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Annales gratuites Bac L : Aveux et confidences

Le sujet  2001 - Bac L - Littérature - Question Imprimer le sujet
LE SUJET

Quels rôles jouent, selon vous, les différentes formes d'aveu et de confidence que l'on rencontre dans Le Joueur d'échecs ?

LE CORRIGÉ

I - LA FICHE SIGNALETIQUE

Sujet attendu qui porte sur l'ensemble de l'œuvre et qui réclamait une bonne maîtrise de la nouvelle.

II - LES REACTIONS A CHAUD DU PROFESSEUR

Une difficulté dans le libellé du sujet : l'expression "différentes formes d'aveu". Il est en effet difficile de trouver un "aveu" en tant que reconnaissance de culpabilité (même M. B. n'avoue rien à la Gestapo). C'est ici plutôt le fait de reconnaître certains faits plus ou moins pénibles à révéler.
Bien sûr on pouvait aussi parler des aveux que la Gestapo a essayé d'extorquer à M. B., bien que ce ne soit pas directement la question posée.

III - LES CONNAISSANCES REQUISES

Seule une bonne maîtrise de la nouvelle s'imposait.

IV - UN TRAITEMENT POSSIBLE DU SUJET

Le récit de Stefan Zweig se présente sous la forme traditionnelle du genre de la nouvelle allemande : des récits enchâssés dans un récit cadre. Or, ces récits relèvent de la confidence : celle d'un ami du narrateur d'abord, celle de M. B. ensuite qui, elle-même contient un certain nombre d'aveux, c'est-à-dire la reconnaissance par M. B. de certains faits pénibles à révéler.

La nouvelle de Stefan Zweig présente cette particularité d'avoir, du fait de ces paroles rapportées (celles de l'ami du narrateur, puis celles du personnage de M. B.), le rôle de la double communication au théâtre : le récit de la vie de Czentovic est analogue à la scène d'exposition classique : afin d'informer le spectateur (ici le lecteur) un ami raconte à un personnage qui ignore une situation, un certain nombre d'évènements.

De même M. B. reprendra cette double communication puisque le lecteur apprendra son histoire en même temps que le narrateur recueille sa confidence. Ces confidences ont donc un rôle dramatique (voire dramaturgique) certain : elles participent de la progression de l'action comme dans une pièce de théâtre classique ; il n'est d'ailleurs pas aberrant de voir dans la construction de la nouvelle une structure analogue à celle d'une structure dramatique.

Mais la confidence de M. B. contient, en outre, l'aveu de ses faiblesses : M. B. avoue par exemple au narrateur qu'il était sur le point de parler, de donner les noms que désirait lui extorquer la Gestapo, qu'il allait trahir ceux qui avaient placé leur confiance en lui. S'abandonner ainsi au narrateur permet à M.B. de se libérer. C'est une thérapie : M. B. se déleste ainsi d'un secret trop lourd à porter.

Mais les aveux ne sont pas forcément délibérés. On peut considérer que Czentovic, qui se présente comme une brute épaisse et insensible trahit involontairement ses émotions : son regard indifférent se fait scrutateur lorsqu'il soupçonne un adversaire digne de sa force, et d'ailleurs, il s'assied, trahissant ainsi une certaine déstabilisation. Cependant, rien de comparable, dans ses aveux involontaires, à ceux de M. B. : car l'aveu de sa faiblesse grandit la dimension humaine de M. B. Sa confession le rend plus fragile, plus proche du lecteur.
Car un des rôle de l'aveu, de la confidence est de révéler la valeur humaine du personnage. Les Nazis, Czentovic, Mac Connor n'ont que des certitudes, ils n'ont pas de doutes, ils sont sans faiblesse. Leurs valeurs (l'argent, l'intérêt, le pouvoir, la domination) en font des êtres plus ou moins inhumains. Avouer c'est reconnaître ses faiblesses, c'est s'analyser, se connaître soi-même.
Au-delà donc de la fonction narrative, et de la curiosité que ces confidences suscitent chez le lecteur de la nouvelle, il faut déceler le rôle éminemment symbolique de la confidence et de l'aveu de M. B. : elle est la preuve tangible de son humanité.

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