Le sujet 2009 - Bac L - Littérature - Question |
Avis du professeur :
Le sujet porte sur la présentation du personnage de Mme de Merteuil. Le roman et le film en donnent-t-ils une image semblable, celle d'une femme hors du commun ? Le sujet est classique, car il amène à comparer les moyens propres à chaque art (roman et cinéma) pour caractériser un personnage. |
En quoi le roman
de Laclos, Les Liaisons dangereuses, et son adaptation
cinématographique présentent-ils Madame de Merteuil
comme une femme hors du commun ? (12 points)
I
- L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET
Sujet |
Contraintes |
En quoi le roman de Laclos et son adaptation cinématographique… |
►Il faudra confronter les deux œuvres, en étudiant les moyens qui leur sont propres. |
…présentent-ils Mme de Merteuil comme une femme hors du commun ? |
►Le sujet porte sur un des personnages essentiels, une femme que son destin et sa maîtrise des autres rendent exceptionnelle. |
II
- LES DIFFERENTS TYPES DE PLANS POSSIBLES
Par un plan
analytique :
1. une femme hors du commun par sa
maîtrise des autres,
2. un destin de femme
exceptionnel, qui rivalise avec les hommes,
3. le film
fait surtout d'elle une rouée, et nous y perdons la virtuosité
stylistique propre aux lettres.
III - LES PISTES DE REPONSES
Le plan choisi, et
qui nous a semblé le plus simple, est de type analytique, il
consiste à :
1. étudier la
virtuosité du personnage en tant que libertine,
2. mettre
en valeur la force de ce destin de femme,
3. revenir
sur la différence entre les deux œuvres dans le
traitement du personnage.
PREMIERE PARTIE
Mme de Merteuil est
dès la lettre 2 au centre de l'action : c'est elle qui
annonce le premier projet libertin, séduire Cécile
Volanges, en tentant de convaincre Valmont de se joindre à
elle : le projet de vengeance, à son initiative, va la
placer au centre de tout le dispositif de séduction qui
entraînera la perte de Cécile, Danceny et Valmont.
De
même, bien qu'elle n'y joue pas un rôle central, son
influence sur la relation entre Valmont et Mme de Tourvel sera
décisive. C'est elle qui réclamera la mise à
mort de la Présidente, poussant Valmont à renoncer à
l'amour qu'il découvre.
Enfin, le personnage agit sur tous
les autres, même ceux qui restent en dehors du libertinage,
comme Mme de Volanges, qui sera manipulée parce que la
marquise a su jouer auprès d'elle ce rôle de femme
vertueuse. Nous voyons très bien ce rôle ambigu dans le
film de Frears, par les plans rapprochés sur le visage de la
marquise, souriant de manière ironique face à
l'attitude de mère protectrice de Mme de Volanges.
DEUXIEME PARTIE
Le personnage est
aussi remarquable par le destin de femme qu'elle expose dans la
lettre 81 : celle-ci se retrouve, de manière incomplète,
dans le film, mais Frears n'en a retenu que quelques aspects,
appuyant l'idée d'introspection par un zoom avant sur le
visage de la marquise livrant ses pensées à Valmont.
Elle affirme s'être créée elle-même,
s'être travaillée, de telle manière qu'elle
échappe à la condition ordinaire des femmes, qui est
d'après elle d'être victime des hommes. Se construisant
un rôle social, maîtrisant totalement son visage et ses
sensations, elle échappe du même coup aux sentiments et
à la sensibilité qui perdront Cécile et la
Présidente. Elle n'hésite pas à détruire
ces femmes assujetties à une morale et à leur naïveté.
TROISIEME PARTIE
Certes, le film rend
bien compte de l'hypocrisie nécessaire à Mme de
Merteuil pour assumer son statut de libertine, en montrant la
préparation de son rôle social lors du générique,
ou la perte de son statut lors de la scène finale du
démaquillage.
Cependant, tout l'esprit et la dérision
qui lui sont propres, cette manière si particulière de
s'amuser, en écrivant à Valmont, avec les codes de
l'amour courtois, toute cette dimension proprement littéraire
et stylistique disparaît au profit des dialogues montrant les
face à face entre les deux protagonistes.
CONCLUSION
Un personnage hors
du commun par son libertinage et sa maîtrise intellectuelle,
mais aussi une femme au destin hors du commun.
IV - LES FAUSSES PISTES
La principale erreur était de ne s’appuyer que sur le
film ou sur le roman.
Il était dangereux de ne pas citer la
lettre 81.