L'écologie, pourquoi ?

. Qu entend-on par là ? . Comment en est-on arrivé là ? Quelles sont les causes de cette crise ? . Comment réagir ?
France examen vous ouvre la porte
de la Salle des Profs.

Julie, professeur de Philosophie,
vous invite à réfléchir sur les enjeux de la crise écologique qui s'annonce.

recyclablePollutions de l'eau, de l'air, des sols, déforestations, pluies acides, surexploitation des ressources naturelles, multiplications des déchets, destructions de la biodiversité, de la couche d'ozone, effet de serre, autant de faits qui sont non seulement la manifestation d'un essor technologique et scientifique inédit, mais qui signalent aussi une crise majeure, une crise écologique.

Qu entend-on par là ?

Le terme d'écologie, forgé en 1866 par E. Haeckel (un théoricien de l'évolution), provient du grec "oikos" (demeure) et "logos" (science), concerne les relations entre les êtres vivants et le milieu où ils vivent. Une crise désigne un moment décisif où un ordre vacille et menace de se retourner. La crise écologique signale donc un déséquilibre des rapports de l'homme à la nature, un moment où les solutions techniques inventées par l'humanité pour son adaptation se retournent pour partie contre elle, au point de ne plus pouvoir apparaître comme des progrès.

Des Grecs jusqu à la révolution industrielle, les artifices de la technique artisanale ne prêtaient guère à conséquence. Le contexte actuel impose, en revanche, une réflexion sur l'impact de nos activités sur la nature, sur les risques que lui font courir une exploitation trop intensive de ses ressources ainsi qu'une industrialisation massive. Cette crise doit donc être l'occasion d'une interrogation sur le rapport de l'homme à la nature et à lui-même.

Comment en est-on arrivé là ? Quelles sont les causes de cette crise ?

Alors que les autres espèces sont immédiatement adaptées à leur milieu de vie, la nature a fait de l'homme un animal à part, un animal "raisonnable". Celui-ci doit inventer, au moyen de sa raison, sous formes de cultures diverses et d'artifices techniques, les solutions nécessaires à son adaptation. Parce qu'elle permet un progrès infini, la raison confère à l'homme un avantage évident, qu'il a pu interpréter comme la marque d'une supériorité lui donnant le droit d'user de la nature selon son bon vouloir, de la considérer comme un ensemble de moyens dont il pouvait profiter sans retenue.

Comment réagir ?

La crise écologique résulte donc d'abord de cet oubli de la nature. Elle révèle la fragilité de celle-ci. Considérée longtemps comme un cadre de vie ou un réservoir de ressources, la nature n'est pas un puits sans fond dans lequel on pourrait puiser sans limite ; elle possède ses propres lois et ses propres normes. Cette crise nous invite aussi à repenser notre place au sein de la nature : l'humanité ne peut espérer se perpétuer durablement, qu'à se soucier de son appartenance à l'ensemble de la communauté des vivants.

La crise écologique est ainsi l'occasion d'une prise de conscience de la responsabilité humaine envers la nature. Si l'écologie n'exige pas de renoncer aux avantages de la vie moderne, elle invite à d'autres choix technologiques.
Il ne s'agit donc pas de préserver un équilibre originel, ni de retrouver un équilibre primitif. La nature n'est elle-même qu'un processus de perpétuelles transformations : il nous faut avoir le souci de préserver la vitalité intrinsèque de la biosphère* de façon qu'elle puisse réinventer perpétuellement de nouveaux équilibres.
Il en va du sort des générations futures.

* biosphère : portion du globe terrestre hébergeant l'ensemble des êtres vivants et dans laquelle la vie est possible.

Julie Desprès, professeur de Philosophie, février 2008.