Le sujet 2003 - Bac Pro Secteur Industriel - Histoire - Etude de documents |
Document 1
Document 2
L'Europe après 1945 (carte).
L'Histoire N°209, Avril 1997.
Document 3
Discours de Winston Churchill.
Université de Fulton, Missouri, Etats-Unis, 5 mars 1946.
Document 4
Déclaration de Jean Monnet au comité de libération nationale, Alger, 1943.
Jean Monnet, Mémoires, 1976, Livre de Poche.
Document 5
Quelques indicateurs de la puissance dans le monde actuel.
"Mondialisation et stratégies industrielles", J.M. ALBERTINI, février 1999
Alternatives économiques, Novembre 2002.
QUESTIONS
Question 1 (document 1)
Quels fondements de la puissance de l'Europe sont évoqués dans ce document ?
Quelle place l'Europe occupe-t-elle dans le monde avant 1914 ?
Question 2 (document 2)
Quels changements s'opèrent en Europe après 1945 ?
Question 3 (documents 2 et 3)
Comment Winston Churchill analyse-t-il ces changements ?
Quelle est la situation de l'Europe dans le monde après 1945 ?
Question 4 (document 4)
Selon Jean Monnet, quels choix peuvent s'offrir à l'Europe au lendemain de la guerre ? Quelle est sa préférence ? Comment la justifie-t-il ?
Question 5 (document 5)
Quelle est la place actuelle de l'Europe dans les rapports de puissance ?
Synthèse
A partir des documents, des réponses aux questions et de vos connaissances, vous rédigerez une synthèse d'une vingtaine de lignes sur le sujet suivant :
"La place de l'Europe dans les rapports de puissance au XXème siècle"
Document 1
Document 2
L'EUROPE APRES 1945.
D'après L'Histoire N°209, Avril 1997.
(1) : il s'agit de la Finlande dont l'indépendance est reconnue par l'URSS en échange de sa nationalité.
Document 3 :
DISCOURS DE WINSTON CHURCHILL (1)
" De Stettin, dans la Baltique, à Trieste, dans l'Adriatique, un rideau de fer est descendu à travers le continent. Derrière cette ligne, se trouvent les capitales de tous les pays de l'Europe orientale : Varsovie, Berlin, Prague, Vienne, Budapest, Belgrade, Bucarest et Sofia. Toutes ces villes célèbres, toutes ces nations se trouvent dans la sphère soviétique.[...]
Les communistes, qui étaient plus faibles dans tous ces pays de l'est européen, ont été investis de pouvoirs qui ne correspondent nullement à leur importance numérique, et cherchent partout à s'emparer d'un contrôle totalitaire. Sauf en Tchécoslovaquie, il n'existe pas dans cette partie de l'Europe de vraie démocratie. [...]
Je ne crois pas que la Russie désire la guerre. Ce qu'elle désire, ce sont les fruits de la guerre et une expansion illimitée de sa puissance et de sa doctrine. Mais ce que nous devons examiner ici aujourd'hui, alors qu'il en est encore temps, c'est le moyen d'empêcher la guerre de façon permanente, et d'établir dans tous les pays, aussi rapidement que possible, les prémices de la liberté et de la démocratie."
(5 mars 1946, discours prononcé à l'université de Fulton, dans le Missouri, Etats Unis)
(1) : Premier Ministre britannique de 1940 à 1945, cosignataire des accords de Yalta, Février 1944
Document 4 : DÉCLARATION DE JEAN MONNET, 1943
En 1943 à Alger, Jean Monnet (1888-1979), l'un des futurs pères fondateurs de l'Europe, devint membre du gouvernement de la France Libre : le Comité de Libération Nationale, Le 5 Août, il s'adresse à ce comité.
"Il n'y aura pas de paix en Europe si les Etats se reconstituent sur une base de souveraineté nationale, avec ce que cela entraîne de politique de prestige et de protection économique. Si les pays d'Europe se protègent à nouveau les uns contre les autres, la constitution de vastes armées sera à nouveau nécessaire. [...] Les réformes sociales seront empêchées ou retardées par le poids des budgets militaires. L'Europe se recréera une fois de plus dans la crainte.
Les pays d'Europe sont trop étroits pour assurer à leurs peuples la prospérité que les conditions rendent possible et par conséquent nécessaire. Il leur faut donc des marchés plus larges... Cette prospérité et les développements sociaux indispensables supposent que les Etats d'Europe se forment en une fédération, ou une "entité européenne" qui fasse une unité économique commune."
J.MONNET, Mémoires, 1976. Le Livre de Poche, p.p. 319/320.
Document 5
QUELQUES INDICATEURS DE LA PUISSANCE DANS LE MONDE ACTUEL
|
Population |
PIB 1995 |
PNB par tête |
Dépenses militaires |
Monde |
5 673 |
27 687 |
4 880 |
|
Japon |
125,2 |
5 108 |
22 110 |
|
Union européenne |
372,1 |
7 494 |
18 486 |
144,41 (1) |
Etats-Unis - |
263,1 |
6 952 |
26 980 |
310,51 (1) |
Sources : "Mondialisation et stratégies industrielles", J.M. ALBERTINI, Février 1999
Alternatives Economiques, Novembre 2002
(1) source : Le Monde, Dossiers et Documents n° 309, mai 2000
I - PRESENTATION DU SUJET
Le terme l'Europe est en lui-même éminemment problématique : au XXème siècle il ne recouvre pas toujours la même réalité :
On touche là au cœur de la problématique de ce sujet de relations internationales : étudier l'Europe dans les rapports de puissance au XXème siècle, c'est montrer en quoi sa puissance a pu varier au gré des évolutions historiques majeures évoquées par les différents documents.
Il faut donc bien avoir à l'esprit deux éléments : de quelle Europe parle-t-on ? Quel est le contexte historique qui explique à la fois sa géométrie et sa puissance variables ?
II - LES CONNAISSANCES ESSENTIELLES
Question 1
Dans le monde avant 1914, l'Europe occupe donc une place centrale, et même prépondérante, qui mêle domination économique et politique. Ces deux aspects se conjuguent et se renforcent dans la colonisation des autres continents.
Question 2
Après 1945, la carte de l'Europe est bouleversée, en particulier au centre et à l'est.
Les pays vaincus à l'issue du second conflit mondial (Allemagne et Autriche) sont occupés par les vainqueurs et l'URSS a conquis un certain nombre de territoires (pays baltes, Ukraine occidentale, Ruthénie subcarpatique, Bessarabie, Carélie).
Mais les changements territoriaux ne doivent pas faire oublier l'essentiel : la division Est - Ouest de l'Europe.
A l'Est, les pays sont devenus communistes ou sont "sur le point de passer au communisme", donc sous influence soviétique.
A l'Ouest, ils sont nombreux à avoir accepté l'aide économique américaine indispensable à leur reconstruction sous la forme du plan Marshall, décidé en juin 1947.
Question 3
Pour Churchill, premier ministre britannique pendant la Deuxième Guerre mondiale et symbole de la résistance aux nazis, "un rideau de fer est descendu à travers le continent" européen, selon un axe est - ouest.
Selon lui, la responsabilité en incombe à l'URSS, qui a voulu établi rune "sphère soviétique" sous influence communiste. Il parle d'expansionnisme et dénonce l'absence de démocratie à l'Est puisque les communistes ont pris le pouvoir dans les pays où leur audience était très faible. Aussi évoque-t-il un "contrôle totalitaire".
En effet, les soldats de l'Armée rouge stationnant dans la partie de l'Europe qu'ils avaient libérée, Staline a saisi l'occasion d'accroître la puissance de son pays.
La situation est donc nouvelle et Churchill, qui prononce son discours très opportunément aux Etats-Unis, en appelle à une riposte pour "établir dans tous les pays les prémices de la liberté et de la démocratie". L'Europe se divise et sa partie ouest recherche la protection américaine. Elle obéit donc à une logique inédite : celle fixée par les deux supergrands dans un monde qui en devient bipolaire. La situation de domination européenne d'avant 1914 n'existe déjà plus.
Question 4
Selon Monnet, soit l'Europe se reconstitue sur la base d'Etats souverains, soit au contraire elle se transforme en une "fédération", c'est-à-dire une entité européenne supranationale.
Sa préférence va résolument à la deuxième solution : selon lui, c'est la seule susceptible de garantir paix et prospérité et il se prononce pour une "unité économique commune" afin de disposer de "marchés plus larges". Elle permettra aussi d'importantes réformes sociales.
A l'inverse, une souveraineté nationale trop exacerbée conduirait à nouveau à des rivalités au sein de l'Europe et à de nouvelles guerres, comme en 1914 puis en 1939.
Question 5
Aujourd'hui, l'"Europe" se confond avec l'Union Européenne, qui regroupe 15 Etats membres d'Europe de l'ouest (mais devrait en compter 25 après 2004), au terme d'un processus engagé au début des années 50, justement à l'initiative de Jean Monnet, l'un des pères fondateurs de l'Europe.
L'UE est une grande puissance, actuelle et en devenir.
Sa plus grande force est économique puisqu'elle est l'espace le plus riche du monde (7494 milliards de dollars) devant ses principaux concurrents, Etats-Unis et Japon, qui la devancent encore cependant en terme de richesse par habitant (si on utilise le PNB : peut être parce que les grandes multinationales sont davantage américaines ou japonaises).
Son poids démographique est certes négligeable par rapport au reste du monde ou à l'Asie, mais cependant supérieur à celui des Etats-Unis ou du Japon.. De plus, l'UE constitue un marché de riches consommateurs qui attire en nombre les investissements étrangers.
Cependant, son poids faible est la dimension politico-militaire , à l'image de ses dépenses pour la défense, deux fois moins importantes que le budget militaire américain. L'UE est avant tout une union économique, qui a du mal à parler d'une seule voix sur la scène internationale et à définir une politique de défense commune : deux carences qui ont ressurgi récemment (guerre en Irak en 2003).
Synthèse :
Partir de l'idée de domination de l'Europe sur le monde, fondée sur la révolution industrielle, le commerce et la colonisation, processus qui culmine en 1914 (Document 1).
Les deux guerres mondiales viennent changer la donne : les Européens s'entre-déchirent et s'affaiblissent, alors qu'émergent de nouvelles puissances comme les Etats-Unis ou le Japon.
L'après 1945 marque un tournant avec les débuts de la Guerre froide : la division de l'Europe est formalisée dès 1947, avec influence de deux superpuissances particulières, l'une eurasiatique, l'autre américaine (Documents 2 et 3).
Pourtant arrive aussi le temps de la construction européenne annoncée dès 1943 par Monnet (document 4), et qui se fera avec la bienveillance des Etats-Unis, mais toujours dans une logique de division Est - Ouest, dont l'Allemagne est le symbole. Evoquer la CECA (1951) puis la CEE (1957) et l'élargissement progressif de cette communauté originale et supranationale.
Terminer sur les résultats de cette émancipation achevée grâce à la chute du bloc communiste (1989 - 1991) : l'UE est bien une grande puissance, appelée même à absorber l'Europe centrale et orientale. Mais elle connaît des limites politico-diplomatico-militaires qui laissent les Etats-Unis faire seuls office de superpuissance, en particulier quand les divisions entre Européens resurgissent (voir, à nouveau, l'exemple de la toute récente guerre en Irak).
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