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Annales gratuites Bac Hôtellerie : Devons-nous nous méfier de nos certitudes ?

Le sujet  1995 - Bac Hôtellerie - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
LE SUJET

Devons-nous nous méfier de nos certitudes ?

LE CORRIGÉ

I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ?

Le sujet invite à s'interroger sur la valeur et la signification de nos certitudes. Sont elles pour nous garantes de notre accès à la vérité ou constituent-elles au contraire un obstacle insurmontable à son expérimentation ?

Cette double question vient de ce que nos certitudes n'ont pas la même valeur selon qu'elles sont sensibles (et renvoient à une opinion arbitraire ou à un préjugé scientifiquement infondé), ou morales, lorsque notamment elles traduisent une aspiration à laquelle ni la science ni la raison ne peuvent apporter de réponse.

En outre, il importe de différencier la nature subjective des certitudes qui nous étreignent, à tort ou à raison, du caractère objectif et universel qui définit l'essence même de la vérité.

Autrement dit, il s'agit de distinguer ce qui peut faire l'objet d'une expérimentation intime (le certain) , de ce qui est conforme à une réalité extérieure, c'est-à-dire à la fois vérifiable et expérimentable (le vrai).

Enfin, il faudra se demander au nom de quoi, c'est-à-dire de quelle obligation, morale ou logique, s'impose à nous ce sentiment de méfiance ?


II - UNE DEMARCHE POSSIBLE.

A - DISTINCTION DE DEUX CERTITUDES : DE LAQUELLE FAUT-IL SE MEFIER ?

Le propre de la certitude, on l'a mentionné, est qu'elle ne peut faire l'objet d'une vérification par l'expérience.

Il convient de distinguer toutefois deux sortes de certitudes :

D'une part, les certitudes qui sont des préjugés, situés en deçà de la science, et que celle-ci peut convertir, c'est-à-dire, travailler et ré élaborer.

D'autre part, les certitudes morales ou religieuses, situées au-delà de la science, et dont celle-ci ne peut garantir la vérification.

Il convient ainsi de se méfier des préjugés, de l'opinion (la "doxa" platonicienne). Ceux-ci relèvent de l'apparence trompeuse, de l'illusion et ne font que plonger celui qui s'y livre dans un monde incertain et mouvant, dans l'obscurité de la caverne.

La "connaissance" que les préjugés nous livrent n'est qu'arbitraire, c'est-à-dire non fondée.


B - DE LA NECESSITE DE VIVRE AVEC DES CERTITUDES.

La science n'apporte pas de réponse à tous les problèmes.

Kant, dans L'Antinomie de la Raison Pratique, nous montre la nécessité de fonder la croyance en l'immortalité de l'âme et en l'existence de Dieu sur les postulats de la raison ; il s'agit alors de certitudes rationnelles mais non pas de vérités démontrables selon le cheminement de la science.

C'est le sens de la maxime célèbre contenue dans la préface de la Critique de la Raison Pure : "Il faut abroger le savoir pour laisser place à la foi".

Cette foi même qui peut conduire à croire sans les preuves et même quelquefois contre les preuves.


C - REHABILITATION DU DOUTE.

En fait, n'est-ce pas aussi la certitude entrave la dynamique de la pensée et qui ainsi empêche tout progrès de la réflexion.

Hegel nous enseigne que la philosophie, la pensée sont inquiétude, c'est-à-dire perpétuelle tension vers la vérité.

La pensée n'avance que par crises, contradictions résolues, puis dépassées, certitudes sans cesse remises en cause.

Descartes, quant à lui, décide de rejeter toutes les certitudes, de pratiquer un doute systématique et méthodique afin de fonder toutes ses connaissances futures : c'est même là la preuve de l'exigence d'intégrer le doute dans la séquence des étapes qui conduisent jusqu'au savoir.

Voilà pourquoi ce peut être la certitude qui rend fou là où le doute apaise et tranquillise.


III - LES REFERENCES UTlLES.

PLATON, La République, livres 6 et 7.

DESCARTES, Méditations Métaphysiques.

KANT, Critique de la Raison Pratique.

NIETZSCHE, Considérations Inactuelles.


IV - LES FAUSSES PISTES.

Ne pas distinguer la certitude sensible (fondée sur l'arbitraire du sentiment) de la certitude morale (qui répond à l'impuissance de la raison).

Ne pas assimiler certitude et vérité.

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