« Il est primordial de bien communiquer avec son enfant »
Pour Caroline Saliou, présidente de l’Association de parents d’élèves de l’enseignement libre (Apel), discuter avec son enfant est une évidence. « Il faut lui expliquer pourquoi il va de la petite école au collège, pourquoi il change d’établissement, ce qui l’attend, voir avec lui ce qui peut l’impressionner dans ce nouvel environnement, et bien sûr lui demander de vous accompagner pour visiter les lieux ».
Le conseil est d’autant plus important lorsque l’enfant fait son entrée en sixième. « La marche entre le primaire et le collège est extrêmement difficile à franchir. Pour les enfants, cela peut être traumatisant. Les plus grosses ruptures se jouent cette année-là ». Même recommandation lorsque l’enfant part pour la première fois dans un internat. « Cela se prépare. On ne balance pas comme ça un enfant en pension en lui disant : je n’ai pas le temps de m’occuper de toi, donc tu y vas ! ».
Mais qu’en pensent les collégiens ? Selon un sondage CSA/Okapi réalisé en 2011 auprès de 510 collégiens âgés de 10 à 15 ans, 79% d’entre eux se disent « contents » de se rendre au collège chaque jour. Ils étaient 62% en… 1998 ! L’enthousiasme baisse cependant avec les années : les sixièmes (94%) sont plus heureux que les cinquièmes (80%), les quatrièmes (71%) et les troisièmes (72%). « Les élèves que nous rencontrons ne remettent pas en cause le choix de l’établissement, soulignent Karine Nzambisa et Audrey Chinon, toutes deux conseillères d’orientation-psychologues dans des CIO de l’académie de Versailles. Ils sont scolarisés dans un collège proche de leur lieu d’habitation. On leur a dit d’aller là, ils y vont. Par contre, certains sont affectés dans des établissements qui ne leur proposent pas des options dans lesquelles ils peuvent s’épanouir. C’est parfois dommage pour eux ».
En tout cas, les arguments des adultes dans le choix d’un collège semblent bien éloignés de ceux des enfants. « La réputation de l’établissement, le niveau et l’exigence scolaires ne sont pas des critères qui intéressent vraiment l’enfant, indique Valérie Marty, présidente de la Fédération des Parents d’Elèves de l’Enseignement Public (PEEP). Ce qui compte pour lui, c’est de se retrouver avec ses camarades ».
Jamais sans mes copains ou copines !
C’est souvent le cri du coeur d’un enfant appelé à intégrer un nouvel établissement ou à en changer. Se retrouver entouré de son cercle d’amis sécurise le jeune collégien. « Dès que j’ai su dans quel collège j’étais inscrit, j’ai aussitôt appelé mes copains les uns après les autres pour savoir si on allait bien se retrouver ensemble, raconte Léo, aujourd’hui en classe de sixième. C’était le cas pour la plupart d’entre eux. On était vraiment super contents ! ».
Un soulagement même pour les parents. « Quand Maxime m’a dit que son ami Joseph se retrouverait avec lui dans le même collège, je me suis senti soulagé, avoue Marc. C’était un changement pour tous les deux, un nouveau collège, un bus scolaire à prendre matin et soir… De les savoir ensemble m’a vraiment rassuré ». Autre situation gérée par Annie, mère de Léa en classe de sixième : « Beaucoup d’anciens camarades de CM2 de ma fille allaient dans le même collège de secteur, sauf sa meilleure copine. Je lui ai fait remarquer que même si elles étaient ensembles, cela ne voulait pas forcément dire qu’elles allaient se retrouver toutes les deux dans la même classe. Cet argument l’a un peu consolée ».
Fanny, élève de cinquième a eu moins de chance. Elle a « perdu » ses amies en entrant dans un collège privé situé à 300 kilomètres de chez elle. « La veille de la rentrée, j’ai pleuré dans mon lit. J’en ai voulu à mes parents de m’envoyer dans ce collège où je ne connaissais personne. En plus, il se trouve dans une zone différente, je ne peux même pas voir mes copines pendant les vacances. Il nous reste le week-end, mais ça fait court ».
Dans certains cas, la séparation avec les copains peut être bénéfique. Pascal, père de Julien aujourd’hui en classe de troisième, se rappelle : « Mon fils est plutôt du genre influençable. En sixième et cinquième, il trainait avec une petite bande dont l’un des membres a eu des démêlés avec la police. Ses résultats scolaires s’en sont ressentis. J’ai préféré le sortir de cet environnement en l’envoyant dans un collège privé pour qu’il soit mieux cadré ».
Jamais sans mon frère ou ma sœur !
Parfois le choix d’un collège ne se discute même pas. Un frère ou une sœur aînée ouvre la marche, le benjamin lui emboîte le pas et la fratrie se retrouve dans la même cour d’école. Les raisons invoquées sont souvent d’ordre pratique. Pas facile de slalomer entre deux établissements pour déposer ou chercher ses enfants lorsqu’on travaille. « Mon ainé a fait sa scolarité dans un collège public et c’était plus commode ensuite de mettre ses deux frères dans le même établissement qui disposait aussi d’un lycée, raconte Anaïs, mère de trois garçons. Je les levais tous en même temps, on déjeunait, je les déposais devant l’école avant de partir travailler et mon mari les récupérait le soir. Pratique ! ».
Mais ces considérations matérielles sont-elles toujours opportunes ? Pas pour Françoise, représentante de parents d’élèves. « J’ai fait l’erreur pour deux de mes cinq filles de les mettre dans le collège de leur sœur pour des questions de simplicité de trajet. L’établissement était parfait mais s’est avéré trop gros pour elles. Le petit collège plus près de chez moi aurait mieux convenu à leur personnalité ». De là à penser qu’à chaque profil d’enfant correspond un collège… Camille, mère de quatre enfants, en est persuadée. « J’ai inscrit ma fille dans un collège privé très sélectif parce que son profil d’élève consciencieuse et travailleuse s’adapte bien à cette école. Mais il est certain que je n’aurais pas envoyé mes autres enfants dans ce même établissement ».