Annales gratuites Bac L : L'acte d'écrire pour M. B.

Il fallait s'appuyer plus particulièrement sur le récit enchâssé de M. B.

C'est un sujet sans surprise, qui reprend des études données en cours.

Une culture générale concernant "Les Humanités", les références littéraires de M.B.

Lorsque le narrateur, à la demande des autres joueurs, vient solliciter M. B. pour qu'il affronte Czentovic pour une partie d'échecs, il le trouve sur le pont en train de lire. C'est donc un acte essentiel pour M. B., qui ressent la privation de lecture comme une torture insupportable, comme le révèle son récit du vol du manuel d'échecs dans la salle d'attente de la Gestapo.

Lorsque M. B. évoque son enfermement, il déplore l'absence de distraction, et lors de la découverte du livre dans la poche de l'uniforme, il espère trouver "des pensées neuves qui (dit-il) me détourneraient de la mienne". Pour M. B., le livre apparaît donc au premier abord comme un "divertissement", au sens pascalien du terme : une lecture qui soit un dérivatif à ses angoisses et à ses souffrances. D'ailleurs sa réclusion renvoie fortement aux Pensées de Pascal sur la condition humaine.

Cependant, les espoirs que M. B. forme avant d'identifier le livre concernent des poètes, Goethe, Homère : lire c'est s'inscrire dans une tradition culturelle, remonter aux origines de l'humanité : Homère est le père des poètes, le fondateur de la culture occidentale. Quant à Goethe, derrière son nom se profile toute la philosophie des Lumières, les valeurs du XVIII^e siècle. Lire, pour M. B., c'est donc s'approprier ces valeurs, les incarner.

C'est aussi communiquer à travers le temps et l'espace. Etymologiquement, lire signifie cueillir, choisir. Le choix de M. B. se porte sur les écrivains qui sont des fondateurs et des novateurs de la pensée : apprendre par cœur les poètes comme il le dit dans sa confidence au narrateur, c'est devenir à la lettre un "érudit", quelqu'un qui est sorti de la "rudesse" de la barbarie. Celle des Nazis. Lire enrichit, contrairement au jeu d'échecs qui n'est, selon M. B. qu'une activité stérile, une pure activité intellectuelle sans fruit.

C'est pourquoi M. B. ne pouvait pas trouver Goethe ou Homère dans la poche de l'uniforme d'un Nazi : la lecture demande, et c'est ce qu'espère M. B., un effort intellectuel pour se nourrir de la pensée des écrivains. Lire est un acte porteur d'une des valeurs fondamentales de l'humanité: la sociabilité qui crée des liens entre les hommes. C'est ce qu'avait souligné Rabelais qui opposait l'imprimerie, art divin, à l'art diabolique de la guerre.

Finalement, pour M. B., lire c'est vivre. La privation de lecture vous contraint à végéter. L'homme ne réalise vraiment la part d'humanité qui est en lui que parce qu'il peut "suivre d'autres pensées".