Annales gratuites Bac L : Bendico dans le Guépard

Quelle est l'importance du chien Bendicò dans le roman de Lampedusa, Le Guépard ? (8 points)

I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET

Bendicò dans Le Guépard

II - LES DIFFERENTS TYPES DE PLANS POSSIBLES

Par un plan dialectique :
1. Un personnage secondaire.
2. Un personnage déterminant.
3. Un personnage symbolique.

Par un plan analytique :
1. Portrait du chien. Dans quelles circonstances sa présence est-elle mise en valeur ?
2. Pourquoi est-il important, en particulier par rapport au Prince ?
3. De quelle manière le personnage symbolise-t-il l'évolution d'une classe sociale ?

III - LES PISTES DE REPONSES

Le plan choisi, et qui nous a semblé le plus simple, est de type analytique. Il consiste à partir du constat de la présence du chien à certains moments stratégiques du roman, puis à examiner le lien qui apparaît principalement entre ce personnage et le prince, enfin à étudier ce que l'évolution de l'animal entre l'incipit et l'excipit révèle.

PREMIERE PARTIE

Portrait du chien : c'est un Danois, d'origine nordique comme le prince, qui est grand, fort et manifeste bruyamment son affection, en particulier pour Tancredi, et sa joie.
Les apparitions de Bendicò ne sont pas très nombreuses mais importantes. En effet nous le trouvons dès l'incipit, lorsque le rosaire est achevé. Il accompagne aussi le prince dans sa promenade dans le jardin, dégrade et gêne parfois par ses manifestations bruyantes de joie, et réapparaît sous une autre forme : celle de sa dépouille empaillée dont on se débarrasse lors de la scène finale.

Transition :
Son importance est relative si l'on en juge par le nombre de ses apparitions, mais ce personnage prend toute sa valeur si on le rattache au personnage du prince.

DEUXIEME PARTIE

Ce qui lui donne tout son relief, c'est non seulement qu'il accompagne Don Fabrizio, mais qu'il est l'objet de ses réflexions ou de celles du narrateur. Il incarne ainsi une force vitale qui dérange, comme le montre la scène du jardin. Il peut gêner aussi lorsqu'il est en présence d'Angelica, mais dans chacune de ses apparitions, il manifeste une part d'instinct et de vérité. En effet, dans le jardin, il est lié à la dégradation, donc au thème de la destruction qui se manifeste jusque dans le parfum des roses, qui est aussi celui de la décomposition.

Il permet ainsi de souligner des éléments essentiels de la réflexion du prince. Même absent, il est l'objet des pensées du prince, lorsque celui-ci évoque Marianina, "Bendicò en jupon de soie" : c'est alors la soumission, la relation du maître et de son serviteur qui sont mises en valeur, ainsi que la force de désir à l'état brut, d'animalité qui est en lui.
Enfin, c'est une image de la sérénité, un être profondément rassurant parce qu'il est toujours à sa place : c'est pourquoi le prince fera l'analogie du chien avec les étoiles, qui symbolisent une permanence dans un monde effrayant par son perpétuel mouvement.

Transition :
Cependant, même s'il incarne la vie et une permanence rassurante, il est aussi le symbole d'une classe en déclin.

TROISIEME PARTIE

Par les deux formes qu'il prend successivement, un Bendicò débordant de vie et un animal empaillé poussiéreux, qui est mangé par les vers, le personnage accompagne le déclin de la famille Salina. Il accompagne essentiellement le prince, qui incarne la grandeur de la famille, puis dans la huitième partie, il est un des "souvenirs momifiés" de Concetta, qui est, par son statut de vieille fille et son attachement stérile à des reliques et des souvenirs, l'incarnation d'une classe dont la grandeur appartient au passé.

Bendicò est aussi un autre blason attaché à la famille, mais opposé au guépard : il est si lourd, si peu élégant qu'il ne peut incarner l'aristocratie, mais plutôt son déclin. Ainsi, la scène finale, qui montre sa chute évoque évidemment la décadence d'une classe sociale : sa forme recompose un instant celle du guépard, blason de la famille, mais il ne reste de lui qu'un tas de poussière vide, symbole de l'anéantissement total de cette famille.

Conclusion: il faut insister sur la valeur symbolique de ce personnage, qui revient comme un leitmotiv du début à la fin de l'œuvre.

IV - LES FAUSSES PISTES

 Attention ! Il ne fallait surtout pas surestimer l'importance du chien, notamment en en faisant un moteur de l'action, ni réduire sa portée à celle d'un simple ornement.