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Annales gratuites Bac Hôtellerie : L'oeuvre d'art et la beauté

Le sujet  2001 - Bac Hôtellerie - Philosophie - Dissertation Imprimer le sujet
LE SUJET

Une œuvre d'art peut-elle ne pas être belle ?

LE CORRIGÉ

I - LES TERMES DU SUJET

Une œuvre d'art : le sujet invite à traiter non pas de l'art en général, mais de l'œuvre d'art du point de vue de sa singularité comme l'indique l'article indéfini. Il s'agit donc de considérer les œuvres d'art non à partir d'une définition générale mais sous l'angle de leur diversité.

Belle : par référence au beau qui peut se définir de différentes façons :

  • Comme ce qui est conforme aux canons ou normes esthétiques en vigueur.
  • Comme ce qui est susceptible de susciter chez le sujet un plaisir esthétique, c'est-à-dire un plaisir spécifique, à la fois sensible et intellectuel, désintéressé puisqu'il n'implique pas chez le sujet un désir (qui serait de consommation).

Peut-elle : le verbe "pouvoir" peut être compris de deux façons :

  • Il s'agit d'abord de savoir s'il est possible que l'œuvre d'art échappe à cette qualification habituelle qu'est le beau.
  • Le sujet interroge aussi le refus de ce lien de l'œuvre d'art et du beau du point de vue de la légitimité. Il s'agit alors de se demander si un "objet" qui n'est pas beau a le droit d'être reconnu comme une œuvre d'art.

II - L'ANALYSE DU PROBLEME

Ce sujet interroge le lien que l'on a coutume d'établir entre l'art et le beau. En effet, on associe de façon systématique l'œuvre d'art et la beauté comme si celle-ci était une caractéristique essentielle de l'art, un critère de reconnaissance.
Pourtant, nombre de productions artistiques témoignent d'un refus des normes esthétiques de leur temps et n'en sont pas moins reconnues comme des chefs-d'œuvre.

En outre, on observe aussi que l'association de l'art et du beau a pu être contestée par certains artistes : par exemple, Duchamp (artiste du XXème siècle) conteste-t-il que les œuvres (qu'il refuse d'appeler "œuvres d'art") répondent à l'exigence du beau.
Ainsi, la définition de l'art par la beauté ne va pas de soi.

Cependant, quelques exemples empruntés à l'histoire de l'art et à ses développements contemporains suffisent-ils à contester la légitimité du lien entre l'art et le beau ? Si l'on peut considérer comme artistique une œuvre dépourvue de beauté, comment alors reconnaître l'œuvre d'art parmi l'ensemble des productions humaines ?

III - UNE DEMARCHE POSSIBLE

A) LE BEAU COMME CRITERE DE L'OEUVRE D'ART

1 - Les règles du beau
Si le beau est la conformité à des normes esthétiques, alors on dira qu'une œuvre est belle si elle respecte ces règles (par exemple la composition d'une pièce de théâtre classique doit obéir aux règles des trois unités : de temps, de lieu et d'action) et qu'elle ne l'est pas si elle transgresse ces règles.

2 - Les difficultés d'un tel critère
Ces règles sont susceptibles d'être mises en question.
D'une part, l'histoire de l'art témoigne d'une évolution incessante des règles.
D'autre part, nous constatons que les œuvres, qu'elles soient ou non conformes à des critères, sont susceptibles d'être qualifiées de belles.
Cette première approche du beau doit donc être interrogée.

B) LE BEAU COMME SENTIMENT ESTHETIQUE

1 - Un plaisir spécifique
On qualifie de belle une production susceptible de produire un plaisir esthétique, c'est-à-dire un plaisir qui se distingue du simple plaisir sensuel. De ce point de vue, une œuvre d'art est belle si elle produit une certaine qualité d'émotion qui a, selon Kant, la vertu d'être universelle.

2 - L'œuvre d'art comme œuvre de génie
Cependant, rien ne permet de définir par avance ce qui permettra de produire chez le spectateur ce sentiment ou cette émotion esthétiques. C'est, selon Kant, le génie de l'artiste qui est en mesure d'accéder à cette qualité de production.

C) LE REFUS DU LIEN ENTRE L'ART ET LE BEAU

La mise en question du génie par Nietzsche par exemple, conduit à redéfinir les critères de l'œuvre d'art.
Ce n'est plus seulement la beauté mais aussi la capacité d'une œuvre d'art à nous faire réfléchir qui est considérée comme fondamentale. Au plaisir esthétique procuré par la beauté, on doit donc ajouter l'étonnement, la réflexion et même la provocation. Ainsi, des œuvres considérées comme laides selon les règles habituelles sont des œuvres d'art parce qu'elle nous font réfléchir sur ce qu'est l'art lui-même.

IV - DES REFERENCES UTILES

  • Kant, Critique de la faculté de juger : sur le beau et le plaisir esthétique.
  • Nietzsche, Humain, trop humain : sur la critique du génie.

V - LES FAUSSES PISTES

  • Se limiter à des lieux communs sur l'art
  • Affirmer sans argumenter que le beau est relatif

VI - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR

Un sujet qui convoque la réflexion critique du candidat. Une simplicité seulement apparente.

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