Mara Goyet, professeure d’histoire-géo au collège, auteure de Jules Ferry et l’enfant sauvage (2014)
« Avant de critiquer le brevet, sa facilité, son côté "pochette surprise", il faut tout d’abord penser à ceux qui ne l’obtiennent pas et à ceux qui sont contents de l’obtenir. Par égard pour eux, cessons de dire que le brevet est "donné". Ce n’est pas vrai. Le taux d’échec n’est pas si bas si l’on voit les choses sous cet angle. Il est donc un moyen, quand même, de vérifier combien d’élèves en fin de collège sont, malgré toutes les consignes de correction et la facilité (relative, c’est très variable) des sujets, perdus. Cela me semble un bon indicateur dont on doit tenir compte dans un établissement.
« Le brevet a un rôle symbolique voire initiatique à jouer »
Tout le monde, par ailleurs, sait qu’en troisième on prépare à la fois les élèves au brevet et à la seconde. Je ne pense pas que le brevet soit l’incarnation d’une ambition ni d’un projet. Il est avant tout une étape, un rituel de passage, une sorte de pré-bac et en cela il me semble avoir un rôle symbolique voire initiatique à jouer. Puis il donne quand même un certain sens aux quatre ans de collège, ce qui n’est pas rien. Il clôt l’unicité de l’enseignement. Il marque donc un moment fort. Sans doute n’est-il pas en réalité d’une nécessité absolue, c’est un euphémisme mais je crois qu’il joue quand même un rôle important dans l’esprit des élèves ainsi que dans celui…des profs. Et des parents ! »
Pour aller plus loin :
- le blog de Mara Goyet : Alchimie du collège, chronique d’une utopie chaotique
- Jules Ferry et l’enfant sauvage : Sauver le collège (éditions Flammarion, 2014)
- Collège brutal (éditions Flammarion, 2012)
- Tombeau pour le collège (Editions Flammarion, 2008)
- Collèges de France (Editions Folio, 2004)