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Annales gratuites Bac Hôtellerie : Faut-il être connaisseur pour apprécier une oeuvre d'art ?

Le sujet  1995 - Bac Hôtellerie - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
LE SUJET

Faut-il être connaisseur pour apprécier une oeuvre d'art ?

LE CORRIGÉ

I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ?

Ce sujet part d'un constat que tout le monde peut faire : il y a un hiatus entre l'art et la connaissance que l'on possède à son sujet.

On peut être connaisseur de l'histoire de l'art et ne pas savoir apprécier l'art. On peut apprécier l'art sans nécessairement connaître son histoire.

Le sujet implique donc de questionner le lien qui existe entre l'art et la connaissance qu'on peut en avoir.

Le rapport à l'art peut-il être purement subjectif et sentimental ou est-il "intellectuel" ?

En fait, on le verra : ni l'un ni l'autre.


II - UNE DEMARCHE POSSIBLE.

A - LES LIMITES DU SENTIMENT.

Il y a quelque chose de profondément subjectif dans le rapport à l'art. Avoir un rapport à l'art, c'est être capable de ressentir quelque chose devant une oeuvre. C'est se laisser gagner par l'émotion qu'elle suscite.

Cet aspect subjectif du rapport à l'art est d'autant plus important qu'il est conforté par deux éléments :

l'art, comme le disait Hegel, c'est de l'idéal devenu sensible. Le génie de l'artiste n'est pas d'avoir des idées. Il réside dans le fait de les matérialiser.

au départ, nous avons tous aimé avant de connaître. La connaissance est l'effet de l'amour, qui seul constitue l'origine sensible du plaisir. L'amour est donc bien la condition de possibilité de la connaissance.

Ceci dit, si il ne suffit pas de connaître pour aimer, quand on aime l'art, on cultive ce goût et donc, on cherche à le connaître en s'informant. En ce sens, la connaissance historique et érudite est l'aboutissement normal du sentiment.


B - LES LIMITES DE LA CONNAISSANCE.

Ceci dit, si la connaissance vient à l'appui du sentiment, elle ne saurait le remplacer.

A son actif, il y a bien des raisons de la défendre. Aimer, cela s'apprend. Souvent, nous nous sommes mis à aimer des oeuvres parce qu'un connaisseur a su nous les faire voir en nous ouvrant à leur signification.

D'une façon générale, un connaisseur reconnaît autant qu'il connaît, il sait reconnaître autant qu'il prend plaisir à connaître.

Il sait donc dépasser les apparences et dénicher les choses rares. L'art étant unique et rare, il faut donc être connaisseur.

Enfin, une oeuvre d'art n'a pas que du sens par rapport à elle-même ou à nous. Elle en a parce qu'elle fait histoire. Comme l'a dit Hegel elle fait événement.

Cela dit, il convient d'être prudent. La connaissance peut être un piège. Connaître peut donner la tentation d'aborder l'art avec le préjugé du connaisseur qui croit connaître ou qui veut connaître.

Or, l'art ne doit-il pas être abordé sans préjugé ? Ne doit-il pas étonner ? N'est-il pas quelque chose qui nous apporte ce que l'on ne connaissait pas en bousculant nos préjugés ?

Bref, être face à l'art c'est naître au monde ; comme l'a dit Bachelard, avoir un regard neuf. Aussi la connaissance est-elle mise en échec.

Si l'art requiert qu'on s'éduque toujours, ainsi que l'a vu Kant, il n'est pas une science.


C - ENTRE COEUR ET RAISON.

En ce sens, l'art est entre coeur et raison. Si le sentiment qu'on en a invite à se cultiver, le fait de le connaître implique de se dépouiller du fait de vouloir le connaître.

C'est là où il est singulier. Entre coeur et raison, il nous enseigne un sentiment autre et une raison autre.

Kant, dans La critique de la faculté de juger , a vu dans cet état dans lequel l'art nous met, l'état d'être proprement humain.

Sans passer par la raison, par la force universaliste du concept, l'art

unit pourtant les hommes qui se réunissent autour de lui dans la communauté d'un discours sensible.

C'est là son aspect étonnant : sa singularité douée d'universalité.


III - REFERENCES UTILES.

KANT, Critique de la faculté de juger

HEGEL, Esthétique


IV - LES FAUSSES PISTES.

Ce sujet ne portait pas sur l'art en général, ni sur le plaisir subjectif qu'il procure. Il ne fallait pas se demander ce que connaître ou apprécier l'art veut dire, mais interroger le rapport art-connaissance.

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