Syros, 1998.

Document 2 : Evolution de la production et de la productivité du travail

Périodes

Taux de croissance annuels moyens de la production
(%)

Croissance de la productivité apparente du travail par actif

occupé. (%)

1921-1931

3,6

3,4

1931-1949

0,9

1,1

1949-1961

4,8

4,6

1961-1973

5,4

4,7

1973-1979

2,8

2,5

1979-1984

1,5

1,9

1984-1989

3,1

2,3

1989-1995

1,3

1,5

                Source : d'après O. Marchand et C. Thélot "Le Travail en France" 1800-2000, Nathan 1997.

Document 3 : Les avantages de la division du travail

Adam Smith avait mis en lumière les trois grands bienfaits de la division du travail. L'économie de temps : en se consacrant à une seule tâche, le travailleur évite de perdre du temps à changer d'outil ou de place entre deux manœuvres. L'économie de spécialisation : à force de se consacrer à la même tâche, il acquiert une habileté supérieure. Taylor a poussé à l'extrême la concrétisation de ces bienfaits, en parcellisant le travail des ouvriers grâce à l'"organisation scientifique du travail", qui ne laissait à chacun qu'un nombre limité de gestes rigoureusement chronométrés. L'économie d'innovation : la décomposition du travail permet la standardisation et favorise l'invention des machines qui vont accroître la productivité.
A ces avantages techniques s'ajoute une supériorité économique bien illustrée par le "principe de Babbage" : subdiviser le travail permet de ne payer, pour une tâche, que le salaire le plus faible nécessaire à l'accomplissement de cette tâche.

               Source : Thomas Coutrot, Critique de l'organisation du travail, Repères La Découverte, 1999.

Document 4 : Les limites du taylorisme

Il n'est pas exagéré de parler de crise de l'organisation fordienne, puisque la totalité de ses composantes s'avère, dans les années quatre-vingts, jouer un rôle défavorable à la compétitivité. Il n'est pas inintéressant de noter que dans le même secteur, les firmes qui ont perdu des parts de marché avaient en général une organisation fordienne ; a contrario celles qui ont fait progresser leur position anticipent sur les nouveaux principes de gestion en voie d'émergence. (…) Ce qui était une force devient une faiblesse… (…) Pousser la division du travail dans l'atelier conduit, au-delà d'un certain seuil, à des résultats contre-productifs : les tâches deviennent tellement répétitives que l'absentéisme et la rotation de la main-d'œuvre témoignent indirectement des insatisfactions des salariés ; le développement de la hiérarchie intermédiaire hypothèque, voire annule les gains de productivité réalisés dans l'atelier alors que la hiérarchie intermédiaire s'accroît (…) ; plus encore, une démarcation stricte des tâches bloque leur redéfinition en réponse aux innovations organisationnelles permises par l'électronisation.

              Source : Robert Boyer, Jean-Pierre Durand, L'Après-fordisme, Syros 1993.

Document 5 : Evolution de la part des emplois précaires* et du taux de croissance du PIB

*Emplois précaires : intérimaires + contrats à durée déterminée + contrats aidés (CES) + apprentis.

             Source : D'après CD TEF 1999.

Document 6 : Les nouveaux modèles d'organisation et la réduction des coûts.


LE CORRIGÉ

I - ANALYSE DU SUJET

Le sujet est assez classique et ne devrait pas trop surprendre les candidats.
La question de l'évolution de l'organisation du travail est une question de cours.
Les documents sont clairs et encadrent bien le sujet.

II - CORRIGE

Introduction

L'histoire économique nous apprend que les choix d'organisation du travail sont très tôt devenus essentiels dans le fonctionnement des entreprises et leur efficacité .Par exemple, en 1776, Adam Smith soulignait déjà les effets positifs de la division du travail dans une manufacture d'épingles.
Les liens évidents entre l'évolution de la productivité du travail et la croissance économique au XXème siècle (voir document 2) soulignent l'intérêt d'une réflexion sur les effets de l'organisation du travail sur la croissance.

1) La division du travail favorise la croissance pendant les trente glorieuses

A - LES SUCCES DU TAYLORISME

- Définition de l'O.S.T (Organisation Scientifique du Travail ) : la division verticale et horizontale du travail.
- Document 3 : Les avantages du taylorisme.
- Le taylorisme permet des gains de productivité élevés dans les années 50 et 60, ce qui favorise la croissance dans cette période (voir Document 2).
- Le taylorisme s'accompagne de salaires élevés, ce qui alimente la consommation.
C'est le "cercle vertueux" du fordisme.

B - LES LIMITES DE L'OST

- Dans les années 60, la pénibilité du travail, sa monotonie provoquent le mécontentement des salariés : grèves, absentéisme et turn-over augmentent.
- Le taylorisme, efficace pour produire en masse des biens standardisés, ne convient plus pour satisfaire une demande plus diversifiée.
- L'évolution technologique suppose des tâches plus qualifiées .Il faut donc former davantage la main d'œuvre.
- Document 4 : La crise de l'organisation fordienne : la division - excessive - du travail est devenue contre - productive.
- La croissance de la productivité ralentit depuis les années 70, signe de cet essouflement.

2) Organisation du travail et croissance aujourd'hui

A- LES NOUVELLES ORGANISATIONS EN RUPTURE AVEC LE TAYLORISME

- Les contraintes depuis les années 70 (crise, mondialisation, concurrence…) obligent les entreprises à repenser l'organisation du travail pour réduire les coûts, les délais et améliorer la qualité de la production.
- Document 6 : Le modèle japonais : les cinq "zéros", les flux tendus.
- Avec une organisation en flux tendus (le "juste à temps"), on ne vend pas ce que l'on a produit, mais on produit ce que l'on a vendu. Ce système élimine les problèmes de stockage mais suppose une organisation optimale.
- Au Japon, mais aussi dans les autres pays industriels, on a aussi vu se développer des "cercles de qualité", visant à améliorer la communication dans l'entreprise, sur les questions touchant la production. On parle ainsi souvent de "culture" ou de "projet" d'entreprise.
- Cette vision nouvelle de l'entreprise (le toyotisme) amène des résultats positifs mais suppose une implication et une formation de la main d'œuvre qui ne se vérifient pas partout.

B - FLEXIBILITE ET EXTENSION DU TAYLORISME

- Pour faire face aux difficultés, les entreprises sont devenues aussi exigeantes en matière de flexibilité du travail.
- Les horaires du travail se sont ainsi élargis (aménagement et réduction du temps de travail, annualisation…)
- Les entreprises ont ainsi recours à des formes atypiques de l'emploi : CDD, temps partiel, intérim, apprentissage.
- Les pouvoirs publics ont d'ailleurs favorisé cette flexibilité : sur les horaires et sur les contrats.
- La recherche de flexibilité a pu aider les entreprises à être plus compétitives mais a aussi accru la précarité pour beaucoup de salariés (voir Document 5).
- Par ailleurs, la croissance des années 80 et 90 ne semble pas avoir profité de cette plus grande flexibilité ( cf document 2 )
- Enfin, il faut ajouter que le taylorisme, loin de disparaître, tend même à s'étendre dans des activités de services : exemple de Mac-Donald (voir Document 1) : définition précise des tâches et du rythme de travail, standardisation, etc.

Conclusion

Les contraintes de l'économie moderne nous obligent à mener une réflexion sur les moyens d'obtenir une croissance forte, tenant compte des impératifs technologiques, commerciaux, mais aussi sociaux et humains. C'est sans doute là un des enjeux des "35 heures" en France.

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