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Annales gratuites Bac L : Ambivalence du merveilleux

Le sujet  2005 - Bac L - Littérature - Question Imprimer le sujet
LE SUJET


Dans une étude sur Perceval ou le Roman du Graal de Chrétien de Troyes, C. Durvye écrit que le monde merveilleux est à la fois "plein de pièges affreux" et de "merveilles sublimes".
En quoi votre lecture de Perceval ou le Roman du Graal de Chrétien de Troyes suivi des extraits des Continuations confirme-t-elle ce double aspect du merveilleux ?
 

LE CORRIGÉ


I - L'ANALYSE DU SUJET

La question porte sur le merveilleux "plein de pièges affreux" et les "merveilles sublimes" dans Perceval le Gallois et les extraits des Continuations.
Tout d'abord, on définira le merveilleux comme ce qui provoque l'étonnement, voire l'admiration de Perceval et des lecteurs.
Les épisodes merveilleux se retrouvent dans de nombreux romans de Chrétien de Troyes, mais on attire ici l'attention sur le double aspect de ce merveilleux, à la fois négatif et positif. Comment lier ces deux sortes de merveilleux et dans quel but ?

II - LES REACTIONS A CHAUD DU PROFESSEUR

Le sujet peut sembler ardu, mais il faut reconnaître que les épisodes merveilleux sont assez faciles à repérer dans le livre et qu'ils n'auront pas manqué d'attirer l'attention des candidats.
La question posée est au centre de la problématique du livre, comme on le voit dans le titre, où Perceval est mis en relation avec le Graal. Bien sûr, le merveilleux profane et le merveilleux chrétien se manifestent de façon analogue dans le livre.

III - UN TRAITEMENT POSSIBLE DU SUJET

Dans un premier temps, nous pouvons voir que les spectacles merveilleux laissent Perceval sans réaction. Il décrit ce qu'il voit mais témoigne surtout de son étonnement. Le jeune homme demande aux chevaliers qui passent près de lui : "Etes-vous Dieu ?" et provoque l'hilarité de tous. Il s'agit d'un enfant qui ne sait rien, et Chrétien de Troyes ne se prive pas de souligner son ignorance et de s'en moquer. Il ne connaît rien à l'armement des chevaliers, alors que tous les chevaliers connaissent parfaitement tout cela. Il se demande si les chevaliers sont des diables, à cause de leur bruit. Bref ces interprétations divergentes sont données pour faire rire au début du livre de Chrétien de Troyes.
Mais il y a plus grave : chez le Roi-pécheur, Perceval voit défiler le Graal et la lance qui saigne à plusieurs reprises, sans poser de questions, comme le lui a recommandé Gorneman de Gorhant qui a fait son éducation de chevalier. Quel sens ont ces objets extraordinaires, et ce défilé devant le roi handicapé et Perceval ?

Dans un deuxième temps, nous pouvons voir le héros sortir de sa passivité et se comporter en chevalier vaillant en sortant victorieux des combats merveilleux qu'on lui impose.
Il se bat seul contre quarante guerriers qui ressuscitent sitôt que Perceval les tue : une vieille femme soigne leurs blessures avec un onguent magique, et ils se dressent à nouveau, prêts à combattre. Mais Perceval s'empare de l'onguent et gagne.
Les aventures les plus attendues font intervenir des machineries diaboliques comme le "Lit de la Merveille" sur lequel s'assoit Gauvain qui reçoit 400 flèches et se fait attaquer par un lion. Mais il sait se défendre et le lecteur en est quitte pour l'émotion.
En fait, ces enchantements mettent en valeur le héros, et cela se voit bien dans les Continuations, où le diable manifeste ses stratagèmes les plus épouvantables : une Main Noire attaque Perceval, un cheval noir l'enlève, un bateau noir lui présente une tentation : Blanchefleur, qui s'offre à lui. Mais c'est une fausse Blanchefleur mais le héros a raison de cette apparition comme des autres.
Perceval est donc un chevalier accompli, comme l'attestent ces multiples combats. Mais on s'aperçoit que dans la quête du Graal, ces combats changent de sens.

Dans une troisième partie nous pouvons voir que ces merveilles sont liées à l'ascèse du héros.
Il arrive à repousser la barque noire où sa bien-aimée Blanchefleur est apparue, et la tentation de la chair est vaincue.
Il apprend à parler et à poser les questions qui permettront de délivrer le monde des malédictions qui pèsent sur lui. Il sait enfin à qui on apportait le Graal et quelle vie ce dernier donne au Roi-pécheur. Son initiation lui permet de témoigner des miracles qui se produisent devant lui. Il apprend même à agir : c'est en faisant le signe de la croix qu'il se délivre de la Main Noire et purifie la chapelle où elle se produisait. Il sait regarder la croix qui est formée par le pommeau de son épée, prier au bon moment, réciter les formules magiques que le prêtre lui a enseignées et se délivrer des entreprises de Satan, pour notre plus grande édification.

Ainsi, nous avons vu que les différentes manifestations merveilleuses présentaient des analogies flagrantes, montraient une continuité et une cohérence dans le parcours du héros en quête du Graal. A la fin, il lui suffirait de s'asseoir sur le Siège Périlleux pour que la malédiction cesse et que l'on reconnaisse le roi du Graal.

IV - LES ERREURS A EVITER

Il ne fallait pas faire d'erreurs sur le sens du mot merveilleux, ni sur la répartition du temps entre les deux questions.
Il faut analyser et non raconter le livre.
Attention à la correction de la langue et à ne pas confondre les personnages.
 

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