Est-ce son taux de réussite au brevet ? Le dynamisme de son projet pédagogique ? La fidélité des enseignants ? L’étendue des options proposées ? Le nombre d’élèves par classe ? La propreté des locaux ? La sécurité ? Les menus de la cantine ?
Et une fois établie la liste des critères, a-t-on véritablement le choix ? Pas vraiment dans l’enseignement public. En règle générale, l’enfant est inscrit dans un collège proche de son domicile. Un changement d’établissement est toujours possible mais les dérogations sous soumises à des conditions très strictes.
Dans l’enseignement privé, le choix est plus ouvert, mais à quel « prix » ? Même si comme dans le public, des aides scolaires sont possibles.
Les questions sont donc nombreuses et le casse-tête parental bien légitime.
Qu’est-ce qu’un bon collège : les résultats de notre enquête
Pour aider les parents dans leur prise de décision et cerner la notion de « bon » collège, nous avons réuni l’avis de plusieurs professionnels : chefs d’établissements publics et privés, parents d’élèves et présidents d’associations mais aussi jeunes collégiens.
Leurs témoignages et leurs conseils nous ont permis de dégager quelques grands critères de qualité que nous vous livrons ici sans ordre hiérarchique.
Il ressort ainsi de notre enquête que le "bon" collège est celui qui permet à l’enfant de :
- réussir sa scolarité
Un collège qui affiche un taux de réussite au brevet et un taux de mention élevés conforte les parents dans l’idée qu’il est meilleur qu’un autre. Des résultats élevés les rassurent sur l’efficacité pédagogique. Pourtant, certains établissements disent y porter peu d’attention. Ils se montrent plus attachés au taux de passage en seconde générale et technologique. Selon eux, si le nombre de redoublement d’élèves de troisième est trop grand, c’est mauvais signe.
- progresser
Un collège qui encourage l’enfant, qui tisse avec lui une relation personnalisée, est attentif à ses progrès, à son sens de l’effort, remporte souvent l’adhésion des parents. Selon eux, ces valeurs ne semblent pas exister au sein d’un établissement à la stratégie élitiste affirmée, à l’exigence scolaire trop élevée, encore moins dans un « collège-usine » jugé impersonnel. Un établissement à taille humaine, plus familial, avec un accompagnement motivant et bienveillant semble idéal pour l’enfant.
- se socialiser
Un collège, lieu d’apprentissage et d’acquisition de nouvelles connaissances, doit aussi être un centre d’épanouissement pour l’enfant. Certains parents y sont particulièrement attentifs. Nombreux sont les établissements qui mettent en place des activités (culturelles, sociales, humanitaires, religieuses…) pour favoriser le « vivre-ensemble », l’ouverture d’esprit, la responsabilisation, la confiance en soi. Mais pour les enfants, cette socialisation passe d’abord par leurs camarades. Pour eux, peu importe le collège, du moment qu’ils sont avec leurs copains.
- être rassuré
Le dialogue entre les parents, la direction du collège, les enseignants et les équipes pédagogiques, et l’envie de travailler ensemble contribuent à la bonne entente générale. Plus les parents sont informés des pratiques d’un établissement, plus grande est leur confiance en l’institution et plus la convergence de points de vue entre adultes rassure l’enfant. Une confiance partagée rejaillit sur sa scolarité, affirment les chefs d’établissement.
- se sentir compris
Un enfant en difficulté, en échec scolaire, non-francophone, avec des troubles du langage, physiquement handicapé ou intellectuellement précoce, peut facilement décrocher si on ne tient pas compte de sa « différence ». Certains collèges personnalisent leur enseignement et leur approche pédagogique et se spécialisent dans les accompagnements spécifiques. L’enfant se sentant compris et accepté retrouve confiance et estime de lui-même.
Autre critère de choix : la praticité
Notre enquête montre aussi qu’au-delà de l’enfant, d’autres facteurs - plus pratiques - peuvent entrer en ligne de compte dans le choix d’un collège : la proximité entre l’établissement et la maison « pour éviter la fatigue », une sœur ou un frère déjà scolarisé dans un collège « pour éviter les trajets », un enfant malade qui bénéficie de soins à côté de l’école… Et si ce collège ne se situe pas dans le quartier le plus proche, certains parents sont prêts à demander une dérogation.
A chaque enfant son collège ?
En résumé, notre enquête prouve qu’il n’y a pas un mais plusieurs facteurs qui définissent un « bon » collège et que le meilleur établissement est encore celui dont la pédagogie s’adapte à la personnalité de l’enfant. Certains parents estiment d’ailleurs que si tel établissement correspond parfaitement au tempérament de leur aîné, il ne l’est pas forcément pour leur cadet.
« S’occuper de la personnalité des collégiens devrait primer sur leur réussite scolaire »
Le point de vue de Nicole Catheline, pédo-psychiatre, spécialiste de la scolarité
« Ce qui est important c’est de permettre aux enfants de développer leur appareil à penser. Le collège est le lieu idéal pour cela. Il concentre des enseignants au fonctionnement différent, des matières distinctes, une hétérogénéité d’élèves en croissance et en maturité. Tout est réuni pour les faire discuter, pour confronter les points de vue, mettre les choses en perspective, leur apprendre à penser, à construire leur personnalité. Or on constate qu’on « gave » les enfants de connaissances, on les note sur l’acquisition des compétences, on les pousse pour qu’ils obtiennent le meilleur dossier pour aller ensuite dans les lycées les plus prestigieux. Pourquoi ne pas utiliser les matières enseignées pendant ces quatre années de collège comme des objets de médiation et non comme des finalités, avec l’objectif d’aider les enfants à mûrir ? Les parents peuvent aussi y contribuer de leur côté, en discutant avec eux, en insistant pour qu’ils argumentent leur opinion, pour qu’ils justifient leurs pensées, leurs envies. Cela permet aux enfants de se positionner, de développer leur sens critique, bref de grandir ».
D’autres indicateurs chiffrés ou non peuvent être pris en compte dans l’appréciation d’un collège. Par exemple : l’environnement économique, éducatif et social de chaque établissement ou encore le taux de mention au brevet, un indicateur plus discriminant et donc plus qualitatif que le taux de réussite.