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Annales gratuites Bac L : Pascal question 2

Le sujet  2010 - Bac L - Littérature - Question Imprimer le sujet
Avis du professeur :
Le sujet propose une citation à confronter à votre expérience de lecteur averti. Ce propos critique concerne pour l'essentiel l'exploration de la condition humaine et de sa complexité, mais aussi l'hermétisme du texte.

Le sujet est très beau, mais difficile parce qu'il met en jeu une bonne analyse de la citation, mais aussi une réelle capacité à déployer les éléments textuels et contextuels associés.
LE SUJET

Un critique affirme que la lecture des Pensées s’apparente à « une extraordinaire plongée dans les ténèbres ». Vous commenterez ce jugement en vous fondant sur votre lecture des liasses figurant au programme.

LE CORRIGÉ

I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET

Sujet

Contraintes

Un critique affirme que la lecture des Pensées s'apparente à une « extraordinaire plongée dans les ténèbres ».

  • La citation mérite une analyse précise : « extraordinaire » signale le caractère unique de l'œuvre ; « plongée » signale une immersion totale et anticipe sur les « ténèbres », obscurité profonde, opposées à la lumière (de Dieu notamment, mais aussi de la connaissance).

Vous commenterez ce jugement en vous fondant sur votre lecture des liasses au programme.

  • Il s'agit de commenter. L'expression peut appeler cependant une contradiction et faire l’objet d’un débat : Pascal ne propose pas un texte sombre puisqu'il y a de toute façon la lumière divine pour nous éclairer.



II - LES DIFFERENTS TYPES DE PLANS POSSIBLE

Un des plans possibles consistait à jouer sur les différents sens du mot « ténèbres » dans les Pensées :

Les ténèbres du péché originel.

1)Les ténèbres comme métaphore de la condition humaine sans Dieu.

2)Les ténèbres comme lieu de passage pour accéder à la lumière de Dieu.



III - LES PISTES DE REPONSES

PREMIERE PARTIE



Pascal ne cesse de nous rappeler que, par nature, nous sommes des êtres misérables. Si nous ne « possédons que le mensonge », c'est parce que nous avons été « dans un degré de perfection dont nous sommes malheureusement déchus. » Telle est la « contrariété » de l'homme, essentielle au cœur de la démonstration de Pascal : ange et bête, grand et misérable. Cette déchéance, c'est évidemment celle du péché originel.

L'homme n'est donc qu'une « chimère », un « imbécile ver de terre », « un cloaque d'incertitude et d'erreur », « gloire et rebut de l'univers ». Et nous sommes donc plongés dans une double obscurité : celle de notre nature originelle et celle de notre nature seconde, celle qu'a forgée en nous la société des hommes et qui nous a définitivement orientés sur la voie de l'erreur.

Transition

Pascal nous entraîne plus loin encore dans cette "plongée" au cœur des ténèbres…



DEUXIEME PARTIE

Il y a une formule célèbre avec laquelle Pascal dépeint notre condition de mortels : celle d'une île déserte où nous nous réveillerions sans moyen d'évasion, ou encore « un recoin de l'univers » où nous serions « sans lumière », « et comme égaré ». Ces images ne sont pas dans nos liasses au programme, mais illustrent parfaitement ce terme de « ténèbres ». Certains titres des liasses au programme y renvoient indirectement : « misère », « ennui » notamment. De même, certains fragments : « Condition de l'homme. Inconstance, ennui, inquiétude ».

Ces termes contribuent à dresser un portrait de l'homme pessimiste, voire tragique. Là est sans doute l'un des premiers sens possibles à donner à cette « plongée dans les ténèbres » : une représentation tragique, angoissante même de notre condition. De fait, si nous sommes dans l'obscurité, c'est parce que la raison susceptible de nous éclairer est en fait une source inépuisable d'erreurs. Une large partie des fragments au programme contribue ainsi à la décrédibiliser.

N'oublions pas en effet que les Pensées, en leur temps, s'adresse d'abord à des libres esprits affranchis des préceptes religieux et se réclamant essentiellement d'une vision rationnelle du monde.

Le fragment 41, l'un des plus longuement développés des Pensées, montre comment la raison est dominée et contrôlée par l'imagination.

Ainsi l'exemple du « plus grand philosophe du monde », pris de vertige « sur une planche plus large qu'il ne faut », au-dessus d'un précipice, est éloquent : cet être de raison perd toute raison lorsqu'il imagine le pire, c'est-à-dire ici la chute mortelle. Il en est ridiculisé, et avec lui tous les lecteurs contemporains de Pascal.

Ailleurs, l'auteur discrédite encore les philosophes en montrant combien leurs débats sont impuissants à apporter des réponses claires aux interrogations de l'homme. C'est le cas du fragment 122. Dogmatiques et sceptiques sont renvoyés dos à dos non sans humour. Au final, « l'homme n'est qu'un sujet plein d'erreur ». Il est donc dans l'obscurité la plus totale.

Transition

Pascal nous plonge-t-il cependant définitivement dans les ténèbres ?

TROISIEME PARTIE

Limiter la lecture du texte à une « plongée dans les ténèbres », pour aussi extraordinaire qu'elle soit, c'est oublier le projet apologétique de Pascal. Les Pensées sont une œuvre de persuasion : elles entendent montrer aux lecteurs la voie de la lumière divine. Ainsi, cette rhétorique des ténèbres, ou encore de la peur, de l'intimidation n'a-t-elle qu'une seule et unique fonction : nous montrer que l'unique solution est la vérité divine.

Certains critiques ont parlé à ce sujet de la volonté de Pascal de nous émouvoir, de nous faire plier, courber, fléchir vers Dieu. Le plan global des Pensées est : « Misère de l'homme sans Dieu. Félicité de l'homme avec Dieu. » Mais notre partie au programme ne se consacre presque qu'à la misère et non à la félicité. Les Pensées ne sont donc pas tragiques…

Reste la question de l'obscurité du texte pour un lecteur d'aujourd'hui : souvent hermétique, rendu difficile d'accès par son caractère fragmentaire, inachevé, ou encore prônant la toute puissance de Dieu dans un monde qui n'y croit plus. C'est là, peut-être, qu'il convient de commenter le mot « extraordinaire » : le style de Pascal,

sa force persuasive sont en effet extraordinaires, puissants, efficaces, à la condition, évidemment, de dépasser cette obscurité du texte par une lecture attentive.

CONCLUSION

Belle formule que celle du critique parce qu'elle reprend le style pascalien. Mais formule en même temps assez conventionnelle et qui propose une vision partielle de l'œuvre.

IV - LES FAUSSES PISTES

L'obscurité du texte, évoquée en fin de troisième partie, ne devait pas constituer l'axe majeur du devoir.













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