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Annales gratuites Bac L : Pourquoi Jacques et son maître voyagent-t-ils ?

Le sujet  2007 - Bac L - Littérature - Question Imprimer le sujet
Avis du professeur :

Le sujet vous demande de réfléchir au thème central du voyage.
La question est facile, à condition de ne pas se limiter au voyage des deux protagonistes.

LE SUJET


(8 points)

Pourquoi, selon vous, Denis Diderot a-t-il choisi de faire voyager Jacques et son maître ?
Vous répondrez en vous appuyant sur votre lecture de Jacques le Fataliste et son maître de Denis Diderot.

LE CORRIGÉ


I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET

Sujet

Contraintes

● Pourquoi, selon vous, Diderot a-t-il choisi

Il s'agit d'expliquer les raisons qui ont présidé à certains choix de l'auteur. Cette explication prend appui sur votre lecture.

● De faire voyager Jacques et son maître ?

Le thème retenu est celui du voyage des deux protagonistes.

Caractéristiques générales du texte attendu :

Il s'agit de construire un bref essai dans lequel vous proposez une réponse synthétique à la question posée. Cette réflexion doit être un texte à visée argumentative, fondée sur l'analyse de procédés d'écriture, sur des connaissances, et surtout sur des références au texte au programme.

 

II - LES DIFFERENTS PLANS POSSIBLES

1. Diderot choisit un thème romanesque...
2. Pour en renouveler les codes...
3. Et faire davantage voyager son lecteur que ses héros.

1. Pourquoi Diderot choisit-il le thème du voyage ?
2. Quels effets cela a-t-il pour le lecteur ?
3. En quoi cela fonde-t-il l'originalité de l'œuvre ?

1. Le voyage des deux protagonistes : un motif picaresque.
2. Voyager pour explorer la diversité du monde.
3. Faire voyager le lecteur pour le faire réfléchir.

 

III - LES PISTES DE REPONSES

Le plan choisi, et qui nous a semblé le plus simple, consiste à considérer plusieurs raisons dans le choix du voyage liées aux différents niveaux de lecture de l'œuvre.

1. Un couple picaresque.
2. Un moyen d'explorer la réalité.
3. Qu'allons-nous faire dans cette galère ?

PREMIeRE PARTIE

Diderot est héritier d'une tradition romanesque dans laquelle le voyage est un motif récurrent. Ainsi, Jacques et son maître rappellent Don Quichotte et Sancho Pança ou les figures des romans picaresques espagnols. Il n'est pas étonnant dès lors que le récit s'ouvre sur l'image des deux compères à cheval.

Plusieurs épisodes constituent des moments initiatiques qui permettent de vérifier par exemple la conception que chacun se fait du monde : chute du maître, vol du cheval, galopades inquiétantes vers les fourches caudines... Autant de moments qui conduisent les personnages à réfléchir.

Le lecteur découvre progressivement que le voyage a bien un but : rendre visite au fils naturel du maître. Mais qu'il est aussi pour Jacques et son compagnon l'occasion de découvrir leur histoire mutuelle (récit des amours de Jacques puis de celles du maître) et de mettre à l'épreuve les liens qui les unissent : le ton de confidences qui ouvre l'oeuvre est battu en brèche par l'altercation qui survient à l'auberge du Grand Cerf "Tu descendras ! - Non je ne descendrai pas" puis le maître prend grand soin de Jacques malade... Le voyage permet donc à chacun d'aller à la rencontre de l'autre. Une telle connivence, peu compatible avec les liens sociaux qui régissent le couple maître-valet au XVIIIème siècle est rendue possible par le voyage : loin du monde, les deux hommes peuvent dialoguer d'égal à égal.

Transition

Le voyage permet à Diderot de renouveler le couple maître-valet. Il est aussi le moyen de brosser un large panorama de la société.

DEUXIeME PARTIE

Les deux voyageurs ne cessent de faire des rencontres du fait qu'ils se déplacent. Diderot peut ainsi s'attacher à la peinture de tous les milieux puisque chaque rencontre est prétexte à histoires rapportées. Le clergé, la noblesse, le Tiers-État, pas une strate de la population 'est oubliée. De même, chaque récit s'attache à  une question d'actualité (la condition des femmes, les méfaits de la guerre, les vices des homes d'Eglise...), décline un registre. Pour unir toutes ces facettes, Diderot fait traverser au personnage des espaces divers, et les mène vers des lieux constamment traversés : la longue escale à l'auberge, peuplée de gens de toutes sortes est l'occasion de voyager par les récits que font les résidents.

Transition

Diderot ne fait pas seulement voyager ses personnages dans l'espace. Il considère la parole comme un mode privilégié de déplacement de la pensée. C'est pourquoi toute l'oeuvre fait constamment voyager le lecteur.

TROISIeME PARTIE

Si Diderot reprend dès l'incipit un schéma narratif familier pour le lecteur du XVIIIème siècle, il joue avec ce motif. Le "Où allaient-ils ? Est-ce que l'on sait où l'on va ?" peut s'appliquer très vite au lecteur. Si ouvrir un livre, c'est plonger dans un mode qui défile sous les yeux du lecteur, ouvrir Jacques le fataliste c'est entrer dans un labyrinthe.

Tout concourt à faire voyager le lecteur sur un troisième cheval qui suit discrètement ceux des protagonistes : nous assistons en léger différé à chaque action d'autant que le narrateur ne cesse de nous interpeller.

Ce dernier nous extrait en permanence du cadre initial pour nous projeter dans celui de récits parallèles : la geôle de Gousse, Pondichéry, Paris... Le lecteur ne cesse de passer d'un lieu à un autre, d'une histoire à une autre.

Là encore le voyage est initiatique : Diderot empêche son lecteur de s'installer dans le confort rassurant d'une narration conventionnelle. Les constantes interruptions et digressions sont autant de changement de direction. Au terme du voyage par la lecture, aucun point d'arrivée fixe. Ainsi l'oeuvre illustre par sa construction hasardeuse les questions philosophiques qu'elle agite.

Conclusion

Loin d'être un simple thème à la mode, le voyage permet à Diderot de promener son lecteur dans la société du XVIIIème siècle. L'emboîtement permanent des récits peint la diversité du monde et témoigne de la difficulté d'en rendre compte. Surtout, l'œuvre pousse le lecteur à considérer que la lecture constitue un voyage immobile des plus formateurs.

 

IV - LES FAUSSES PISTES

Il ne fallait surtout pas :
Résumer le voyage des deux protagonistes ;
Se limiter à la dimension narrative ;
Oublier de faire référence précisément au texte.

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